Se dissocier de son trouble/mal être

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Yamael
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Se dissocier de son trouble/mal être

Message par Yamael »

Questionnement et réflexion issue de la relecture sur la peur de changer et la place prise par le trouble dans notre identité.

Je prends ici "trouble" au sens très large, sans nécessité de diagnostic psychiatrique.

L'idée étant de comprendre comment accepter de laisser derrière soi son trouble/son malêtre, comment vaincre la peur de changer, et, par extension, comment arriver à construire son identité sans s'amalgamer à ce trouble. Le problème me semble d'autant plus complexe que le trouble est/a été présent depuis/pendant des années et/ou durant l'adolescence (période assez périlleuse de la construction de son identité).


- Comment se différencier de son trouble ?
- Comment vaincre la peur du changement ?
- Comment construit on son identité avec/malgré son trouble ?
- Comment votre trouble affecte-t-il votre identité/identification ?
- Pour les troubles "curables"/temporaires : comment évolue-t-on sans sous trouble/se retrouve-t-on après "guérison" ?
- Pour les troubles "à vie" : comment fait on la part entre le trouble et ses spécificité individuelles ? Comment l'un influence l'autre ?

Voilà, je laisse libre cours à vos réflexions, témoignages, remarques sur le sujet.
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Vi_la
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Re: Se dissocier de son trouble/mal être

Message par Vi_la »

Yamael a écrit : - Comment se différencier de son trouble ?
- Comment vaincre la peur du changement ?
- Comment construit on son identité avec/malgré son trouble ?
- Comment votre trouble affecte-t-il votre identité/identification ?
- Pour les troubles "curables"/temporaires : comment évolue-t-on sans sous trouble/se retrouve-t-on après "guérison" ?
- Pour les troubles "à vie" : comment fait on la part entre le trouble et ses spécificité individuelles ? Comment l'un influence l'autre ?
Très bonne idée, j'y pense beaucoup ces derniers temps…
Je me demande parfois si réellement je veux aller mieux, si je suis "prête" à renoncer au trouble, au mal être.
Je me souviens m'être am juste pour être sûre que c'était encore là, que j'y arrivais encore, que ce n'était pas oublier. J'ai peur parfois de ne pas avoir envie de laisser cette souffrance derrière moi, ne pas vouloir l'oublier. Comme si elle faisait partie de moi, comme si sans elle, je passerai à côté de quelque chose d'important.
Mes deux hypothèses pour expliquer ça étaient la peur du changement, et le bénéfices secondaires des troubles.
(la deuxième partie me met très mal à l'aise)

Je pense qu'on n'est pas sont trouble. Que c'est important de se dire qu'on se sent mal plutôt qu'on est mal, qu'on se sent triste plutôt qu'on est triste. Le trouble nous a changé, certes, mais on est pas notre trouble. On est des individus propres qui vivent avec ce trouble.

C'est normal que le changement soit effrayant, c'est le cas pour n'importe quel changement, et là, on ne parle pas d'une petite chose. Je pense que le mieux est s'accrocher au fait que le changement est pour le mieux. Après tout, qu'est ce qu'on a à perdre en essayant d'aller mieux?
Qu'est ce que nous apporte le trouble qu'on n'aura pas en nous laissant aller mieux?
Le changement semble difficile, voire impossible, et il est effrayant, et c'est justifié; pendant longtemps, on a eu des comportements, des modes de fonctionnement qui ne nous permettaient pas d'aller vers cette direction, et apprendre à fonctionner de manière efficace est long et pas facile. Mais plus on y travaille, et mieux ça va, et mieux ça va, et plus on y voit clair, et plus on y voit clair, plus la possibilité de s'en sortir semble envisageable, et plus on a de force pour s'engager. Et même si ça peut être effrayant, on ne se perd pas, on se construit.

Le trouble peut affecter notre image de nous, mais au fond, est ce qu'on a besoin de savoir qui on est? on l'est, c'est tout. Avec le trouble plus ou moins présent, avec des difficultés plus ou moins grandes selon les périodes, on fait ce qu'on peut, et par le simple fait qu'on 'est', on a déjà une identité. Nos valeurs, notre caractère, nos pensées, notre manière d'être, tout ce qui fait de nous ce que nous sommes… Tout ça fluctue, avec ou sans troubles, mais c'est là, en évolution, parfois plus ou moins présent, mais notre identité reste la même.

