S'accepter soi-même

Ici, vous trouverez les sujets utiles, et tout ce qui peut aider, sur le moment ou à long terme, pour savoir comment reagir, comprendre, et lutter.
Répondre
Avatar du membre
Laurent MB
Ancien modérateur
Messages : 3970
Enregistré le : sam. 22 janv. 2005, 20h38
Localisation : relocated

S'accepter soi-même

Message par Laurent MB »

Un mécanisme qui aide énormément pour aller est mieux est le fait de s'accepter. S'accepter en tant que soi, sans se juger ou se rejeter, en tant qu’être complet, complexe, et non parfait. L'acceptation est à la base de nombreuses thérapies, notamment les thérapies humanistes, et les thérapies basées sur la pleine conscience et thérapies comportementales dialectiques, recommandées pour les troubles de personalité limite.

S'accepter, qu'est-ce que c'est?

S'accepter, c'est se voir et se considérer tel que l'on est, entièrement, dans le moment présent. Reconnaître qu'on est ce qu'on est, quelque soit le jugement qu'on puisse porter sur ce qu'on est, nos qualités ou nos défauts, ou nos incohérences.

S'accepter, c'est arrêter de se fuir, de se juger, de se réduire. C'est arrêter de s'imaginer en une version idéale de soi, une version de soi qu'on voudrait etre, qu'on devrait etre. Parfois, la réalité fait mal, n'a pas de sens, paraît impossible à supporter – mais cette réalité, vous la vivez déjà. Que vous acceptiez votre douleur ne change pas le fait qu'elle est déjà là, que vous refusiez vos défauts ne changent pas le fait que vous en avez, que vous ne preniez qu'un aspect de la réalité ne change pas le fait que le réel implique les deux. Et le refus d'accepter va dans les deux sens; parfois on refuse ses défauts, mais parfois on refuse aussi ses qualités. Voir tout en extrêmes, en tout noir ou tout blanc, c'est ne pas accepter la complexité de la réalité. S'accepter, c'est reconnaître la réalité.


Les obstacles à l'acceptation

Un obstacle importante dans l'acceptation est le jugement, en particulier le jugement par rapport à soi-même. Pour pouvoir accepter, l'important n'est pas de savoir si quelque chose est bon ou mauvais, c'est de savoir si ce quelque chose est là. Si on se met à juger comme négatif quelque chose, on voudra instantanément le rejeter. Il est donc essentiel, pour arriver à l'acceptation, d’arrêter de juger. C'est tout sauf facile ou évident, car le jugement est souvent un réflexe. Un autre réflexe est de ne pas s'attacher au présent, ne pas voir ce qui est actuellement car on est trop occupé à imaginer ce qui aurait dû être ou ce qui pourrait être. Accepter, c'est voir le monde et soi-même tel qu'il est présentement, réellement. Plusieurs techniques, notamment de méditations, peuvent entraîner et aider à se concentrer sur le présent, sans le juger.

Un autre obstacle à l'acceptation est la douleur. Personne ne veut souffrir, personne ne veut voir de choses affreuses, se rappeler de choses, voir ses faiblesses, ou admettre des choses effrayantes. C'est totalement normal. S'accepter, ça peut paraître simple, et ce l'est quand tout va bien, mais quand ça va mal le premier réflexe est de fuir. Fuir ne règle rien, mais ça fait moins peur sur le court-terme. Souvent, on ne s'accepte pas parce qu,on a peur que si on s'acceptait, quelque chose de terrible arriverait. Malheureusement, ça revient exactement au même que si on entendait un bruit dans la pièce d'à côté au milieu de la nuit, et qu'on préférait se cacher dans son lit plutôt que d'aller voir et de risquer voir un voleur. Le fait que vous vous cachiez dans votre lit ne change rien au fait que le voleur soit là. Cela ne vous protège pas. Cela vous rend même encore plus vulnérable, s'il y a un voleur. Et s'il n'y a pas de voleur, cela vous laisse dans la peur, pour rien. La douleur que vous avez, probablement que vous la vivez déjà en grand partie, que vous l'acceptiez ou non. Les faiblesses que vous refusez de reconnaître en vous, vous en payez déjà les effets, et vous vous accusez déjà de les avoir. Une blessure ne saigne pas plus quand on la regarde saigner.

