Comment aborder le sujet avec son enfant?

Si l'un de vos proches s'automutile et que vous cherchez de l'aide pour vous ou pour lui, ou simplement à en parler, c'est ici.
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Mariloup
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Enregistré le : mer. 25 avr. 2012, 18h11

Comment aborder le sujet avec son enfant?

Message par Mariloup »

Bonjour,

Je ne sais pas si le sujet existe déjà sur le forum... Si tel est le cas je m'en excuse. Voilà ma situation. Je suis maman d'une adolescente qui vient d'avoir 14 ans. Après les fêtes, pendant que j'étais parti pour aller chercher son bulletin (qui soit dit en passant était affreux), ma fille s'est coupé sur les doigts avec une lame. (ca été la première fois qu’elle s’est coupé, du moins c’est ce qu’elle m’a dit) Quand on s'est assise pour parler du bulletin en question, j'ai vu ses doigts qui étaient impossibles à cacher... Je lui ai demandé pourquoi elle avait fait ca, elle m'a répondu qu'elle était stressée et avait peur de notre réaction à propos de son bulletin. Ce soir là, elle m'a aussi avoué que depuis le début de l'année scolaire elle était victime d'intimidation et qu'à l'école elle n'a maintenant qu'une seule amie. Son cercle d'amis n'étant plus ce qu'il était, elle s'isole avec sa seule amie en question. Je sais qu'elles ont déjà pris du ''pote'' mais ma fille me dit qu'elles n'ont pas renouvelées l'expérience.

Hier soir, ma plus jeune fille a découvert que ma fille de 14 ans c'était coupé sur le bras. 4 coupures assez profondes sur le dessus de l’avant-bras. À ce moment ma grande (celle qui s'est coupé) a dit à ma plus jeune de ne pas me le dire. Ma plus jeune ne pouvant pas garder ca pour elle, me l'a dit. Par la suite je me suis assise avec ma grande (celle qui se coupe), j'ai essayé de dialoguer avec elle mais elle ne veut pas m'en parler. Je lui ai demandé si quelqu'un avait abusé d'elle, si l'intimidation à l'école continuait toujours, si elle prenait encore de la drogue, je lui ai aussi demandé pourquoi elle se faisait mal comme ca, je lui ai dit qu’il fallait qu’elle me parle pour que je puisse l’aider. Je ne me suis pas fâchée, je suis resté sur un ton calme (même si je brulais de peine en voyant ses bras), je lui ai dit que je l’aimais, qu’elle est ce qu’il y a de plus important à mes yeux et que je veux le meilleur pour elle, que je suis là pour l’écouter et la soutenir mais elle ne fait que me dire qu’elle ne veut pas en parler. Elle consulte une psychologue à l'école depuis avant les fêtes, ce sont les professeurs de l’école qui l’ont obligé à y aller car ils disaient qu’elle était dépressive. Ma fille m’a dit qu’un professeur l’a même fait sortir en plein cours pour aller voir la psy. Je n’ai pas eu d’objection car moi-même je ne reconnais plus ma fille depuis un bon moment. Bref, je lui ai demandé si elle avait parlé de ses coupures à la psy et elle m'a dit que non. Seule sa meilleure amie est au courant de ses coupures (je doute même que son amie se coupe elle aussi). Bref j'essaie de comprendre le pourquoi de tout ca, mais d’abord et avant tout je cherche à aider ma fille. Quand j’essaie d’ouvrir le sujet, elle se fâche et elle me dit qu’elle ne veut pas parler, qu’elle est tannée de parler et qu’elle veut une seule chose c’est de rester toute seule.

Tout ca est très nouveau pour nous (mon conjoint, mon autre fille et moi). Nous nous sentons tellement impuissants devant ce nouveau comportement. Je viens chercher de l’aide auprès de vous afin de mieux comprendre. Je voudrais savoir, comment aborder le sujet avec ma fille, sans qu’elle me repousse et s’isole. Je voudrais comprendre pourquoi elle ne veut pas m’en parler. Je voudrais savoir aussi, étant donné que c’est seulement la deuxième fois qu’elle se coupe, est ce que ca veut dire qu’elle recommencera ou est ce que ca peut simplement être passager? J’ai mille et une questions qui trotte dans ma tête, tout ca m’inquiète vraiment, je me sens impuissante face à tout ca, je me demande où ai-je pu échouer dans son éducation, est ce de ma faute, bref pour l’instant ce qui m’importe le plus c’est d’ouvrir le sujet avec elle pour pouvoir mieux l’aider.

