Bonjour à tous.

[Eraser]

Hum... par où commencer, voilà fraichement débarquée sur votre forum, je ne savais pas dans quelle section postée pour me présenter.
Vous pouvez m'appelez Era, malgré que ce ne soit qu'un pseudo, je vous passe tout le tralalala...je veux pas qu'on me reconnaisse toussa toussa...
J'ai 26 ans et j'habite dans le sud de la France.
Mais la question première est : pourquoi je suis ici ? En fait je sais pas trop enfin oui et non.
Je suis paumée oui, je vois défilée ma vie sans pouvoir intervenir oui encore, je m'AM oui quelques fois, mais c'est surtout les envies suicidaires qui me hantent.
Se trouver inutile, invisible, sans âme, sans but.
Et pourtant j'ai une vie rêvée. Un compagnon fantastique qui ne connait pas du tout cette face cachée de ma "personnalité". Il connaît la fille joyeuse, pétillante, pleine de vie, blagueuse, heureuse. Je lui tais cette partie de moi car il ne pourrait pas comprendre POURQUOI je suis comme ça.
J'ai une famille au top, même si mon père est décédée quand j'étais enfant, je ne l'ai jamais ressenti comme un traumatisme, j'ai appris à vivre avec et il ne m'a jamais manqué à vrai dire.
J'ai acheté une maison il y a peu, nous gagnons bien notre vie, je suis plutôt pas moche lol, enfin rien qui laisse présager le fait que parfois j'ai envie de me foutre en l'air.
Alors du coup je culpabilise, je me dis que je suis qu'une sale conne égoïste, qui ne pense qu'à ses envies suicidaires alors qu'autour d'elle il y a bien pire. J'ai l'impression que je n'ai pas le droit d'être faible, alors je me montre toujours tellement forte que parfois je suis à bout de cette image de façade.
Personne n'est au courant de ce double moi, personne autour de moi ne pourrait comprendre d'ailleurs...
Ça fait déjà 4 ans que ces idées bizarres sont là. Quand ? Pourquoi ? Comment ? Je n'en sais foutrement rien.
Un pas vers la "guérison" ? J'ai eu besoin d'en parler à des gens qui font partie du même "groupe" si on peut dire ça... Me voilà donc.

Merci de m'avoir lu.

[Adamantin]

Je répète sans doute mais ça vaut le coup je pense: La souffrance ne se quantifie pas selon ce que la société juge. Il y a des choses qui paraissent banals à certains, et insurmontables à d'autres, et réciproquement.

Est-ce que tu saurais, sans parler des causes et raisons, dire ce qui cloche ? Ce que tu aimerais, ce que tu voudrais.

[Pandora]

Tout d'abord, bienvenue Era parmi nous.

J'ai lu ton message avec attention et plusieurs questions me viennent. Lorsque tu parles di'dées suicidaires, comment se manifestent-elles ? Quand ? A quoi penses-tu (attention, question difficile car il y a la charte à respecter) ? Qu'est-ce qui te poussent à avoir ces envies-là ? As-tu déjà par le passé connu TS ou autre ?

Cela fait beaucoup de question, je te l'accorde, mais c'est pour mieux ccerner ce qui t'amène à demander de l'aide ici.

[olp]

Salut et bienvenue ici, Era!

D'abord: je plussoie Adamantin. Tu as suffisamment de soucis pour t'encombrer de culpabilité par rapport à ce qui existe dehors. Il existe des pauvres heureux, des cons heureux, des moches heureux, des "gens-qui-ont-tout-pour-eux" heureux. et des gens malheureux.

Par contre, du coup, c'ets vrai qu'il te reste à identifier pourquoi tu te sens si mal.
ce qu'il te manque, le "coup de baguette magique" utopique qui te libèrerait de tout ça? J'imagine que si tu pouvais l'identifier précisément, tu ne serais pas ici...

