Saigner pour ressentir, attention pavé (ATT AM)

Ici vous pouvez discuter de tout ce qui concerne directement l'automutilation, mais aussi de ce qui n'a pas sa place ailleurs.
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Joker
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Saigner pour ressentir, attention pavé (ATT AM)

Message par Joker »

Bien le bonjour à vous,

j'ai mis la mention "ATT AM" un peu au pif. Comme je suis nouvelle, je ne sais pas trop à partir de quand on considère qu'un message peut heurter la sensibilité, donc j'ai préféré prendre les devants. Bon, alors ce soir, il faut absolument que je parle, sinon je vais juste péter un câble. Je m'excuse d'avance pour la longueur du post, ça risque d'être un pavé.
J'avais l'impression d'en être sortie - je le croyais sincèrement, et pourtant je n'ai jamais complètement arrêté. Ces dernières années, je me suis automutilée (ou autoblessée, même si ça se dit pas) environ une fois par mois, ce qui n'est quand même pas énorme. Autrefois, il y a eu des périodes où je me coupais plusieurs fois par jour. Je détestais l'arrivée de l'été parce que ça signifiait crever de chaud sous des pantalons et des tee-shirt à manches longues, pour éviter les questions gênantes. Maintenant ça ne me gêne plus. Quand je me blesse, je le fais à des endroits plus discrets et les cicatrices sur les bras et les jambes sont anciennes, quoique toujours visibles. ça me stresse toujours quand je surprend le regard d'un inconnu ou d'un proche fixé sur mes bras (ça arrive régulièrement). Surtout qu'y a pas mal de gens qui font ça d'une manière vraiment peu discrète. Quand on me demande ce que c'est, je réponds "je me suis battue avec un lion !" ou "ah là là, la crise d'adolescence, tu sais ce que c'est...". Comme ça, les gens se marrent et n'insistent pas. Je fais semblant de trouver ça drôle ou anodin, comme si je m'étais contentée de m'égratigner avec l'initiale du prénom d'un amoureux maudit. Sauf que ce n'est ni drôle, ni anodin. Du coup, je ne parle de ça avec personne. Autrefois, quand c'était une addiction incontrôlable, j'en discutais avec des amies ou des gens qui faisaient la même chose, rencontrés via internet. ça ne m'aidait pas des masses, mais c'était toujours ça. Aujourd'hui je n'en parle plus du tout. Pour n'inquiéter personne. Pour me prouver à moi-même que je ne fais pas ça pour attirer l'attention. Les gens croient que c'est terminé. ça ne l'est pas.
Le pire, vous connaissez sans doute ça, c'est quand un enfant vous demande ce que vous avez sur les bras. Comment dire ça à un gosse ? Comment lui dire, "tu sais, petit, dans quelques années tu passeras peut-être par là, toi aussi. Les ados ne sont pas tendres entre eux, oh que non, tu risques de morfler ! Tu veux que je te conseille des instruments ?"
Pardonnez-moi. L'humour noir me permet de dominer tout ça.
Jouer les alchimistes de comptoir. Transformer la douleur psychique en douleur physique. Vous savez ce que c'est. Pour que la douleur qu'on n'arrive pas à dire devienne concrète. Ou parce qu'on est trop vide à l'intérieur - pour ressentir enfin quelque chose. Autrefois, c'était pour exprimer mon mal-être. Et aussi, peut-être, pour trouver une justification à mon malheur. On dit parfois aux gens déprimés qu'il y a pire ailleurs, qu'il faut relativiser. Que tant qu'on a un toit sur la tête et de la bouffe dans la gamelle, on n'a aucune raison de se plaindre. Alors on se sent coupable d'être malheureux alors qu'on ne devrait pas. Quand on se fait du mal, là, on sait pourquoi on a mal - on légitime le mal.
Aujourd'hui, j'ai l'impression d'aller bien. Mais l'envie de me faire du mal est toujours là. Cette fois, je crois que c'est pour chasser le vide dont je parlais ci-dessus. Vous connaissez ce sentiment ? Il est mien depuis des années. J'ignore ce qui l'a provoqué. J'ai des pistes, aucune certitude. Aller mal est une chose. Ne rien ressentir en est une autre. être indifférent aux autres. Avoir la sensation que nos rares émotions ne sont que des réactions programmées par le cerveau pour donner le change, parce qu'admettre qu'on ne ressent rien, c'est admettre qu'on est un monstre.