Le trouble affecte l'identité… Oui et non; elle la fait évolué d'une manière peut être différente. Et a un grand impacts sur la vision de soi, ça oui par contre.

Pour le "après trouble" je n'y suis pas encore ^^''
(désolé, pas eu beaucoup de temps pour développer, j'y reviendrais peut être)
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Yamael
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Re: Se dissocier de son trouble/mal être

Message par Yamael »

Merci Vi_La pour ta réponse. Cela alimente mes réflexions.
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Laurent MB
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Re: Se dissocier de son trouble/mal être

Message par Laurent MB »

Pour la peur de changer, il y a déjà eu quelques posts à ce sujet (ici et /viewtopic.php?f=9&t=2685) si ça peut aider.

Pour moi, le point fondamental est qu'on a toujours le choix. Une thérapie (ou au minimum travailler à aller mieux), ça donne la capacité de changer, la liberté de changer.
Personne ne t'empechera de continuer à etre anxieuse, on te donnera juste des outils pour ne pas l'etre si tu ne veux pas l'etre. Personne ne t'empechera de t'AM, tu n'auras simplement plus le besoin de le faire. Personne ne t'empechera de penser que tu es une terrible personne, on t'aidera juste à comprendre quelle partie de toi dit ça, et choisir si tu veux écouter cette partie de toi ou non.

C'est une question de liberté, de capacité libre, de consentement éclairé. Avoir un trouble mental, c'est etre prisonnier et handicapé; une thérapie ça réadapte et libère. Si tu veux utiliser ta liberté et ta nouvelle motricité pour aller dehors, alors ok. Si tu veux simplement rester chez toi, alors ok.

Il est probable que lors de la thérapie, des exercices (si TCC), on demande de changer les habitudes, se forcer à aller à contre-courant, e challenger. Ça c'est possible et probable. Mais c'est du court terme, pour entrainer le "muscle", ça n'impose rien sur le long terme. Et c'est progressif, aussi.



Pour reprendre les questions:
- Comment se différencier de son trouble ?
En découvrant ce qui est toi et ce qui est non-toi. Ce que tu veux vraiment ou ce que tu subis, ou ce qu'une voix dans ta tete t'ordonne mais s'apercevoir que cette voix n'est pas toi. (question de liberté ici aussi)
Et aussi, au fur et a mesure des progrès, voir ce qui peut changer mais se rappeler qu'un handicap n'est pas une personalité, c'ets une limitation de personalité.
- Comment vaincre la peur du changement ?
Comme toutes les peur: pas-à-pas, avec du discours rationnel positif, et avec des sécurités (ici, la sécurité que tu ne seras jamais forcée à changer)
- Comment construit on son identité avec/malgré son trouble ?
En gros: En changeant/challengeant ce qu'on peut changer/challenger, et en acceptant/faisant son deuil de ce qu'on ne peut pas changer.
Un trouble pose des limites, des frontières, les parois d'un espace. Tu as toute la liberté à l'intérieur de cet espace. (ce qui peut paraitre peu mais reste beaucoup)
- Comment votre trouble affecte-t-il votre identité/identification ?
Idem que question précédente.
- Pour les troubles "curables"/temporaires : comment évolue-t-on sans sous trouble/se retrouve-t-on après "guérison" ?
Encore uen fois, c'est graduel, petit à petit. Ce sont des petits changements au jour le jour, on a largement le temps de s'adapter. C'est comme si tu vivais sous un millier de voile, et que tu enlevais un voile par semaine. Tu ne te retrouves pas, tu te découvres.
- Pour les troubles "à vie" : comment fait on la part entre le trouble et ses spécificité individuelles ? Comment l'un influence l'autre ?
C'est un trouble si c'est quelque chose qui arrive sans ta volonté, quelque chose que tu ne pourrais pas changer, meme si tu le voulais. Ça nécessite de savoir ce que tu veux, ce qui est pas évident, mais de plus en plus clair à mesure que tu te découvres.
Dans certains cas, il y a des choses que tu veux et tu es complétement satisfait de vouloir ça; dans ce cas on se fout de savoir si c'est un trouble ou non. Un trouble est un trouble si tu te sens inconfortable par rapport à ça. (sauf cas exteme mais c'est un autre débat)
Chaque mort m'amoindrit; chaque sourire me grandit.

