Jeter ses lames

[Laurent MB]

Bonjour

Je vois souvent ici l'attachement que certains ont avec leur lames. Pour certains, garder les lames semble être juste un moyen pratique de se faire mal n'importe où; pour d'autres, garder ses lames près de soi, sans les utiliser, aide (pour une raison que je m'explique mal). Finalement, parfois, certains les jetent, parfois pour toujours, parfois pour racheter les memes, parfois pour racheter des pires.

J'ouvre ce post pour que vous parliez de vos expériences sur ce sujet, si vous avez déjà jeté vos lames (au moins temporairement) et ce que ça vous a fait sur le long terme.
(pour ceux qui gardent leur lames sur eux à temps plein pour se rassurer, vous pouvez répondre également, savoir pourquoi on garde quelque chose permet souvent de savoir comment on pourrait un jour s'en passer)


NB: Remplacer "lames" par le terme adéquat suivant votre AM.

[Lious]

Je garde mes lames. Toutes ! Que ce soit celles que j'utiliserai plus jamais (soit inutilisables, soit juste ce moyen là me débecte), ou bien celles qui me tentent encore parfois.

Je les gardais toujours sur moi. Je les ai enlevées car comme on me traîne parfois au musée, bah parfois y'a des contrôles de lames pis va expliquer pourquoi t'as tout ça sur toi quoi. Donc je les ai enlevées...
Je me suis sentie toute nue.


Parfois, quand j'ai envie d'AM, il suffit que je sorte la lame. Je la regarde, je la tourne, je la pose contre la peau. Et ça suffit. Pas toujours, évidemment. Mais comme je résiste de mieux en mieux à la pression de mes hallus, ça suffit. Parfois (mais c'est rare), le simple fait d'imaginer l'acte me suffit ! Un grand progrès j'vous dis.

Mais j'suis HS....
Quoique.

Ces progrès m'ont permis de mieux accepter de ne plus avoir mes lames sur moi.


Puis j'ai rechuté, alors j'ai recommencé à avoir une lame sur moi, bien cachée. Je l'ai utilisée... bah pas si souvent que ça en fait.

L'avoir sur moi est déjà rassurant. Je sais qu'en cas de crise, je suis parée. Alors .. je suis plus confiante. Comme si je sautais dans le vide avec un élastique (le vide = la vie, l'élastique = les lames). Si le saut fait un mètre, pas besoin de l'élastique ! Et je me suis ainsi rendue compte que le saut fait bien plus souvent un mètre que cent.


Bref. Tout ça pour dire que maintenant.... je ne garde plus mes lames sur moi. Je les ai toujours dans ma chambre à portée de main.
Je doute de les jeter un jour sincèrement. Ce serait un trop gros "risque". Disons que j'ai des lames particulières, "faites" pour blesser suffisamment peu. Disons que même si je mets de la force, je risque pas grand chose. Avantage indéniable.
Sauf que si je jette, même si je rachète les mêmes elles seraient trente mille fois plus dangereuses.

C'est sur cette pensée que je les garde.....

[Ysilne]

Ma mère m'avait fait jeter mes lames quand elle avait appris.
J'en ai repris quelques mois apres.
Je les ai jeté de moi-meme quand j'ai vraiment décidé d'arreter et que j'allais mieux. Je n'en ai jamais repris.
Par contre avant ca, je les gardais toujours sur moi. Ca me rassurait. je savais que si je perdais pied, je pouvais toujours me calmer avec ca.

**leger ATT AM**
Par contre : Remplacer "lames" par le terme adéquat suivant votre AM.
Je n'ai jamais pu jeter mes poings, les murs, et tous les objets solides qui passent à ma porté. Mais j'ai arreté quand meme. ^^

**leger ATT SU**
Jeter tous les medicaments que je gardais pour un eventuel suicide a été pour moi beaucoup plus symbolique et marquant que de jeter mes lames. J'avais tout regroupé dans un sac, et j'ai amené ca à la pharmacie, au cas où ils recyclent. La pharmacienne avait l'ai surpris, ca doit pas etre frequent. Je suis partie avant qu'elle voit le nombre d'antidepresseurs, anxiolytiques, neuroleptiques, antipsychotiques, thymoregulateurs et autres que j'avais accumulé pendant ces années.