Il peut également y avoir des peurs associées au fait de s'accepter. Une des peurs courantes est que si on s'accepte, avec ses défauts, alors on se laissera aller et on deviendra tous ses défauts. Mais accepter, ce n'est pas "etre d'accord avec". Accepter, c'est simplement reconnaître. On peut reconnaître/accepter qu'on a défauts, sans pour autant etre d'accord avec ça. Prenons l'exemple d'une maison, qui aura un trou dans son toit. Il faut accepter le trou dans le toit. Si on refuse de voir le trou, ou qu'on nie qu'il est là parce qu'il ne devrait pas etre là, ou qu'on se contente de le juger et de lui crier après, on ne pourra jamais réparer le toit. Accepter le trou ne veut pas dire qu'on aime ce trou, qu'on le trouve bien, beau, ou souhaitable. Un trou dans un toit ça reste toujours quelque chose de déficient et désagréable quand il pleut dehors; mais pour le réparer il faut bien admettre qu'il est là.

Pour résoudre un problème, il faut :
_ admettre que le problème est là
_ le considérer en ce qu'il est, pas en ce qu'il devrait être, ou ce qu'on voudrait qu'il soit
_ le prendre en compte comme partie intégrante du tout
C'est la même chose pour soi-même, pour ce qu'on vit, pour ce qu'on ressent. Tout est là et tout nous constitue; le bon comme le mauvais, les qualités comme les défauts, le joyeux comme le triste. Nier une partie de ça, c'est nier le tout, car le tout n'est vraiment « tout » qu'en incluant tout ses aspects.

Un dernier obstacle, lié au jugement, qui empêche l'acceptation, est le rabaissement, la moquerie, le sarcasme. Se dire qu'on fait semblant, se dire qu'on ne fait que se plaindre sans raison, se dire qu'on n'est qu'un gamin stupide, qu'une pleurnicheuse, se dire qu'on est simplement nul à chier, se dire qu'on ne peut avoir de faiblesse parce que sinon le pire arrivera, se dire qu'on s'imagine qu'on est malade mais qu'en fait on va bien, se dire qu'on s'imagine qu'on va bien alors qu,en fait on est fou. Toutes ces phrases nous nie. Toutes ces phrases ignore notre souffrance, ou nos qualités. Ces phrases, peut-être que d'autres nous les ont dites, des parents, des amis, n'importe qui; mais ces phrases restent fausses. Vous êtes une personne unique et complexe. Et vous avez un problème, sinon vous ne vous mutileriez pas. Et vous avez des avez des qualités et des espoirs, sinon vous ne seriez pas ici à essayer de vous en sortir. Vous ne pouvez pas etre réduit à une phrase, et vous êtes un tout.


Apprendre à s'accepter

Comment s'accepter alors? Il y a plusieurs méthodes pour ça, qui mériteraient chacune leur propre page. Une méthode très utile est la méditation pleine conscience, que vous pouvez trouver ici : http://www.ecsa.ucl.ac.be/mindfulness/p ... ntMBCT.pdf et que vous pouvez entraîner avec les enregistrements trouvés ici : http://www.cps-emotions.be/mindfulness/ ... ulness.php

En général, les méditations de pleine conscience se basent sur 4 étapes, 4 entraînements à faire :
_ Accepter sa respiration : Telle qu'elle est, dans le moment présent. Sans la juger ou la modifier. Sans la compter, la prédire, l'évaluer. Juste la considérer comme elle est, à chaque instant.<
_ Accepter ses sensations corporelles : Écouter et sentir son corps comme il est. Sans bouger, sans chercher à déceler plus de choses qu'il n'en dit. Juste ressentir ce qui est là.
_ Accepter les sons : Écouter les sons qui ont là, ou sont absents. Essayer de rester le plus neutre possible, ne pas s'occuper de savoir d'où viennent les sons, essayer de les comprendre, ou essayer de prédire s'ils vont s’arrêter ou continuer. Juste les entendre tels qu'ils sont, dans l’instant présent.
_ Accepter ses pensées : La dernière étape, la plus difficile. Simplement voir ses pensées, ses ressentis. Sans les juger, sans s'y accrocher. Juste laisser passer ce qui passe, laisser vivre ce qui est là.