[Si je vous aide, remerciez-la].
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Yamael
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Re: Se dissocier de son trouble/mal être

Message par Yamael »

(Il ne s'agit pas, pour ce sujet, de moi, hein, tous les témoignages, toutes les expériences sont bienvenues. )

ATT AM



Je me souviens m'être am juste pour être sûre que c'était encore là, que j'y arrivais encore, que ce n'était pas oublier. J'ai peur parfois de ne pas avoir envie de laisser cette souffrance derrière moi, ne pas vouloir l'oublier. Comme si elle faisait partie de moi, comme si sans elle, je passerai à côté de quelque chose d'important.
Je comprends ça, j'ai (eu) des réactions similaires, et c'est une des raisons pour lesquelles j'éprouve (entre autre) un certain attachement à mes cicatrices. Elles restent des "preuves", quelque chose de tangible qui en témoigne.




fin ATT

Mais d'un autre côté, je vois mal comment il serait possible d'oublier. Que le souvenir devienne moins vivace, oui, qu'on puisse y repenser sans souffrir, certainement. Mais je vois pas comment oublier ce que ça fait/faisait. Même quand ça ne "marche" plus. (mais si vous des expériences inverses, ça m'intéresse de les entendre également)
Après tout, qu'est ce qu'on a à perdre en essayant d'aller mieux?
Qu'est ce que nous apporte le trouble qu'on n'aura pas en nous laissant aller mieux?
Voilà deux excellentes questions. Qui peuvent effectivement aider à vaincre la peur (ou à la comprendre). Lister ce qu'on pense/craint de perdre, même des mots sur la peur. Merci.
Le trouble peut affecter notre image de nous, mais au fond, est ce qu'on a besoin de savoir qui on est? on l'est, c'est tout.
J'ai du mal à comprendre ça. J'ai toujours besoin de tout décortiquer, tout comprendre, moi y compris, alors ça me parait juste impossible de ne pas avoir besoin de savoir. Aurais-tu la gentillesse de développer ?
Le trouble affecte l'identité… Oui et non; elle la fait évolué d'une manière peut être différente. Et a un grand impacts sur la vision de soi, ça oui par contre.

Je ne sais pas si on est d'accord, parce que je ne sais pas si on parle de la même chose. Alors je vais parler métaphore (attention, ça risque d'être perché), mais je vois le trouble comme un fil barbelé autour d'un arbre (l'identité). Le fil barbelé va forcément impacter sur la croissance, le développement de l'arbre. Il va pas changer son essence, mais il va le marquer, le façonner. Et si on coupe le fil barbelé, la marque, elle restera là, l'arbre ne va pas soudainement gonfler pour reprendre la forme qu'il aurait eu autrement.
En découvrant ce qui est toi et ce qui est non-toi. Ce que tu veux vraiment ou ce que tu subis
Dis comme ça, ça parait assez évident, mais dans les faits, je ne suis pas sûre que ça soit aussi clair à établir.
Exemple ; J'ai absolument aucune envie de passer du temps avec les gens que je croise ni même d'apprendre à les connaître (personnalité) mais mon isolement total est un poids et je suis incapable de nouer une relation de confiance (trouble)... et je tranche comment entre les deux ? Est-ce que je n'ai pas développé ma non-envie de passer du temps avec les autres à cause de mon trouble ? Est-ce que mon trouble social n'est pas venu se greffer sur un trait de caractère pré-existant ?
avec du discours rationnel positif
Là encore, c'est peut être propre à moi, mais je ne vois pas comment du rationnel peu avoir une prise sur de la peur (irrationnelle). (Et à l'inverse, savoir, rationnellement, que mes peurs sont infondées à tendance à mener à une réaction d'auto-mépris et de culpabilisation).
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Ysilne
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Re: Se dissocier de son trouble/mal être

Message par Ysilne »

Je sais que le sujet n'est pas que pour toi, mais il est compliqué pour moi. Je vais essayer de mettre ça au clair, mais j'ai du mal déjà avec mes pensées, alors à l'écrit...

Le soucis avec mon "trouble" c'est que les gens qui en sont "atteints" disent que c'est indissociable de ce qu'ils sont. Il y a même un courant, surtout aux US mais aussi en France, de gens qui disent que c'est seulement une autre manière d'être, une différence de penser qui ne pose problème que à cause des "gens normaux".
Ce qui est sûr, c'est que c'est neurologique, et que ça affecte énormément toutes mes pensées. Je ne peux effectivement pas m'imaginer sans, quand je réfléchis aux différents impacts. Modifier ma capacité de concentration, mes centres d'intérêt, mes sensibilités (sensorielles ou non), ma rigidité/rigueur, mon sens de la justice, ma capacité à communiquer et à fréquenter des gens... Ce n'est plus moi.

