Comment dire qu'on est en crise et qu'en attendre

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Lious
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Comment dire qu'on est en crise et qu'en attendre

Message par Lious »

Bonjour.

Par crise, j'entends un état général qui pousse bruyamment et brutalement vers des solutions autodestructrices aux conséquences néfastes vraisemblablement irréversibles, entre autres.

Passé le doux moment de révélation qui indique que, en l'état, seul, l'ensemble va foncer dans le mur (et accessoirement obéir aux impulsions), arrive la question à un million : ok, ça va pas bien, et maintenant, on fait quoi ?

Réponse type : Ben on en parle.

A qui ? Et dans quel but ?
Y a-t-il d'autres réponses que ça ?

Tout ceci suscite chez moi une vaste incompréhension. Je n'ai aucune réponse à ces questions.
Je n'ai la plupart du temps aucune intention de parler de tout ce qui m'encombre, pour des raisons qui généralement relèvent de la pudeur et volonté de garder personnelles des pensées que je trouve très intimes, de la crainte d'être enfermé et traité de force, ou bien de celle d'écraser les personnes qui voudraient bien m'écouter, qui sont souvent suffisamment compatissantes et fragiles pour que ça puisse leur faire plus de mal que je ne voudrais leur infliger.

Viendra cependant le moment où la probabilité de mes passages à l'acte sera maximale. Ce que je vis intimement n'aura plus rien d'intime, et les personnes que j'espérais préservées seront alors brutalement mises face à une réalité à laquelle je les aurais empêché de participer et qu'elles devront subir.

Alors où se positionner ?
A qui m'adresser ? Pour dire quoi ? Pour rechercher quoi ?
Quand, à moi, tout semble perdu, où puis-je trouver cette énergie de mettre d'autres personnes face à ce gouffre ? Pourquoi m'infliger ça alors que ça me semble inutile, pourquoi leur infliger ça alors qu'ils n'ont rien demandé ? Pourquoi en parler alors que je ne sais même pas si je suis censé en attendre quelque chose, ni si je suis à même de seulement vouloir retrouver une normalité de pensée ? Pourquoi tenter de justifier mes ressentis auprès de personnes qui n'en verront certainement pas la profondeur au premier abord, quand je n'ai même pas la conviction qu'ils ont intérêt à être entendus ?



Edit: Je relis mon message et il est vraiment négatif, mais je ne le place pas en section "faire face" pour rien. Ce sont juste des questions telles que je me les pose. Je cherche justement à faire face, quoi.
"Il n'y a pas de circonstances fâcheuses. Il n'y a que des fâcheux. Et tu dois leur passer dessus. Tu as bossé aux urgences, mec. Tu sais que dans la vie, il n'y a que les paranoïaques qui survivent..." - Z.
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MissyF
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Re: Comment dire qu'on est en crise et qu'en attendre

Message par MissyF »

En face de crise, on est pour soi-même en danger et les autres aussi, mais ce n'est que mon point de vue.
Qui d'autre à part nous puisse gérer la situation ???

En tout cas pas les autres.

Dire qu'on est en crise, c'est déjà le reconnaitre. Après comment faire ? Là est tout le mystère.

En situation de crise je me suis Toujours Tue, et j'ai toujours passé à l'acte. Shame on me. Et j'ai fait souffrir mes proches. Maintenant je verbalise et je ne reste plus dans mon coin.
Aujourd'hui construit demain.
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Ysilne
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Re: Comment dire qu'on est en crise et qu'en attendre

Message par Ysilne »

Lious a écrit :Réponse type : Ben on en parle.
J'aime mieux : "on communique". Parce que bon, pour parler il faut en être capable et avoir des interlocuteurs adaptés. Si on est seul, qu'on n'a pas confiance, qu'on ne trouve pas les mots, qu'on ne sait pas s'exprimer, qu'on a peur des conséquences, ça ne marchera pas ou pas bien.
Communiquer, ça peut se faire par écrit, ça peut se faire à distance, ça peut se faire sans mots.

Par contre, si réellement il y a danger, parler à un pro me semble essentiel. D'où l'importance d'en identifier un avant la crise, pour avoir un minimum confiance et avoir prévu le contact.

Ensuite, les crises sont différentes pour tout le monde. Il semble que pour toi ça dure, et ça empire avec le temps.
Dans ces cas là, il faut bien à un moment un changement pour en sortir. Ca peut prendre plusieurs formes selon les besoins : un arrêt de travail, une hospitalisation, un passage à l'acte...