Désolée de la longueur de mon roman, j’espère trouver de l’aide pour ma fille avant que la situation ne dégénère trop…

Une maman qui souffre énormément, merci pour l’aide que vous pourrez m’apporter.
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Ashmida
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Enregistré le : lun. 05 déc. 2011, 17h05

Re: Comment aborder le sujet avec son enfant?

Message par Ashmida »

C'est délicat. J'ai 17 ans... Ce genre d'interrogations je suis sûre que ma mère les a eu et malheureusement pas forcément les réponses.....
Bref je vais essayer de vous (te?) répondre dans l'ordre.
Pour ce qui est de se braquer et de ne pas en parler de ne pas vouloir.... etc. Je vais partir de mon expérience.... ma mère m'a prise entre quatre yeux une fois et a pas arrêté de me demander ce qu'il n'allait pas, pourquoi je le faisais, qu'elle était là pour moi, que je pouvais tout lui dire..... Le problème majeur à l'époque c'est que: pourquoi? Beh je savais aps trop j'étais pas bien oui mais par rapport à quoi... Oula il y avait tellement de choses dans ma tête je savais plus où j'en étais.... Et puis je voulais pas la décevoir, ni lui faire du mal parce qu'au fond je savais que certains de ces comportements étaient responsables de cet état. (attention j'ai pas dit que c'était une mauvaise mère loin de là. Elle a toujours était là pour moi et a tout fait pour m'aider. Bref elle n'a pas à culpabiliser les parents ne sont pas des surhommes et les ados passent souvent à côté de pas mal de choses et les malentendus sont rapides.....). Ensuite tout simplement parce que parler à mes parents je pouvais pas il y avait un blocage.... Même encore aujourd'hui je peux pas..... Pour ce qui est de votre fille je ne la connais pas mais je sais que moi juste le fait de savoir qu'elle était là et que je pouvais compter sur elle ça me faisait du bien.... D'ailleurs une fois mes amies m'ont laissées totalement seules j'étais vraiment pas bien.... J'avais cours mais je pouvais pas j'avais pas la force d'y aller j'étais totalement out. (et pourtant je n'ai jamais séché une seule heure de cours, je suis perfectionniste dans mes études réussir c’est l'un de mes principale objectifs). Ce jour là j'ai appelé la seule personne qui je savais me réconforterai ma maman. Elle a répondu j'ai essayé de pas pleurer et puis j'ai fondu en larmes, elle m'a dit d'aller à l'infirmerie me calmer après dix minutes au téléphone. Et puis au final un quart d'heure plus tard l'infirmière me disait que je ne retournerai pas en cours que ma mère venait me chercher. On a parlé pendant une heure en marchant toutes les deux. Et Franchement ça ça m'a fait du bien. Mais comment dire c'est moi qui suit aller la chercher. Bref le dialogue ça prendra du temps il ne faut pas la brusquer lui faire comprendre que vous êtes à son écoute. Vous dites aussi qu'elle n'a pas parlé des scarifications au psy du collège vous pouvez lui demander si elle souhaite en voir un autre, si c'est quelque chose qui lui convient aussi de suivre une thérapie. Il se peut qu'elle ne s'entende pas avec le psychiatre ou psychologue et donc qu'elle se ferme. Dans ce cas là ça ne sert pas à grand chose. Lui demander aussi si elle souhaite cette aide c'est moi qui ai demandé à voir des psy on ne m'y a aps obligé du coup beh j'étais en quelque sorte volontaire.... Bref ne serait ce que de discuter de ça sans parler d'am juste de ça pour avoir ses impressions. Après je le répète je ne la connais pas mais bon....
Après pour ce qui est des relations au collège.... J'ai passé quatre années de collège très difficiles, disons que tout le monde c'était un peu mis contre moi que je me faisais insulter en permanence et ça pour moi c'était quasi impossible d'en parler à la maison parce que tout était de ma faute. Encore à l'heure actuelle je me dis que si les gens étaient contre moi c'est que je devais mal faire quelque chose.... Même si de plus en plus je me rends juste compte que c'était des conneries de gamin qui ne se rendaient pas compte du mal qu'ils faisaient..... Ma mère a su quelques trucs essayer d'intervenir mais je ne lui ai pas tout dit et même encore à l'heure actuelle elle sait pas tout. Bref je ne sais pas quoi dire, je ne connais aps la situation exacte de votre fille juste que là encore il peut y avoir pas mal de blocage..... C'est pas des choses qu'on arrive à partager avec des parents....
Pour la scarification maintenant.... Déjà il faut savoir que ça devient vite une drogue et que ça fonctionne de la même manière. Je sais que moi dés la première coupure j'étais accroc deux jours plus tard je recommencer et puis je me suis mise à le faire tout les jours et puis plusieurs fois par jours. Bref tout le monde réagi pas comme ça rassurez vous. La scarification se décline sous plusieurs aspects en fonction de ce à quoi elle est dû mais dans la majeure des cas ça devient une drogue dont on a du mal à se passer. Bref c'est pas très agréable ce que je vous dis là mais il faut que vous le sachiez. Pourquoi? Pour éviter de vouloir la faire arrêter en un claquement de doigts. C'est pas possible. Par contre si elle s'ouvre à vous vous pouvez l'encourager dans sa démarche d'arrêt en la félicitant pour tel ou tel progrès et pas en avant. Par exemple imaginons qu'elle le fasse tous les jours et qu'elle vienne et qu'elle vous dise aujourd'hui je l'ai pas fait évitez les réflexions du style: c'est pas trop tôt, tu vois quand tu veux, tu vois que tu n 'en as pas besoin, je croyais que c'était fini ces bêtises.... etc. (ça je les entendu. --") . Si elle le dit et qu'elle est dans un processus d'arrêt c'est qu'elle est certainement contente d'elle et aussi idiot que ça puisse paraître elle a juste envie d'entendre un: c'est bien. Enfin c'était le cas pour moi. Après je ne sais aps où en est votre fille avec l'am si elle cherche à arrêter et n'y arrive aps si elle n'en a pas envie parce qu'elle n'est pas prête si.... Eviter aussi de faire promettre de ne pas recommencer.... Ca c'est le pire parce que du coup on cache les am et quand elles sont découvertes on culpabilise on se dit qu'on ne vaut rien qu'on a déçu tout le monde qu'on mérite une punition et donc de s'am. (encore une fois ça marche comme ça pour moi et je ne la connais pas.....)