Il reste les troubles associés, que je peux encore distinguer de ma personnalité parce qu'ils ne sont pas permanents. A part les TOCs et le mutisme sélectif, j'ai connu à peu près tout ceux qui sont fréquents pour les femmes ayant le syndrome d'Asperger. Je sais bien me dissocier des troubles du comportement alimentaire. Relativement bien des troubles de l'humeur, mais c'est moins évident. J'arrive à reconnaitre que les crises autistiques(shutdown/meltdown) que je prenais pour des moments de mauvaise humeur et des crises de panique ne sont que des mauvais moments à passer, donc je ne suis pas comme ça. En plus, si je fais bien attention en théorie je peux les éviter. Idem pour l'anxiété, et même l'automutilation.
L'automutilation, ce n'est qu'un moyen de gestion. Mes émotions sont violentes, beaucoup plus que la normale, et j'ai moins de moyens de les gérer. Je ne me défini pas par des actes commis dans l'urgence sans autre moyen de faire.

Je n'ai plus peur de changer. De toute façon, j'ai une estime de moi bien trop basse pour vouloir rester comme je suis. Pour moi, changer, ce n'est pas devenir autre (malheureusement :? (j'ai pas le moral ce soir)) c'est progresser, acquérir des compétences.

Je pense pouvoir mieux construire mon identité maintenant. En me comprenant, déjà, et en ne luttant pas inutilement contre moi-même. J'ai longtemps dit qu'un diagnostic n'était pas utile. C'est vrai qu'un diagnostic de dépression ne m'était pas utile. Je savais bien... Par contre, si c'est quelque chose qui reste et qu'il faut accepter, je suppose que c'est différent.

Je ne sais pas si mon "trouble" affecte mon identité/identification. C'est un peu tôt pour répondre, je suppose. Je n'ai pas l'impression de m'entendre particulièrement mieux avec les gens qui partagent le même diagnostic, donc pour l'identification à un groupe en tout cas, ça semble être négatif.
Laurent MB a écrit :Avoir un trouble mental, c'est etre prisonnier et handicapé; une thérapie ça réadapte et libère.
Ok, je suis peut-être un cas particulier : je n'ai pas un trouble mental. Mais je suis handicapée. Une thérapie peut me permettre d'apprendre à compenser mes difficultés, comme un aveugle apprend à se déplacer avec sa canne, ou un sourd à lire sur les lèvres. Ca ne va pas me libérer, ça va juste me permettre de jouer au caméléon. Et encore, il est trop tard pour que ce soit pleinement efficace. Ca, c'est pour une thérapie parfaitement adaptée, à supposer qu'elle existe (surtout en France, ahah. Chercher un thérapeute tcc c'est déjà dur, spécialisé en autisme autant jouer au loto, et pour un adulte c'est mission impossible).

se rappeler qu'un handicap n'est pas une personalité, c'ets une limitation de personalité.
Faux. En tout cas le terme "handicap" n'est pas le bon.
Un handicap est lié à un environnement, à une situation particulière, et peut ne pas être lié à la personnalité (exemple : handicap physique).
Un trouble mental est peut-être une limitation de personnalité (et encore, ça se discute...).
La douleur qui se tait n'en est que plus funeste.
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Yamael
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Re: Se dissocier de son trouble/mal être

Message par Yamael »

Ysilne a écrit :Je sais que le sujet n'est pas que pour toi, mais il est compliqué pour moi. Je vais essayer de mettre ça au clair, mais j'ai du mal déjà avec mes pensées, alors à l'écrit...
Euh je ne faisais de reproche à personne.
Le soucis avec mon "trouble" c'est que les gens qui en sont "atteints" disent que c'est indissociable de ce qu'ils sont. Il y a même un courant, surtout aux US mais aussi en France, de gens qui disent que c'est seulement une autre manière d'être, une différence de penser qui ne pose problème que à cause des "gens normaux".
Ce qui est sûr, c'est que c'est neurologique, et que ça affecte énormément toutes mes pensées. Je ne peux effectivement pas m'imaginer sans, quand je réfléchis aux différents impacts. Modifier ma capacité de concentration, mes centres d'intérêt, mes sensibilités (sensorielles ou non), ma rigidité/rigueur, mon sens de la justice, ma capacité à communiquer et à fréquenter des gens... Ce n'est plus moi.
C'est un peu l'objet de mon questionnement. Merci de l'avoir mieux mis en mots que moi.
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Ysilne
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Re: Se dissocier de son trouble/mal être