[Lious]

Léger ATT SU (comme Ysilne )

Je me suis souvent dit que je pouvais remettre les médocs à la pharmacie.. Je pourrais le faire pour certains médocs. Peut-être même tous .. ? Enfin, je garde toujours quelques trucs au cas où je crise, mais pas besoin de tout ce que j'ai. Bref. Tu m'y fais repenser Ysilne, je vais y songer. Ca m'éviterait la tentation, surtout que j'ai vraiment envie d'arrêter. Et les médocs, je considère pas ça comme un "élastique" comme l'AM, mais vraiment comme un truc à utiliser ... :/
Je vais y songer, ouais. Merci.

[SR-o]

J'ai toujours des lames avec moi souvent une dizaine, j'en ai jeté pas mal, j'en ai donné à mon ange un temps passé, je les changes souvent.
Généralement une lame ne me servait qu'une ou deux fois au plus (question risque d'infection et lame qui s'abime vu que je les chauffais à blanc). Mais vu que je les achètes pour le labo, j'ai vraiment le choix des armes.
J'ai aussi toujours un briquet sur moi (mais je ne fume pas), 2 poings américains dont un à pointes, un couteau suisse et une pince multi-fonctions. Je ne sais pas pourquoi mais je me déplace généralement avec pas mal de choses pour me défendre contre les autres ou me faire mal, malheureusement c'est contre moi même que je devrais pouvoir me défendre.

ATT SU
Je me suis aussi baladé avec des balles à blanc ainsi que des vrais balles, mais j'ai vite arrêté, n'ayant pas l'arme pour me tirer une balle dans tête, j'ai préféré les jeter plutôt que d'être trop tenté.

[olp]

Je l'ai déjà fait plusieurs fois, avec plusieurs états d'esprit.
Trois fois, je dirais, on pourrait dire quatre mais ce n'était pas vraiment "jeter", la quatrième.

Il y a la fois ou mon école m'a convoquée, et ma mère, pour me dire que la prochaine fois qu'on apprenait que je m'étais coupée dans l'école, j'étais renvoyée. Autant dire que je doublais ma cinquième (votre première)(le système belge est compliqué, mais légalement tu n'as pas le droit de changer d'option entre 5 et 6, et vu qu'il est quasi impossible de retrouver me soptions, ben...), ce qui m'aurait probablement tuée. Ma mère m'a forcée à lui donner tout mon matériel, dans un petit sac. j'ai remarqué récemment que mes ciseaux (ah oui, tout, même le matériel scolaire) étaient devenus les ciseaux de cuisine, ça me fait toujours marrer.
Deux autres fois ou j'ai jeté mes lames, dans un élan de raison. comme si le faire allait m'empêcher de recommencer, en fait. alors que c'ets la démarche inverse que j'aurais du faire. J'en ai chaque fois racheté, les mêmes, simples et efficaces.

Puis il y a quelques jours, une dernière fois. En un geste symbolique, parce que je pense réellement avoir dit adieu à l'am, et réalisé que garder un contact avec ça, même occasionnel, était laisser trop d'emprise à ce truc.
Ca n'a que très peu un rôle protecteur. j'étudie la bio, c'ets bourré d'instruments de dissection chez moi, que je ne peux pas jeter. Mais le lien sentimental est coupé.

[sushi]

Je n'ai qu'une lame, que je n'ai pas jetée ("pas encore", peut-être).