J'ai deux types de crises. Le plus souvent, mes crises sont temporaires. Avec un fort risque de blessure, et même selon l'intensité des idées suicidaires, mais j'en identifie maintenant les causes. Et surtout, je sais que ça passe, et que le meilleur moyen pour ça n'est pas de parler (surtout que trop d'interactions sociales est un des déclencheurs) mais de m'isoler, des gens et des sens.
Si par contre c'est un mal-être plus global, une situation qui s'éternise, je suppose qu'il faut communiquer. Mais là je rejoins tes interrogations.

Pourquoi m'infliger ça alors que ça me semble inutile, pourquoi leur infliger ça alors qu'ils n'ont rien demandé ?
Ce n'est pas parce que ça te semble inutile que ça l'est.
Pour les gens, il vaut certainement mieux être confronté à tes mots et tes pensées qu'à tes passages à l'acte.


Un point qui me semble important : l'idéal ce n'est pas de savoir gérer la crise, c'est de savoir anticiper pour qu'elle n'arrive jamais.
Selon les personnes et les types de crise, c'est plus ou moins faisable. En apprenant à se connaitre, en suivant les bonnes thérapies, en adaptant son quotidien, avec un traitement...
La douleur qui se tait n'en est que plus funeste.
RAC. Androm. III, 3.
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Morpheen
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Re: Comment dire qu'on est en crise et qu'en attendre

Message par Morpheen »

Ysilne a écrit :Un point qui me semble important : l'idéal ce n'est pas de savoir gérer la crise, c'est de savoir anticiper pour qu'elle n'arrive jamais.
:wou: :jap:

Un smiley ne fait pas un message, mais "dans mon cas" (après avoir virer la tentative descriptive =)) c'est parfois bien plus adéquate et ... lisible, au moins reste l'idée de l'intention sans fioriture ni chichi ou digressions :oops:

Lious pour toi, d'après le feeling post lecture : ce seras cela en mode smiley, simple et efficace :D
:klin: :bras: :klin:

:chat:
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Ashmida
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Re: Comment dire qu'on est en crise et qu'en attendre

Message par Ashmida »

Je ne sais pas si je suis vraiment légitime pour te donner une réponse. (surtout un mois plus tard).

Je vais te répondre par rapport à mon expérience personnelle. Je n'ai jamais réussi à anticiper les crises. Mais j'ai appris à les gérer. J'ai mis des barrières. Dés que je sens que je suis en train de sombrer et que ça va devenir incontrôlable déjà je mets en marche "l'auto analyse". Pourquoi je veux faire ça? Qu'est ce qui me mets dans cet état? (ça marche très souvent. Ca permet de relativiser les choses et ça réduit l'envie de se faire du mal). Ensuite je communique avec des amies. (J'ai découvert que parler m'aidais énormément et j'ai des amies assez compréhensives). Néanmoins chacun est différent.

Après effectivement quand j'étais vraiment au plus mal et que j'étais incapable de me tourner vers les autres (peur de leur faire du mal, de leur faire peur etc...) j'avais mis tout un tas de numéro d'urgence dans mon téléphone. J'ai appelé parfois ça m'a évité de faire de grosses de bêtises. Mais je pense que pouvoir dire je suis pas bien, j'ai besoin d'aide et je peux éviter de faire "ça" (qu'importe ce qu'est le "ça" en question) c'est déjà un grand pas. Après on est pas toujours apte à un moment t d'y échapper et c'est là où selon le "ça" il faut savoir se mettre à l'abris.

En réalité on peut avoir beaucoup d'aides extérieures mais le plus angoissant constat c'est que les décisions c'est nous qui devons les prendre. Personne peut nous sauver à notre place c'est une évidence mais cela ne veut pas dire qu'on a pas besoin d'aide et qu'on est pas en droit de la demander. C'est comme si on disait à un chevalier de tuer le méchant dragon sans armure ni épée ni cheval (pour un chevalier c'est caucasse...^^). On est en droit de demander une épée, des pouvoirs magiques... Le tout c'est de le demander et de s'en servir après il faut se dire qu'aussi long que soit le combat au bout d'un moment le dragon s'épuisera de lui-même.