Message par Ysilne »

Je ne l'avais pas pris comme un reproche. Plutôt comme un rappel qui m'a permit de ne plus remettre à plus tard. :-)
La douleur qui se tait n'en est que plus funeste.
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Shalimar
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Re: Se dissocier de son trouble/mal être

Message par Shalimar »

Ysilne a écrit :Le soucis avec mon "trouble" c'est que les gens qui en sont "atteints" disent que c'est indissociable de ce qu'ils sont. Il y a même un courant, surtout aux US mais aussi en France, de gens qui disent que c'est seulement une autre manière d'être, une différence de penser qui ne pose problème que à cause des "gens normaux".
Ce qui est sûr, c'est que c'est neurologique, et que ça affecte énormément toutes mes pensées. Je ne peux effectivement pas m'imaginer sans, quand je réfléchis aux différents impacts. Modifier ma capacité de concentration, mes centres d'intérêt, mes sensibilités (sensorielles ou non), ma rigidité/rigueur, mon sens de la justice, ma capacité à communiquer et à fréquenter des gens... Ce n'est plus moi.
Je me retrouve dans ces termes (plus pour la dépression qui semble être de naissance et qui ne s'arrêtera jamais...).
Je ne peut donc savoir ce qui est Moi et ce qui est du trouble. J'y ai beaucoup pensé, ça m'a beaucoup travaillé: qui suis-je réellement? Serais-je totalement différente sans mon problème? J'en suis certaine.

Pour moi, JE SUIS mon trouble: mon cerveau fonctionne comme ça donc je suis comme ça. Je ne peux pas différencier mes réactions en les mettant dans la case Moi ou la case Dépression, il n'y a que les handicaps (étant donné qu'ils sont différents selon la société) qui peuvent m'aider à me voir différente (et la souffrance aussi... même si avant, je pensais que tout le monde souffrait comme moi).

Donc, oui, j'ai eu énormément peur de changer si mon trouble se guérissait (je ne me pose même plus la question maintenant, c'est à vie). Si je guérissais, je serais une nouvelle personne et je devrai me découvrir, je me comparerai avec l'ancienne qui malgré tout avait des points handicapants que j'aimais: empathie, réflexion, curiosité... Je serais plus sensible à comment la société veut nous mouler alors que mon trouble fait que je suis sensible à cette tentative et tente de la contrer.

Pour moi, mon trouble contrôle mon MOI (ce que je serais sans lui) donc mon identité se construit par lui. Je suis passive dans mes termes et dans ma vie aussi, c'est mon trouble qui me contrôle.

Au final, je ne connais rien de moi que ce qui en ressort du trouble. Je ne sais même pas qui je suis, ce que je suis sans lui car je ne sais pas si mon identité sans le trouble s'exprime ou existe.
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Songerie
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Re: Se dissocier de son trouble/mal être

Message par Songerie »

L'expression "si je guérissais" ne veux pas dire grand chose, parce que l'évolution serait si lente que tu t'apprivoiserais petit à petit, devenant un être différent un peu plus à chaque instant.
Et pour beaucoup heureusement nous sommes capable de transcender notre handicape, en grappillant tous les jours, qui une marche plus assurée, qui un comportement moins farouche, un langage moins hésitant.

Ce n'est que projetant notre regard vers l'arrière, comme jetant un œil dans le rétroviseur de notre histoire personnelle que nous pouvons parfois mesurer le chemin parcouru..

Et nous nous découvrons différent, sans que ce changement ne nous soit acquis comme une guérison, mais comme une évolution.
Chaque grain de lumière, Pour un grand rayon de soleil.