J'ai cru aimer quelqu'un, il y a quelques mois. Puis je n'ai plus rien ressenti. Alors j'ai rompu. L'autre a pratiquement sombré dans la dépression. Et je m'en foutais. Sincèrement. Je m'en fous toujours, d'ailleurs, alors qu'il est au plus mal. A cause de moi. Et alors ? Suis-je responsable des sentiments que je peux provoquer ? Devrais-je me sentir coupable pour avoir rompu parce que je n'aimais pas, plus ? Je ne le pense pas. Mais je sais quand même que quelque chose cloche. Qu'on est censé se soucier de ceux qui ont compté pour nous. Qu'on est censé être triste, ou content dans les cas les plus pervers, de leur faire du mal. Moi, je m'en fous.
C'est peut-être pour ça que j'aime autant me faire du mal. Pour ressentir un truc, enfin, même si c'est négatif. Ou pour me punir ? Dans ce dernier cas, c'est vraiment très inconscient, alors, parce que je ne me sens coupable de rien.
Vous savez pourquoi on se sent aussi bien pendant les minutes qui suivent l'AM ? Il y a une explication scientifique, je crois. Paraît qu'en cas de douleur vive, le cerveau secrète des endorphines pour calmer la souffrance. ça rend euphorique.
J'ai aussi envie que les gens s'occupent de moi, il faut dire ce qui est. Je ne suis pas du tout communicative. Quand je vais mal, personne ne s'en aperçoit et je n'en parle pas. J'attends des autres qu'ils soient des devins. S'ils sont incapables de voir tout seuls ce qui est invisibles, alors ils ne me seront d'aucune utilité pour résoudre mon problème. C'est ridicule, je sais, mais je fonctionne comme ça depuis toujours, je sais à quoi c'est dû et ce n'est pas près de changer. Alors parfois j'ai envie d'attirer l'attention. Une façon de leur dire : "hey, je suis là, ça ne va pas, aide-moi, mais je ne m'abaisserai pas à te le demander directement". Alors j'arbore une coupure à la base du cuir chevelu - pour que ça ne se voie pas trop -, des ecchymoses sur le poignet, des croûtes purulentes sur les doigts. Pour qu'on me pose la question, au moins, même si je ne dis jamais la vérité, même si j'élude la question. Pour savoir qu'on se soucie quand même de moi.
J'essaie de ne pas trop me couper. Je privilégie d'autres méthodes, tout aussi douloureuses, mais moins voyantes. Des coupures parallèles et nettes sur le bras, c'est un véritable aveu. Difficile de trouver une excuse, j'ai passé mon adolescence à en chercher. Un chat, un chien, des ronces... tss. Pas besoin d'être médecin pour savoir que seule une main humaine armée d'un objet coupant peut tracer des sillons aussi nets. Mais rien ne vaut l'AM. Parce qu'il y a quelque chose d'éminemment symbolique à voir une blessure cicatriser de jour en jour. Comme si la souffrance guérissait avec.
Un jour, un ami m'a dit qu'il les trouvait belles, mes cicatrices. C'était la première fois qu'on me disait ça. ça m'a étonnée, parce qu'il n'avait jamais évoqué ce sujet. Je pensais qu'il n'avait rien remarqué. Il m'a dit que ces traces sur mes bras racontaient une histoire. Que le temps n'épargne aucun humain et que la peau de bébé qu'arborent certaines personnes lui paraît laide. Parce que les rides, les marques témoignent de notre vie. Un visage parfait est une visage qui n'a jamais rien vécu.
Il y a beaucoup de gens qui éprouvent le besoin de me prendre le bras et de passer un doigt sur les cicatrices. Sans même demander l'autorisation, la plupart du temps sans qu'on ait abordé le sujet de l'AM. ça vous arrive, à vous aussi ? ça les fascine. Je n'aime pas quand on fait ça. D'autant que ce sont toujours des gens que je connais peu, voire à peine. Jamais des proches. Ceux-là n'oseraient jamais.