Je doute que tout cela apporte quelque chose mais si c'est la cas ça valait le coup que je l'écrive sinon tant pis. (le chevalier aura peut être fait sourire certaines personnes. ;) )
Les étoiles meurent dés que l'aurore pointe c'est le soleil qui me l'a dit.
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Morpheen
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Re: Comment dire qu'on est en crise et qu'en attendre

Message par Morpheen »

Salut :cou:

J'oserais me permettre d'intervenir ici juste afin de surligner comme la métaphore du chevalier avec/sans armure est superbement choisie :wou: :jap:

:chat:
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Songerie
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Re: Comment dire qu'on est en crise et qu'en attendre

Message par Songerie »

Pour moi c'est juste super compliqué parce que je ne sens pas arriver les choses. Donc pas de possibilité de demander de l'aide en amont !

Ma derrière barrière avant la tentative d'autolyse c'est justement la mutilation sauvage . Après c'est l'internement pour tenter de sauver les meubles ..
Chaque grain de lumière, Pour un grand rayon de soleil.

Quando mi dicono ... " non sei normale" mi guardo attorno ... ci penso... tiro un sospir di sollievo e rispondo... E meno male !
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Lious
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Re: Comment dire qu'on est en crise et qu'en attendre

Message par Lious »

(Je lis tout ça avec attention, merci pour vos réponses qui n'ont et ne vont certainement pas aider que moi. Je ne me sens juste pas le courage de répondre. Mais merci.)
"Il n'y a pas de circonstances fâcheuses. Il n'y a que des fâcheux. Et tu dois leur passer dessus. Tu as bossé aux urgences, mec. Tu sais que dans la vie, il n'y a que les paranoïaques qui survivent..." - Z.
Melissa
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Re: Comment dire qu'on est en crise et qu'en attendre

Message par Melissa »

Je veux me suicider. J’en ai parler mais cela ne sert a rien. Je veux le faire por eprouver des choses. Je fonce droit dans le mur car je suis obliger de faire du mal a ce que j’aime pour ne pas qu’il se rendent compte de mon malheur.
Aider moi svp. :facepalm: :facepalm: :'( :'( :'( :'( :'( :'( :'( :'( :'(
Renly
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Re: Comment dire qu'on est en crise et qu'en attendre

Message par Renly »

hum au fait, je voulais savoir, le sujet est toujours d'actualité? Je parle de l'envie de faire une connerie, parce qu'à l'évidence, tu es encore vivant. Ce qui est plutôt une bonne chose.

Mais vu que le sujet me parle vraiment beaucoup et que je pouvais peut être t'apporter quelques choses (sans grande prétention non plus), je me suis posé la question si je pouvais te faire une réponse ou non. Du coup, je pose la question avant.
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Yamael
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Re: Comment dire qu'on est en crise et qu'en attendre

Message par Yamael »

Renly : Sans parler à la place de Lious, tu peux répondre, les sujets sont ouverts à tous et d'autres peuvent être intéressés ;)
I will swallow
If it will help my sea level go down
But I'll come back to haunt you if I drown
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Lious
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Re: Comment dire qu'on est en crise et qu'en attendre

Message par Lious »

En ce qui me concerne, ça va mieux en ce moment. Ceci dit, la crise reviendra un jour, alors je suis preneur de toute réponse ! Et comme dit Yamael, ça peut servir à tout le monde.
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Renly
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Re: Comment dire qu'on est en crise et qu'en attendre

Message par Renly »

Il y a déjà eu un petit paquet de réponse assez constructives et intéressantes, donc je vais essayer d'éviter la redite ou en tout cas, d'aborder certaines réponses avec un autre angle de vue. (Notamment Ysline, je relis une nouvelle fois ton poste et vu qu'il est assez complet, je pense que je ne vais rien dire de très novateur).

Mais vu que je me suis quand même engagé pour répondre, autant pousser le bouchon quand même.

Pour rebondir sur la bonne remarque de Ysline, le mieux c'est encore de prévenir la crise.
Un point qui me semble important : l'idéal ce n'est pas de savoir gérer la crise, c'est de savoir anticiper pour qu'elle n'arrive jamais.
Par crise, j'entends un état général qui pousse bruyamment et brutalement vers des solutions autodestructrices aux conséquences néfastes vraisemblablement irréversibles, entre autres.