Il y a des moments où tu es totalement libérée de ce vide et cette envie d'en finir?
Tu bosses dans quelque chose qui te passionne?
Des questions existentielles?
Il n'y a personne autour à qui tu puisses confier ce qui ne va pas, je ne parle peut-être pas de l'envie de suicide, mais plus quotidiennement et anodinement, la fatigue, une dispute de couple, une chute de morale? des gens qui ne te disent pas "tu as tout pour être heureuse, voyons!"?

J'espère que tu pourras y voir plus clair, et trouver ici ce que tu y cherches!

[Eraser]

Merci pour vos réponses,

@Pandora :

Je sais pas trop, je vais être bien et d'un coup, une vague vient m'envahir, une vague de tristesse non c'est même pas de la tristesse, une émotion indéfinissable, comme si ma place n'était ni ici ni là bas, une envie de disparaître là sur le champ, une envie de me frapper, une envie de vomir subite,... c'est vraiment chelou....

Il n'y a pas de quand, ça vient ça repart, je vais être mal, je vais écouter une chanson, entendre une parole, voir un visage qui d'un coup me faire revenir à la réalité de la vie....dans le "bon" côté de ma personne?
Quand je suis en "bad" trip, je ne pense à rien, enfin je suis totalement déconnecté, comme un pantin, je n'ai aucun réflexion juste l'envie de disparaître. Cela ne se matérialise par aucunes "façons" de le faire, je me met juste à regarder ou à penser à des choses bizarres, jprends qui est sur mon bureau à l'endroit ou je me trouve et je cherche un moyen pour amplifier mon mal être jusqu'à que je rebascule du bon côté. Comme si il y avait une dualité en moi même.
Je n'ai jamais fait de TS, même pas de passage à l'hôpital mais c'est limite cela qui me fait le plus peur, de jamais avoir connu cela et qu'un beau jour tout bascule à 180° sans que jme râte....

@Olp :

Comme je disais à Pandora, impossible d'identifier quoi que ce soit et c'est bien ça le pire, je ne sais jamais quand cela va venir me choper...
Il y a des jours où tout va bien, même pire des semaines entières et d'un coup cela m'explose à la tronche sans prévenir.
Oui je bosse dans un métier que j'aime, tout est beau tout est rose, une belle maison, une belle voiture, un beau mec, une prévision de bébé pour cette année, que demande le peuple, merde qu'es ce qui cloche ???
Me confier ? Impossible de me confier à une personne de mon entourage, pour moi c'est plus difficile d'en parler avec eux, qu'avec des inconnus.
Ne pas y voir d'offense pour vous, mais ici tout le monde m'est inconnu, comme un étranger qu'on croiserait dans la rue, pas de jugement...
J'ai pas envie qu'on ne me comprenne pas et qu'on me prenne pour une psychopathe qui a envie de se foutre en l'air, j'ai PEUR, ça fait pitié mais ouai j'ai peur du regard des autres...

[Pandora]

je me met juste à regarder ou à penser à des choses bizarres, jprends qui est sur mon bureau à l'endroit ou je me trouve et je cherche un moyen pour amplifier mon mal être jusqu'à que je rebascule du bon côté. Comme si il y avait une dualité en moi même.

Je crois que c'est une évidence, cette dualité... L'impression de marcher sur un fil et de basculer d'un côté sans crier gare parce qu'une chanson, une émotion ou que sais-je, est venue fragiliser la corde sur laquelle tu marches pas à pas.

Es-tu suivi ? Vois-tu un psychologue, psychiatre, psychothérapeute ? Cela pourrait t'aider à apprivoiser cette dualité en toi.

[olp]

on ne le prend pas mal . l'anonymat est très rassurant, c'est vrai.
Pourtant, un plus serait quand même de parler de ça avec quelqu'un en chair et en os, je crois. Quelqu'un qui fait partie de ta vie, même de loin. Pour faire reculer peut-être cette impression pénible de dualité; cesser d'être clandestine, au moins pour quelques personnes.
Ou un psy, oui. Ca peut toujours se cacher au este de ton entourage, même si ça me semble difficile, mais de toute façon, on est un peu sortis de l'image psy=folle.