Bref. Là, ce soir, j'ai envie de me couper. Le bras, pour être plus précise. ça fait longtemps que je ne l'ai pas fait à cet endroit. Des années, je pense.

(Attention : ne lisez pas ce spoiler si vous n'avez pas complètement arrêté l'AM. Si vous êtes comme moi, ça risque de vous donner envie de le faire et ça, ça me ferait bien chier. Désolée pour ce qui suit, mais j'ai besoin de l'écrire. Si un modérateur considère que ça n'a pas sa place ici, s'il vous plaît, merci de supprimer seulement ce passage et non tout mon message, qu'il m'a fallu du temps et du courage pour rédiger).

Un bon truc bien profond. Voir couler le sang. Voir la chair s'écarter. Apprécier ces quelques secondes où la plaie béante reste blanche avant l'afflux rouge. Couleur de la passion. Si le sang était blanc, je suis sûre qu'une bonne majorité d'entre nous ne se couperait plus. Se sentir enfin vivant, parce que si on saigne, n'est-ce pas qu'on peut mourir ?
Pourquoi sur le bras et pas ailleurs ? Pour voir facilement l'évolution de la plaie, quand j'en aurai envie. Ne pas être obligé de se déshabiller ou de prendre une douche pour regarder la tête du truc. Moi, ça me fait du bien. ça me FAISAIT du bien.
La seule chose qui me fait hésiter, c'est qu'on est en été et que je n'ai pas envie de me trimballer des pulls pour cacher ça en cette chaude saison. Sans ça, ce serait fait depuis minuit et je serais enfin soulagée.
Un pansement, un bandage ? Personne ne serait dupe. Dans ma famille, ils ne redoutent qu'une chose, me revoir recommencer. Ils ignorent que je n'ai jamais complètement arrêté.
Alors quoi ? Il y a quelques années, j'ai épluché tout l'internet à la recherche de moyens de remplacement. Je connais par coeur toutes les techniques. Se dessiner un trait rouge au marker pour imiter le sang, mettre un pansement pour faire semblant de s'être coupé, remettre à plus tard (c'est ce que je fais depuis un mois), écrire, dessiner... ça ne marche plus. Enfin, si, ça marche, puisque je n'ai toujours pas cédé à cette pulsion. Mais c'est effroyablement temporaire.
Je ne cherche pas de conseils. Tous ceux qu'on peut donner à propos de l'AM sont bateau, je les ai déjà entendus et prodigués mille fois. J'avais juste besoin d'écrire. Et ce n'est pas si dramatique, une fois par mois. C'est juste que ce soir, ça m'obsède.

Joker. Merci de m'avoir lue, pour les rares qui auraient eu la motivation d'aller jusqu'au bout.
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olp
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Re: Saigner pour ressentir, attention pavé (ATT AM)

Message par olp »

Salut Joker, bienvenue ici.

Ton message me heurte. Rien d'un reproche, simplement, tu exprimes avec un mélange de lucidité et de froideur des choses universelles de l'am, et d'autres qui le sont peut-être moins mais que j'ai ressenties (ressens?).
Je me retrouve un peu là-dedans. Et je suis un peu dans la situation de quelqu'un qui a arrêté dans sa tête, et aux yeux de tous, mais qui se blesse de temps à autres, avec le maximum de discrétion, du coup.

Ton "ATT AM" était bien placé et aucun modo ici n'effacerait ton message entier pour un passage un peu cru, rassure-toi ;-).

Je sais que les méthodes de remplacement ne fonctionnent pas indéfiniment, et pas par tout le monde. Si ca te permet déjà de reporter quelques temps, c'est pas mal.

Le doigt sur les cicatrices, ca m'arrive de temps en temps. Moi, ça me dérange pas. C'ets plus souvent des gens qui me connaissent au moins un peu; et j'y perçois (à tort ou à raison) plutot une sorte de tendresse.

Tu ne veux pas de conseils, alors je me contente de te dire que t'ai lu jusqu'au bout. Et que j'espère que ta nuit n'a pas été trop épouvantable, que tu pourras te passer de te couper cette fois-ci. C'ets vrai que c'est un sale moment pour cuire sous un pull et que des parents traumatisés interprètent toute autre tentative de dissimulation comme une am.

Courage à toi, n'hésite pas à repasser pour nous en dire un peu plus.
"O douleur! ô douleur! le Temps mange la vie
Et l'obscur ennemi, qui nous ronge le coeur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie"
Ch. BAUDELAIRE--Les fleurs du mal--l'Ennemi
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Ysilne
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Re: Saigner pour ressentir, attention pavé (ATT AM)

Message par Ysilne »

Bonjour Joker, et bienvenue ici.
Ton message est très bien écrit, et décrit si bien l'automutilation qu'on doit être nombreux à se retrouver dans tes mots.

