Automutilation, je crois m'en être sortie, ou pas

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Alison1
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Automutilation, je crois m'en être sortie, ou pas

Message par Alison1 »

Je m’appelle Alison, j’ai 18 ans. Je suis de nature hyper sensible, et quand quelque chose m’arrive, de plus ou moins grave, et bien je n’arrive pas du tout à le gérer et donc j’angoisse très rapidement. Cela fait un peu moins d’un mois que je m’automutile, pour ma part je m’entaille les avants bras. Pourquoi ? Je n’sais pas vraiment… Est-ce que Clément à un rapport avec cela ? Peut-être, mais pas seulement. J’ai déjà eu pas mal de problèmes et je me fais donc suivre par une psychologue, mais je n’étais encore jamais arrivée à ce point-là.
Au début, je prenais mon cache de portable en ferraille avec des extrémités pointues et je me mettais des coups très forts sur les bras, ce qui me faisait de gros bleus avec quelques petites croûtes. Et puis cela ne me suffisait plus alors j’ai commencé *autre chose*. Au moment où je le fais mon état d’esprit est complètement brouillé, je ne pense à rien d’autres qu’à me faire du mal. Ça fait mal, physiquement ça fait mal, mais psychologiquement « ça fait du bien ». Et c’est c’qui me fait le plus peur… J’ai défini cela comme une drogue, une addiction : une fois qu’on a commencé à se faire du mal, on ne peut plus s’arrêter.
J’ai donc décidé de tout avouer à ma maman le Jeudi 12 mai. Quand elle l’a su, j’ai eu du mal à définir ce qu’elle ressentait. Elle a appelé une de ses copines qui est infirmière pour lui demander des conseils. Et plus tard dans la soirée que je suis allée aux Urgences (moi et ma maman). Quand nous sommes arrivées il y avait un petit peu de monde mais nous n’avons pas attendu longtemps. En revanche, on nous a mis dans un box et c’est là où nous avons attendu près d’une heure. Un médecin urgentiste est venu pour me poser des questions et savoir s’il fallait m’hospitaliser. Vers 1h du matin je suis arrivée dans ma chambre en unité d’observation où j’y suis restée jusqu’au lendemain après-midi. J’ai vu une interne d’un psychiatre qui m’a aussi posé des questions et par la suite a pris contact avec le psychiatre pour me proposer une aide, que j’ai accepté.
Le Vendredi 13 mai, plus tard dans l’après-midi, j’ai changé d’unité, je suis allée en psychiatrie 72h : il s’agit d’un séjour de 3 jours (de vendredi à Lundi pour moi). J’ai ma propre chambre (pourrie), en revanche, pas de télé, pas d’Internet, un lit trop petit, la douche et les toilettes collectifs. Ce séjour permet soit disant de faire le point, de faire le vide. Les visites sont de 9h le matin à 20h le soir, après plus personne et c’est ce moment-là le plus dur… La nuit il n’y a que cette foutue solitude et ce silence intenable avec toi. Tout au long du séjour j’ai vu chaque jour les infirmières, et le dernier jour j’ai vu une psychologue, et une assistante sociale ; par la suite les infirmières ont fait le point avec le psychiatre, qui devait décider si je pouvais sortir, ou si le séjour devait être prolongé.
Qu’est-ce qui est le plus dur en fait ? Se dire qu’on est en psychiatrie ? Ou se dire qu’on y reste 3 jours (c’est très long) ? Un peu des deux, je crois. Dois-je me considérer comme folle ? J’ai toujours pensé que les personnes qui étaient en psychiatrie étaient des gens fous. Je devrais peut-être changer mon point de vue car je ne pense pas l’être. Je suis tout à fait consciente de ce que je fais, et je sais très bien que c’est mal.
Quand j’ai commencé à m’automutiler j’ai eu peur, je me suis demandée pourquoi je faisais cela. J’ai regardé beaucoup de sites sur Internet à ce sujet. La plupart disent que ce geste peut être organisé ou impulsif ; pour ma part c’est le deuxième choix car quand je le fais je ne contrôle plus rien. Ils disent aussi que s’automutiler ce n’est pas vouloir se donner la mort, et qu’en général les personnes qui font ça ne savent pas vraiment pourquoi ils le font, c’est ce qui m’a le plus rassurer je pense. Enfin, si on peut appeler ça « rassurer »… J’aimerai m’en sortir, oh oui, et je pense m’en sortir. Je ne compte pas passer ma vie dans les hôpitaux, et surtout pas en psychiatrie. Ce bout de séjour m’a déjà donné une leçon. Je ne compte pas recommencer en sortant.
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Adamantin
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Re: Automutilation, je crois m'en être sortie, ou pas

Message par Adamantin »

Je n'aime pas quand on dit que l'automutilation est "mal". C'est trop vulgaire à mon goût. Parce que je préfère une personne qui reste en vie en s'automutilant à une personne qui meurt sans s'être automutilé. Je n'entends pas par là que c'est le pied, la méthode la plus saine de gérer ses angoisses & co, juste que c'est surtout une méthode mal vue par la société. L'alcool ou la cigarette peuvent être autrement plus dangereux (et sont retord comme c'est pas permis, puisqu'on peut le payer 15ans après).

Pour les HP, ouais, faut se sortir de la tête qu'on y trouve des fous. Faut aussi se sortir de la tête ce que signifie fou. Parce que ouais, y a des personnes qu'il faut écarter de la société (pour leur bien, pour le bien de la société, pour une durée limitée etc...) mais ça n'en fait pas des paria dans la logique. Je ne pense pas qu'il faille les plaindre (personne n'aime ça), mais ne pas utiliser ce mot comme un nouvel anathème, ce serait pas mal. Donc oui, tu as été en HP, et tu n'es pas folle.

Pour la réponse au pourquoi, elle est assez courante, mine de rien: la douleur c'est intense. L'intensité ça rend muet d'autres choses. Si tu entends une musique douce et badante, et que dessus passe du craddle of fifth à fond... Bah la chanson badante généralement elle disparaît. Même principe pour l'AM. Ça peut aussi être fait pour reprendre le contrôle.

Maintenant, euh... m'est avis que se concentrer sur le "je ne recommencerai pas en sortant parce que pas envie de passer ma vie dans des hôpitaux" ça fait très "j'ai été puni, maintenant je rentre dans le rang". Non pas que l'idée derrière ne soit pas louable, juste que d'après moi, tu ne devrais pas te focaliser sur arrêter l'AM, car c'est juste, pour deux raisons, le meilleur moyen de plonger.
La première, c'est qu'en te focalisant sur l'AM, tu oublies ce qui a amené l'AM, ce qui te bouffe, et par là-même, tu ne résous rien.
La seconde, c'est qu'en te focalisant sur l'arrêt, sans bosser le fond, tu te frustres, et la frustration risque de te faire plonger.

M'est avis que le début de tout ça, c'est pas ce que tu as fait à ton corps, c'est ce qui a fait que tu as fait ça.
Un individu est la somme de ses limites et de son contenu. Qui décide de surpasser ses limites rend son contenu infini.
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