Quando mi dicono ... " non sei normale" mi guardo attorno ... ci penso... tiro un sospir di sollievo e rispondo... E meno male !
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Shalimar
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Re: Se dissocier de son trouble/mal être

Message par Shalimar »

Songerie a écrit :L'expression "si je guérissais" ne veux pas dire grand chose, parce que l'évolution serait si lente que tu t'apprivoiserais petit à petit, devenant un être différent un peu plus à chaque instant.
Oui, c'est vrai!
Songerie a écrit :Et nous nous découvrons différent, sans que ce changement ne nous soit acquis comme une guérison, mais comme une évolution.
Vous (toi et les autres) ne tendez donc pas vers une "guérison du handicap"? Dans le sens qu'on ne guérit pas forcément mais qu'on tente de se normaliser.
Mais cette écart entre le "toi du début" et le "toi plus adapté" ne créée pas un malaise par le fait que ce qui est "soigné" est le symptôme et non le problème?
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Songerie
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Re: Se dissocier de son trouble/mal être

Message par Songerie »

Nous ne sommes pas des disques formatables en mode tout effacer et recommencer.
Hormis dans le cas des amnésies sévères suites à un traumatisme nous gardons toujours notre histoire.

Dès lors qu’elle nous a façonner, nous pouvons la laisser derrière, mais elle reste en nous. Comme une cicatrice notre handicape peu s'estomper, mais il restera présent, il fait partie de nous.
Tout est inscrit dans notre corps !
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Dest_in
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Re: Se dissocier de son trouble/mal être

Message par Dest_in »

Ma vision des choses est (encore une fois) assez binaire.
Je pense qu'il faut savoir dissocier les troubles extrinsèques et intrinsèques, ainsi qu'avoir une idée du dommage que le trouble cause.
Je ne pourrai jamais entièrement me dissocier de ce qui me définit, ça fait partie de moi et de mon identité. Me forcer à rentrer dans un moule provoque des réactions en chaîne à plus ou moins long terme qui sont dommageable.
Le "trouble" est définit par la normalité, dès lors que je me considère hors de cette norme, c'est à moi de fixer ce qui m'appartient, même si c'est considéré comme un trouble par l'extérieur, de ce qui ne l'est pas.

De cette manière, quand je me mets à engloutir toute la nourriture qui me passe sous la main, parce que je suis seule et que je panique, je considère que c'est un trouble extrinsèque, provoqué par quelque chose inhérent à mon environnement à l'instant T.
C'est un trouble qu'il faudrait en effet éliminé et qui ne devrait pas me représenter.

Par contre, le fait que je n'aime pas voir les gens, que je n'ai pas besoin de rapport sociaux très poussés et nombreux, est parfois vu comme un trouble. Être "sauvage", n'est pas "normal". Mais je ne peux pas m'imaginer autrement, ça vient de moi, de ma façon d'être, de quelque chose qui m'appartient. Ça ne me met pas en danger. Le seul impact que je vois est parfois une solitude, qui à la base était souhaitée et qui parfois est lourde. Mais en comparaison, ces rare moment où je me sens en effet seule, sont négligeable comparé au malaise qui est généré quand je me trouve en société. Ce "trouble" me définit donc, et il m'est impossible (et non souhaitable) de le changer.

Je considère qu'on évolue avec ses troubles (les dommageables). Qu'au mieux on en tire des conclusions, qu'au pire on apprend en testant ses limites. J'imagines que je n'aurai jamais évolué si on m'avait privé d'AM, de drogue, d'alcool... J'aurai juste explosé. Au final j'ai pas mal apprit à canaliser, petit à petit, en testant ces limites :well: le plus compliqué pour moi, c'est la dépression, parce qu'elle annihile ces limites. Qu'elle enlève ces points de repère, ce qui fait que la tu peux aller trop loin. Je n'ai pas évoluée en phase de dépression assez importante, juste survécu, et ça faisait entièrement partie de moi, ça me définissait entièrement comme un être assez peu capable de quoique ce soit. C'est un des troubles qui à le plus affecté mon identité, parce que pour le coup, c'était totalement moi, tout en ne l'étant absolument pas (c'est pas clair du tout vu de l'extérieur).

La peur du changement est pour moi une part du trouble intrinsèque. Alors les changements se font discrètement, sans que je m'en aperçoive, autrement je stoppe le processus de changement assez brutalement.

(Désolée, j'ai un peu répondu de manière assez décousue)
Je suis né demain, aujourd'hui je vis, hier m'a tué - Parviz Owsia
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Songerie
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Re: Se dissocier de son trouble/mal être

Message par Songerie »

Décousue ... Pas tant que cela en fait. :-)
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Morpheen
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Re: Se dissocier de son trouble/mal être

Message par Morpheen »

Dis Songerie, m'explquerais tu ce que t'en as 'cousu' ?¿? (j'hesite a finaliser ma question entre deux smileys, :hmm: ,ou celui-ci :???: ... bref, on remercie les effets de la chimie :oops: ).
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