J'aime bien "autoblessé". J'aurais préféré que ça existe, que ce soit le vrai mot. Comme le self-injury anglais.


Joker a écrit :Le pire, vous connaissez sans doute ça, c'est quand un enfant vous demande ce que vous avez sur les bras. Comment dire ça à un gosse ?
Avis perso : le pire, c'est quand c'est son enfant... :?
Selon l'âge, avec les enfants, c'est quand-même facile. C'est un bobo. Et la minute suivante il aura oublié.

"Transformer la douleur psychique en douleur physique." Pourquoi as-tu mal ? Le sais-tu ?
Aujourd'hui, j'ai l'impression d'aller bien. Mais l'envie de me faire du mal est toujours là.
Je peux me tromper, mais : tu n'as jamais cessé l'AM. Tu n'as donc pas eu l'occasion de trouver d'autres méthode de gérer la souffrance, les épreuves, la douleur à laquelle on n'échappe pas. Alors le réflexe est là, l'addiction même : tu utilises le seul moyen que tu connais. Ca prend du temps, de trouver autre chose, et c'est tellement facile de se blesser pour vite être soulagé. Je crois que c'est ce qui a été le plus dur pour moi, pour arreter l'AM : ne pas avoir de solution pour gérer la douleur psychique. N'avoir que l'AM comme une évidence, et se demander s'il fallait vraiment souffrir, si ca servait à quelque chose, si ce n'était pas plus simple de le refaire, encore un peu, juste pour cesser cette souffrance, encore une fois.

Cette fois, je crois que c'est pour chasser le vide dont je parlais ci-dessus. Vous connaissez ce sentiment ? Il est mien depuis des années. J'ignore ce qui l'a provoqué. J'ai des pistes, aucune certitude. Aller mal est une chose. Ne rien ressentir en est une autre. être indifférent aux autres.
Est-ce que tu ne ressens vraiment rien ? Est-ce que tu t'interdis de ressentir par peur d'être submergée ? Est-ce que tu accepterais de ressentir ?
Vous savez pourquoi on se sent aussi bien pendant les minutes qui suivent l'AM ? Il y a une explication scientifique, je crois. Paraît qu'en cas de douleur vive, le cerveau secrète des endorphines pour calmer la souffrance. ça rend euphorique.

Oui, il y a cette explication. Il y en a d'autres aussi. Aussi, on ne peut pas ressentir pleinement 2 souffrances, et on est conditionnés par le cerveau à prendre soin de notre corps. La douleur physique prend donc le dessus sur toutes les pensées, toutes les souffrances.
Se débarrasser de la souffrance psychique, même pour une douleur physique intense, c'était un tel soulagement que parfois j'en souriais.
J'ai aussi envie que les gens s'occupent de moi, il faut dire ce qui est. Je ne suis pas du tout communicative. Quand je vais mal, personne ne s'en aperçoit et je n'en parle pas.
"envie", "aller mal" : n'est-ce pas ressentir ?
Il y a beaucoup de gens qui éprouvent le besoin de me prendre le bras et de passer un doigt sur les cicatrices. Sans même demander l'autorisation, la plupart du temps sans qu'on ait abordé le sujet de l'AM. ça vous arrive, à vous aussi ?
Non, jamais. Ca me choquerait je crois.
Je connais par coeur toutes les techniques.
Si tu les connais, j'imagine que le glaçon ou l'elastique ne t'aident pas.
Si ce que tu recherches dans l'AM c'est le processus de guérison, je ne pense pas qu'il existe une méthode de substitution efficace. Pour le sang par contre, il y a une méthode qu'on trouve assez peu sur le net, alors peut etre que tu ne la connais pas (je sais que tu as dis ne pas chercher de conseils, au pire, ça servira peut etre à qqun d'autre): faire un glaçon avec du colorant alimentaire rouge. Puis se passer le glaçon sur la peau. Le froid rappelle un peu la sensation de la coupure, et ça coule, rouge.
La douleur qui se tait n'en est que plus funeste.
RAC. Androm. III, 3.
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falling angel
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Re: Saigner pour ressentir, attention pavé (ATT AM)

Message par falling angel »

Bonjour :)
Bienvenu sure le forum :)

Bon je vais etre franc, je ne saurai pas t'aider.
En plus je risque de faire une gaffe ^^
Je voulais juste te dire que j'ai lue ton poste, que ton histoire ma toucher, et je te souhaite de reeusire a progresser le mieux pausible.
«nous sommes sûrement les pièces d'un gigantesque puzzle, et dans l'univers il n'y a pas de piece plus importante qu'une autre. chaqun a son rôle à y jouer, sa raison de vivre, sa place dans la totalité! tu ne penses pas?»
Joker
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Re: Saigner pour ressentir, attention pavé (ATT AM)

Message par Joker »

olp a écrit :Salut Joker, bienvenue ici.