Bon j'espère que les modérateurs reliront ce message j'ai peur de dire des bêtises ou de me tromper. Je vous parle par rapport à mon expérience personnelle..... Après je ne suis ni médecin, ni psy et je ne connais pas votre fille je n'ai qu'un aperçu d'elle à travers vous.... Bref pardonnez moi si je me suis égarée..... :/
Les étoiles meurent dés que l'aurore pointe c'est le soleil qui me l'a dit.
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Ysilne
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Re: Comment aborder le sujet avec son enfant?

Message par Ysilne »

Bonjour Mariloup,

c'est une bonne chose de chercher à se renseigner. Je comprends bien que votre situation ne doit pas être facile et que le sentiment d'impuissance et de culpabilité est dur à gérer.
Et pourtant... si votre fille ne parle pas, c'est peut etre qu'elle n'en a pas le besoin, ou que ce n'est pas à vous qu'elle veut parler, ou qu'elle n'est pas prête à ça.
Elle s'est coupée par peur de votre réaction... Est-ce qu'elle est complexée, qu'elle ne se sent pas à la hauteur de vos exigences ou de celles qu'elle se fixe elle-même ? Est-ce qu'elle a peur du jugement ?
Il est fréquent (mais pas systématique) chez ceux qui s'automutilent d'avoir une très faible estime de soi, et dans ce cas la moindre critique devient extremement douloureuse. peut etre est-ce ce qu'elle a vécu vis-à-vis de ses notes.