Passé le doux moment de révélation qui indique que, en l'état, seul, l'ensemble va foncer dans le mur (et accessoirement obéir aux impulsions), arrive la question à un million : ok, ça va pas bien, et maintenant, on fait quoi ?
Pour ma part, j'aborderais la crise débouchant sur une tentative de suicide ou suicide et sons sur de l'auto mutilation (quelque soit la forme qu'elle prend).

A/ prévenir/repérer les signes.

Généralement, quand tu commences à te rendre compte que tu as plus des plans suicide concrets en tête que d'envie vague suicidaire, quand tu percute que tu as un stock un peu trop conséquent de substances nocives voir mortelle sous la main, etc etc (la liste est longue); c'est que tu es sur la mauvaise pente.

Finalement, je fais vraiment de la redite de Ysilne : ce sont des signes un peu propre à chacun qu'on apprend à reconnaitre avec le temps. Le mieux est tout de même de les identifier AVANT de se rendre compte qu'ils étaient précurseurs d'une grosse boulette.

Quand tu te rend compte des points par rapport à cette liste (non exhaustive), tu peux commencer à flipper à plus ou moins grosse échelle.
Déjà petit introspection genre: "ok, comment ça se fait que j'en suis arrivé là? ".

Si tu arrives à répondre à la question, tu es sur la bonne piste pour te reprendre en main.

Sinon, je te conseillerais, selon ton quota de point, de soit:
_prendre rendez vous au plus vite pour avoir un suivit psy (pas médecin + médocs, soyons d'accord. Ca c'est le plan craignos si tu veux te rajouter des batons dans les roues).
Soit:
_d'aller aux urgences psy en expliquant que tu viens de te rendre compte que tu prémédites un suicide, que tu as accumuler un peu trop de point (tu peux expliquer/détailler les points) et qu'il serait tant que tu te mettes à l'abris où sinon tu ne passera pas la semaine.


Ensuite,
B/Pour répondre à la question principale:

Comme tu le soulignes, en cas de crise tu sais qu'être seul plus longtemps, c'est courir à la catastrophe. Donc la première solution, tu appelles de potes. Et même pas forcément pour parler de ce qui vas pas ou autre en rapport. Juste parler.
De la pluie et du beau temps si tu veux, en sous lignant quand même que t'es pas trop dans ton assiette, bad un peu whatever selon le degré de réception de la personne que tu as au bout du fil.
Deuxième solution, tu vas voir un pote (bon, je sais que l'argument ne tient pas toujours pour tout le monde, j'ai des amis assez compréhensif pour ma part).

[en fait, tu fais tout les trucs que tu ferais pour parer une crise d'auto blessure, sauf que là c'est pour une crise suicidaire. ]

Troisième solution, tu te coupes, ou tu vas faire du sport. Libérer des endorphines c'est plutôt conseiller dans ces moments là.

Dernière solution, tu te pointes aux up (urgences psy).
Généralement, la dernière solution coupe assez court à toute envie. Attention, tu restes aux up le temps que la crise passe. De toute façon, si tu essaie de te barrer alors que tu as été pris en charge, généralement on te rattrape. tester pour vous les loulous :wou:
Ce n'est pas pour te faire peur, au plus long tu peux rester un jour (je parle une fois ta prise en charge), on va peut être te renvoyer vers un CMP et hop, freedom!
Les cas de HDT restent quand même rares, vraiment. Je ne dis pas qu'il n'y a aucune chance que ça arrive, mais ça reste rare. Et je ne vois pas trop l'intérêt de te garder plus longtemps que le temps de ta crise une fois passé.

Ca, ça reste quand même le cas extrême, et c'est uniquement pour sauver les meubles. Les séjours en HP n'ont jamais tué personnes, certes c'est pas hyper agréable et c'est chiant, mais le but c'est quand même de te reposer et te garder en vie.

Et c'est une case TRANSITOIRE : après, tu cherches un suivit. Parce qu'il faut être honnête, quand tu en arrives là, c'est que dans le fond ça va quand même pas très bien du tout, et depuis un petit bout de temps déjà.


On en retiendra une chose: il faut réagir dans ce cas là. T'as peut être pas envie d'entendre tes potes, tes potes ne seront peut être pas fin heureux de savoir que tu bade, c'est chiant et stressant d'appeler des numéros d'urgence ou d'aller aux urgences psy... mais ça vaut clairement mieux que d'apprendre que tu aura fait un gros merdage, ou de devoir se pointer à ton enterrement, pour toi comme pour eux.

En espérant que ma réponse apporte quelque chose.
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