Ton message me heurte. Rien d'un reproche, simplement, tu exprimes avec un mélange de lucidité et de froideur des choses universelles de l'am, et d'autres qui le sont peut-être moins mais que j'ai ressenties (ressens?).
Je me retrouve un peu là-dedans. Et je suis un peu dans la situation de quelqu'un qui a arrêté dans sa tête, et aux yeux de tous, mais qui se blesse de temps à autres, avec le maximum de discrétion, du coup.
Salut olp, merci pour ta réponse. Je crois qu'on ressent un peu tous la même chose avec l'AM, mais de façon confuse, sans y mettre les mêmes mots. Je suis contente de savoir que ça t'a parlé, ça me rappelle qu'on est beaucoup dans ce cas, assez pour s'entraider.
Le doigt sur les cicatrices, ca m'arrive de temps en temps. Moi, ça me dérange pas. C'ets plus souvent des gens qui me connaissent au moins un peu; et j'y perçois (à tort ou à raison) plutot une sorte de tendresse.
Moi aussi, bizarrement, j'y vois de la tendresse. Mais une tendresse mal-placée, presque malsaine, vu qu'elle vient de gens que je connais à peine et avec qui je n'ai jamais gardé les cochons.
Ysilne a écrit :Bonjour Joker, et bienvenue ici.
Ton message est très bien écrit, et décrit si bien l'automutilation qu'on doit être nombreux à se retrouver dans tes mots.
Bonjour Ysilne, merci pour ta réponse. L'écriture, comme le dessin, est un exutoire qui m'a souvent permis de trouver d'autres portes de sortie que celles qui passent par la douleur.
Avis perso : le pire, c'est quand c'est son enfant... :?
Selon l'âge, avec les enfants, c'est quand-même facile. C'est un bobo. Et la minute suivante il aura oublié.
Tu as un enfant ? Quel âge a-t-il ? Qu'est-ce que tu lui as dit ? J'espère ne pas être trop indiscrète, mais c'est une question que je me pose souvent, comment je pourrais expliquer ça à mes gosses si j'en ai un jour.
C'est vrai qu'on trouve facilement des parades, mais mes neveux me posent la question chaque été depuis des années. Enfin, ils comprendront bientôt sans que j'aie besoin de leur dire.
Pourquoi as-tu mal ? Le sais-tu ?
J'évoquais surtout la période "intensive", disons, quand j'avais 13-14 ans. Maintenant ça va.
Je peux me tromper, mais : tu n'as jamais cessé l'AM. Tu n'as donc pas eu l'occasion de trouver d'autres méthode de gérer la souffrance, les épreuves, la douleur à laquelle on n'échappe pas. Alors le réflexe est là, l'addiction même : tu utilises le seul moyen que tu connais. Ca prend du temps, de trouver autre chose, et c'est tellement facile de se blesser pour vite être soulagé. Je crois que c'est ce qui a été le plus dur pour moi, pour arreter l'AM : ne pas avoir de solution pour gérer la douleur psychique. N'avoir que l'AM comme une évidence, et se demander s'il fallait vraiment souffrir, si ca servait à quelque chose, si ce n'était pas plus simple de le refaire, encore un peu, juste pour cesser cette souffrance, encore une fois.
Il y a eu des époques où j'ai remplacé l'AM par d'autres moyens : l'écriture, le dessin déjà cités, la marche, et surtout la cigarette :roll: je continue les quatre (surtout la cigarette), mais il y a des moments où ça ne marche pas. Pourtant, je n'ai pas l'impression d'en avoir besoin ; je le fais par lassitude, non pour être soulagée, presque par routine. J'ai du mal à l'expliquer.
Est-ce que tu ne ressens vraiment rien ? Est-ce que tu t'interdis de ressentir par peur d'être submergée ? Est-ce que tu accepterais de ressentir ?
ça aussi, c'est super compliqué. J'ai déjà essayé de l'expliquer à des proches mais je n'ai jamais réussi à trouver les bons mots. C'est sans doute parce que je suis la première à ne pas comprendre exactement ce que c'est. Mais c'est plutôt que je m'interdis de ressentir, à cause d'un truc quand j'étais petite qui m'a obligée à mettre toutes mes émotions de côté pour me consacrer à aider d'autres gens qui en avaient plus besoin que moi (du moins l'estimais-je à l'époque). Il faut que je travaille là-dessus.
Aussi, on ne peut pas ressentir pleinement 2 souffrances, et on est conditionnés par le cerveau à prendre soin de notre corps. La douleur physique prend donc le dessus sur toutes les pensées, toutes les souffrances.
Je n'avais jamais vu les choses comme ça mais tu as parfaitement raison...
"envie", "aller mal" : n'est-ce pas ressentir ?
Quand je dis "aller mal", ça signifie "me sentir vide" (cette sensation n'est pas non plus omniprésente). Et oui, en-dehors de ces épisodes de vide, je ressens les choses normalement, quoique amoindries.
Pour le sang par contre, il y a une méthode qu'on trouve assez peu sur le net, alors peut etre que tu ne la connais pas (je sais que tu as dis ne pas chercher de conseils, au pire, ça servira peut etre à qqun d'autre): faire un glaçon avec du colorant alimentaire rouge. Puis se passer le glaçon sur la peau. Le froid rappelle un peu la sensation de la coupure, et ça coule, rouge.
Effectivement, je n'avais jamais entendu parler de ça. Il faut que j'essaie, mais si ça ne laisse aucune marque, je ne pense pas que ça pourra remplacer l'acte originel. Merci pour cette solution, cela dit, ça se tente.