Ces 4 étapes sont incluses dans la méditation pleine conscience que vous pouvez trouver au lien suivant. Il est probable que ayez de la difficulté à faire la méditation complète dès la première fois; prenez votre temps, et acceptez que vous n’êtes qu'au début de l’entraînement.

http://www.ecsa.ucl.ac.be/mindfulness/mp3/BW3.mp3


Ce qu'il y a à retenir, est que s'accepter est un entraînement. Il faut s’entraîner à enlever les obstacles, petit à petit. Enlever le jugement, enlever les peurs, incluant la peur de souffrir. Se concentrer sur soi, sur le présent, en essayant d’être le plus neutre possible. Essayer de décrire ce qu'on sent et ce qu'on vit avec un vocabulaire neutre Enlever les « bons/mauvais », enlever les « je devrais/j'aurais dû », enlever les « je veux/je ne veux pas ». Juste dire ce qui est, tel que c'est. Cela ne se fera pas du jour au lendemain, et ça demandera des efforts au départ, car les mécanismes de jugement sont profondément ancrés et paraissent naturels. Plus le temps passera, plus vous vous entraînerez, et plus ce deviendra facile et naturel.


Les bienfaits de l'acceptation

Le fait de s'accepter peut paraître sans importance, comme un détail. C'est au contraire quelque chose d'essentiel, qui à lui seul peut guérir certains troubles. Une fois que l'on s'accepte, on devient libre de tout l'auto-jugement qui détruisait notre estime de nous-mêmes. Nos problèmes ne sont pas résolus, mais au moins ils ne sont plus sur-amplifiés par cette voix en nous qui nous insulte au moindre faux-pas. Quand on ne se juge plus, on n'a plus de raison de se punir. Quand on s'accepte, on n'a plus besoin de l'intimité de la lame pour se retrouver. Quand on vit dans le présent, dans le réel, le stress des futurs possibles disparaît, et on n'est plus écrasé par lui.

Aussi, en apprenant à s'accepter, on apprend à se connaître, et à s'écouter. On apprend à voir les moments où on commence à perdre pied, les moments où on commence à devenir en colère, ou désespéré, ou anxieux. Et une fois qu'on sait reconnaître ces moment, on peut agir, enfin, à les changer, dès le départ, et non une fois que le mal est fait ou une fois que nos émotions nous ont fait perdre toutes nos ressources. Ce facteur de reconnaissance de soi-même est la raison pour laquelle l'acceptation de soi est centrale dans les thérapies comportementales dialectiques. On ne peut agir que sur ce qu'on voit. On ne peut réparer le toit de la maison que si on on sait où il faut boucher, et cela avant qu'il se mette à pleuvoir tellement que les travaux deviennent impossibles.

L'acceptation est quelque chose de fondamental, qui a des bienfaits énormes, que ce soit pour des personnes qui souffrent de troubles mentaux ou n'importe qui d'autre. Cela vous libère de tous ces poids et obstacles qui vous empêchent d'avancer, et qui font de chaque petite erreur une montagne. Et en enlevant tous ces cris, peurs, et jugements en vous, l'acceptation laisse enfin de la place à la paix intérieure.
Chaque mort m'amoindrit; chaque sourire me grandit.

[Si je vous aide, remerciez-la].
Avatar du membre
Laurent MB
Ancien modérateur
Messages : 3970
Enregistré le : sam. 22 janv. 2005, 20h38
Localisation : relocated

Re: S'accepter soi-même

Message par Laurent MB »

À noter que la méditation mindfulness/pleine conscience est contre-indiqué dans les cas de schizophrénie. Certains ne recommandent pas non plus le mindfulness quand on est en dépression (ca dépend par contre des écoles de pensée, vu qu'il y a des thérapies mindfulness pour les borderline, mais celles-ci sont par contre supervisées par un psychologue)
Chaque mort m'amoindrit; chaque sourire me grandit.

[Si je vous aide, remerciez-la].
Avatar du membre
abcouxyz
Messages : 517
Enregistré le : mar. 14 août 2012, 03h02
Localisation : IL

Re: S'accepter soi-même

Message par abcouxyz »

Très intéressant merci :)
(J'ai pris mon âme et mon corps en otage.)

J'ai pris mon ombre par la main, je l'ai caché dans ces buissons avant de continuer mon chemin.
Répondre