C'est comme un objet sentimental ; je l'ai depuis toute petite (utilisé à la maison pour les travaux manuels). Avant de la retrouver, je me blessais avec les objets que j'avais sous la main mais qui ne me convenaient pas ; jusqu'au jour où mes parents ont fait plein de travaux dans leur maison, et en déballant mes affaires, qu'ils avaient emballées le temps des travaux, j'ai retrouvé cette lame. Ce jour-là, j'ai éprouvé une euphorie vraiment macabre ^^', j'étais folle de joie, je l'ai essayée aussitôt, et c'était absolument parfait. Exactement ce dont j'avais besoin.
C'est ma lame.
Je m'en étais acheté une autre, le même objet, même modèle et tout, mais ce n'était pas pareil. Je ne sais pas vraiment pourquoi, peut-être parce que ma lame est un objet déjà présent dans mon enfance et que ça apportait un côté chaleureux (oui, j'ose utiliser ce mot ) mais aussi particulièrement cynique. Ca me faisait marrer (et encore maintenant) de penser que je l'avais si souvent sous les yeux étant petite, et sans jamais imaginer son utilisation ultérieure.
Je ne sais pas s'il faut y chercher une interprétation tordue dans les liens que j'entretiens avec mon enfance.

Je ne sais pas si je serais capable de jeter cette lame. Elle est à la fois un filet de sécurité en cas de rechute (enfin, quand je dis "sécurité", façon de parler, évidemment ; disons que j'aurais à ce moment-là besoin de l'avoir sous la main) mais aussi un souvenir que j'affectionne, un peu comme mes cicatrices. A un moment, elle était vraiment la seule sur qui je comptais, et même si c'est malsain, même si j'ai tort, même si c'est vraiment crétin aussi, elle m'a aidée, et je ne peux pas la jeter comme un vulgaire objet dont je n'ai plus besoin.

Et tout ce loing pavé pour finir par là où j'ai commencé : je ne peux pas la jeter parce que c'est sentimental.

[Pandora]

J'ai jeté mes lames une seule et unique fois. Dans l'Isère, la rivière qui coule vers chez moi. J'en avais les larmes aux yeux. Je l'avais fait pour rassurer Romain, cela devait être en 2007, je crois. Et nous sortions de chez mon médecin traitant qui avait soigné mes plaies. Je me souviens, c'était sur la cuisse droite. J'ai toujours les cicatrices. J'en ai racheté. Romain l'ignore mais il ne les a pas toutes balancées. J'ai besoin de les avoir avec moi ! Au cas où... Tout comme je conserve des médicaments d'anciens traitements. Je me dis que je ne sais pas de quoi demain sera fait...

[Shades]

Au début de mon AM j'avais toujours la même lame, je la gardais précieusement dans une petite boîte. Et puis après quelques temps sans AM, quand j'ai eu besoin de ma lame je ne l'ai pas retrouvée, alors j'en ai pris une autre. Et quand un jour je suis tombée par hasard sur ma première lame je l'ai jetée.

Cela n'a pas tellement d'importance pour moi, je peux les jeter, j'en trouverai toujours d'autres si besoin. Je les jette souvent quand je vais un peu mieux en fait. Si je fais du rangement et que je tombe dessus, je m'en débarrasse. Mais c'est le comportement que j'ai avec n'importe quel autre objet en fait, quand ça me prend je me débarrasse d'un tas de choses, je jette même des souvenirs, au fur et à mesure que le temps avance, je me débarrasse du passé. J'ai toujours eu l'habitude de faire ça, et c'est pareil pour mes lames.

Donc je n'ai pas d'attachement particulier à mes lames. Mais en général, si je suis dans une mauvaise période, j'ai quand même besoin de les garder jusqu'à ce que je me sente un peu mieux, et je ne peux les jeter qu'après.

[krikri]

Se séparer de ses lames, c'est se séparer de quelque chose qui pourrait faire du bien en cas de besoin. C'est supprimer la bouteille d'alcool pour l'alcoolique.
Quant j'ai cru en avoir fini avec les AM, je les ai jetées...et j'ai été mal, comme en manque.
là, j'en ai à nouveau, ça me fait du bien et c'est rassurant de savoir qu'elles sont là au cas où...même si ça fait un bout de temps que je ne m'en suis pas servie.
De toutes façons si je sentais un gros besoin d'AM et n'avais pas de lame, j'utiliserais bien autre chose. On trouve toujours quelque chose quand le besoin est trop pressant.