Elle ne peut pas forcément expliquer pourquoi elle fait ça et ce qui lui arrive, parce qu'elle ne le sait peut etre pas. On lit souvent ici des gens qui se demandent s'ils sont devenus fous, pour se blesser sans comprendre pourquoi.
Malheureusement, la douleur physique joue un rôle bien réel, et ce n'est pas pour rien qu'on peut avoir recours à de telles extremités. Le risque de récidive est bien présent : l'automutilation est une addiction reconnue. Ca permet de se remettre dans le réel, de chasser les angoisses et la dépression, d'évacuer la colère, etc. C'est dur à comprendre quand on va bien, parce qu'on ne voit que le coté désagréable de la douleur. Et pourtant se blesser peut etre un réel soulagement quand d'autres émotions négatives plus fortes sont présentes.

Pour ses coupures sur le bras, vous les avez vues ? Si oui, elle vous les a montré d'elle-même ?
La douleur qui se tait n'en est que plus funeste.
RAC. Androm. III, 3.
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Yamael
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Re: Comment aborder le sujet avec son enfant?

Message par Yamael »

Bienvenue Maryloup. Permets moi de te féliciter pour ta démarche, c'est toujours agréable de voir que les proches aussi font le pas de venir vers nous et cherchent à comprendre sans juger.

La réponse que t'apporte Ashmida est très bonne. Oui, l'AM peut donner un effet d'addiction. C'est souvent le cas. Parfois ça "passe" après plus ou moins de temps, parfois ça reste.

L'AM est très souvent liée à un grand manque de communication. Ta fille semble se renfermer lorsque tu abordes le sujet, donc je suppose qu'elle est aussi touchée par cette incapacité à dire les choses. L'AM est une forme d'expression d'une souffrance, il convient donc de soulager la cause première pour que le symptôme AM finisse par disparaître. ça peut être long, malheureusement.

Si ta fille refuse actuellement le dialogue, ne la brusque pas. Ne la force pas non plus à montrer ses blessures. Si l'AM est une forme d'expression, ça n'empêche que c'est souvent quelque chose de vécu comme extrêmement intime. La plupart des personnes qui se blessent ressentent, au moins en partie, de la honte et de la culpabilité vis à vis des marques. A l'adolescence (et même après) quelque chose d'aussi intime est difficile à aborder avec ses parents. Rappelle lui que tu l'aimes, rappelle lui que tu es là n'importe quand, mais ne la force pas à parler. Elle doit vous sentir (son père et toi) présents, mais pas oppressants. Bien que je comprenne l'angoisse et la difficulté que ça doit être de devoir rester sans réponse.

Tu peux essayer de l'aider à identifier les sentiments/émotions/évènements qui la poussent à l'AM pour trouver des moyens de substitution. Tu peux lui fournir les numéros d'appel d'urgence (en lui expliquant que ce n'est pas pour te dédouaner du problème mais que tu comprends qu'il n'est pas forcément facile pour elle de faire appel à ses parents en cas de crise), et la liste anti-AM qui se trouve dans la section "faire face" de ce forum.

N'hésite pas à lire, à participer et à nous poser tes questions, nous y répondrons de notre mieux.
I will swallow
If it will help my sea level go down
But I'll come back to haunt you if I drown
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sushi
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Enregistré le : jeu. 17 déc. 2009, 22h21

Re: Comment aborder le sujet avec son enfant?

Message par sushi »

Bienvenue Mariloup,

Quand on est ado, les parents ne sont malheureusement pas nos interlocuteurs privilégiés.
Je crois qu'il faut te montrer, ouverte, à l'écoute, mais sans la forcer à te parler. Je suis assez d'accord avec Ashmida : tu peux peut-être lui demander si elle souhaite en parler à un thérapeute quelconque, hors du collège.

Ne te dis pas que tu as raté quelquechose dans ton éducation.
J'ai eu des parents qui ont fait des erreurs, comme tout le monde, qui ne sont pas parfaits, mais qui sont malgré tout des parents impec'. Ca ne m'a pas empêchée d'en arriver là...
Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde.
(Mahatma Gandhi)
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