[krikri]

Un psy, oui, mais , désolée, la psychiatrie semble bien peu efficace pour soigner ce type de pathologie.
j'ai toujours eu l'impression que les psys de ville ou à l'hopital me prenaient pour une drole de bête quand j'expliquais mes auto-mutilations, ils me posaient des tas de questions, me faisaient passer des tests. mais finalement, je n'ai pas avancé du tout !
Médicaments, thérapies comportementales, analyse, psychodrame, j'ai essayé plein de choses et ai l'impression de ne guère avoir avancé. J'ai juste un peu moins honte d'en parler (aux soignants seulement).

[olp]

Avoir moins honte de leur en parler, c'ets déjà ça.

Je maintiens que, même juste pour éviter l'irréalité, le sentiment de jouer double-jeu, tu devrais essayer d'exprimer cette partie de toi.

à nier ce qui ne va pas, à ne pas pouvoir s'exprimer, on ets beaucoup ici à avoir renforcé l'am.

[Eraser]

Non je ne suis jamais allée voir un psy, car j'ai carrément honte je le dis.
Je ne vois comment aborder la question en consult', qu'il me prenne pour la bête de foire, qu'il me mette sous cacheton, c'est un médecin quoi...
En même temps faut bien que je fasse quelquechose...

[Ysilne]

Bonjour,

le psychiatre est un medecin et peut prescrire des medicaments.
Si tu as peur de ca, tu peux peut etre plutot tenter de voir un psychotherapeute/psychologue ou autre psy-truc.

Et si tu n'ose pas parler, tu peux explorer d'autres pistes : remettre une lettre avec ce que tu voudrais dire, ou parler du fait que tu n'ose pas parler...

[krikri]

Je voyais un psy-chiatre pour une dépression, et j'ai mis plusieurs années à lui avouer mes AM. Et puis c'est sorti comme ça, un jour, comme un accouchement. ça a été tellement fort pour moi que je suis tombée dans les pommes en sortant de chez lui.
Il a réagi très calmement, sans me considérer "comme une folle" et sans m'assommer d'avantage de médicaments. Maintenant je lui en parle librement, et même quand je suis hospitalisée je peux en parler facilement, mais ça a mis du temps. La peur du regard des autres, c'est terrible, mais finalement, quand on s'adresse à des professionnels, ça se passe bien.
Et depuis que j'en ai parlé, les crises sont moins fréquentes et moins graves (je mettais souvent ma vie en jeu tellement j'allais loin).

Donc, je confirme, PARLES EN à un psy-machin, ça évitera que ça tourne en rond comme un amplificateur dans ta tête.

[lolophone]

Bonjour Era,
Je viens de tomber sur ce site en tapant AM et j'ai lu ta conversation.
Je n'ai que 13 ans et je suis en 4eme ( donc tres jeune!!!). Je ressens exactement la même émotion que toi et j'ai aussi une vie "de rêve". donc au bout d'un mois j'ai été parler à ma psy de mon collège. Les psys sont la pour t'aider et non te juger et se dire que tu es folle!!!!! Cependant je te conseille de connaitre un minimum le psy en question (une séance suffit!!!) car j'ai eu un psy qui ne faisait que me critiquer et me faire pleurer. Mais le fait de parler, de pouvoir t'exprimer enfin cela...enleve une pression considerable. Je n'ai pas encore arrivé à arreter de m'AM, mais je progresse. Apres en avoir parler a ma psy, j'ai meme reussis à en parler à mes deux meilleures amies. Je n'ai pas de copain, mais si j'en avait un je lui dirais et je pense qu'il pourrait comprendre.
Voila, juste te dire que tu n'es pas seule!!!!!!!!