[Yamael]

Je l'ai jetée qu'une fois et pas vraiment de plein gré. Pas le choix, je devais passer un sas de sécurité pour entrée dans les musées du Vatican. Comme je me voyais mal expliquer la présence de l'objet, je m'en suis débarrassée et ça m'a énormément contrariée. Je le suis toujours, d'ailleurs, parce que j'en ai jamais retrouvée une qui me "plaise" autant.
Bref, j'en ai eu d'autres par la suite, mais aucune à laquelle je me suis réellement attachée et que j'ai gardée pour ce seul usage exclusif. Donc les jeter, non, si je m'en débarrasse, je serais obligée d'en acheter d'autres pour les autres usages, donc non. Mais j'en ai déjà égarées deux ou trois, je m'en dégotte d'autre et basta.

Si je finissais par retrouver une lame qui me plaise réellement, l'optique changerait sans doute à nouveau. Pour l'instant, c'est comme ça.

[Eddy]

NB: Remplacer "lames" par le terme adéquat suivant votre AM.

En ce qui me concerne, je ne m'automutile pas avec des lames, mais avec 1 certain produit qui brule, dont je ne dirais pas le nom, pour ne pas donner de mauvaises idées à certaines personnes !


Si vous saviez combien de fois j'ai jeté ce produit pour ne plus recommencer... Mais comme au finale je sais que je recommence toujours, maintenant je ne le jete plus, je le garde pour l'utiliser premièrement pour son bon usage, et aussi pour me faire "du mal" (en sachant que bien que ça me fait de graves brulures au 3ème degré, je ne ressent aucune douleur ni en le faisant, ni après l'avoir fait, ni au moment de recevoir 1 greffe de peau) !

En plus, je me dis en moi même : "à quoi bon le jeter, puisque pour même pas 2€ je peux m'en racheter a intermaché qui se trouve à 200 mètres de chez moi" !

[Ysilne]

"A quoi bon le jeter" ?

Pour le symbole, pour marquer une décision, un choix fort.

J'ai jeté mes lames, et mes médicaments.
Bien sûr, je n'ai pas pu jeter ce qui me servait aux autres methodes, principalement les coups.
Et en cherchant un minute chez moi je trouverai évidemment de quoi me faire mal par toutes les methodes que j'ai pu utiliser par le passé.
Ca n'enlève rien au geste de jeter.

[Caramel]

J'ai jeté mes lames récemment (genre y a une semaine), donc bon, je suis dans le vif du sujet.

C'est un peu particulier : ma copine se coupait elle aussi, et en ce moment elle va super mal, et franchement la trouille qu'elle recommence. Parce que bon, sa dernière coupure était disons... assez loin d'être une égratignure, et que peur pour elle.

Après, avec le "petit" recul que j'ai... là en ce moment, ni elle ni moi n'allons bien (j'en parle d'ailleurs dans un post) et je pense que c'est une bonne chose que y ait pas ces petites choses sympathiques qui squattent la salle de bain... Parce que trop de risque de carnage, de "trop bien, détour à l'hosto pour sutures" vu la couche d'angoisse qu'on en tient l'une comme l'autre...

Après, je ne sais pas si un jour j'en rachèterais... C'est pas un plan "j'arrête l'AM à coup sur", là, c'est surtout une mesure d'urgence pour éviter que ca parte de trop en couille, parce que impression qu'il suffirait d'un rien à ce que ca arrive.

[zoc]

Je me sert d'un "objet multifonction" (je vois pas comment trouvé un synonyme sans le censuré ). donc, je le jette pas, et je l'ai toujours sur moi, 24/24, parceque ca me sert vraiment a tout.
Psychologiquement, c'est mal, j'ai toujours une excuse pour l'avoir sur moi, et chaque fois que je le vois, j'y pense.
Mais d'un autre coté, ca me sert aussi a ouvrir les bouteilles, les canettes, se couper les ongles, se limer les ongles, tournevis ...
Aucune chance pour que je m'en débarrasse.