fullytee a écrit :Bonjour :)
Bienvenu sure le forum :)

Bon je vais etre franc, je ne saurai pas t'aider.
En plus je risque de faire une gaffe ^^
Je voulais juste te dire que j'ai lue ton poste, que ton histoire ma toucher, et je te souhaite de reeusire a progresser le mieux pausible.
Bonjour fullytee, merci pour ta réponse. ça me fait plaisir de savoir qu'on me lit, simplement, même sans précisions complémentaires.

Ce forum est vraiment sympathique. J'en ai croisé quelques autres sur l'AM et franchement, je me suis rarement sentie aussi bien en lisant les réponses des membres. Merci beaucoup à tous. Ce soir, ça va, c'était juste un salopard de coup de blues la nuit dernière. ça m'a aidée de vous lire aujourd'hui.
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falling angel
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Enregistré le : lun. 07 mai 2012, 17h23

Re: Saigner pour ressentir, attention pavé (ATT AM)

Message par falling angel »

C'est super que se soit passer :D
Continue sure cette voie et n'esite pas a demander de l'aide ici :)
Les gens sont super !
«nous sommes sûrement les pièces d'un gigantesque puzzle, et dans l'univers il n'y a pas de piece plus importante qu'une autre. chaqun a son rôle à y jouer, sa raison de vivre, sa place dans la totalité! tu ne penses pas?»
pascale
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Enregistré le : sam. 07 janv. 2012, 18h11

Re: Saigner pour ressentir, attention pavé (ATT AM)

Message par pascale »

je vienbs de rentrer de we et j'ai lu tout ton message qui m'a marqué et toutes les reponses alors que te dire de plus je ne sais pas en plus vu ton degre de souffrance j'ai peur d'etre maladroite. je suis contente d'apprendre que tu a reussi a repousse l'am.
je te souhaite beaucoup de courage pour cobtinuer ton combat et un petit conseil fais toi aide par un pro en plus de nous ( moi c'est ce qui est en train de me sauver alors peut etre pour toi que ca pourrais ausi fonctionner mais ca c'est une question individuelle et faut savoir se le payer alors bonne chance).
courage et n'hesite pas a venir passer tes ras le bol aupres de nous on est la pour ca et heureux quand on apprends apres que lapersonne a tenu le coup et si elle a craque on est la pour l'encourager a recommencer le combat. car au debut arreter l'am c'est tres dur on rechutte par moment (comme si on avait besoin de se rassurer qu'on pouvait toujours avoir un recours face a une souffrance psychique).

courage a toi et bonne chance

amitie

pascale de bruxelles
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