la parole et l'acte

[abcouxyz]

D'après mon psy et les éducateurs, passer à l'acte que ce soit AM, crises de nerfs, de violence, beveuries etc découle d'une impossibilité à exptimer verbalement ce qui nous bouffe de l'intérieur. Impossible de mettre des mots, d'exterioriser. L'acte remplace les mots quand c'est trop plein à l'interieur.

Pourtant parler de ce qui fait mal povoque aussi chez moi un trop plein sentimental, remue le couteau dans la plaie; et donc passage à l'acte.

Qu'en pensez-vous?
Cela se passe-t-il autrement chez vous?

[Liberty1994]

Moi pourtant j'en parle et ça ne me libère pas plus, au contraire ça me fait cogiter encore plus, pleurer, ça me met mal et donc passage a l'acte.

[supercalifragilistic]

Je pense qu'au début oui, parler entraîne aussi des effets plutôt néfastes... Et c'est normal, on nous demande d'exprimer quelque chose que l'on n'est pas prêt à accepter...
Mais après avec le temps et surtout les années, ça devient moins compliqué car on a appris à gérer les conséquences...
Je crois que c'est comme pour tout... Un enfant apprenant à faire du vélo qui chute se fera mal. Avec le temps, il apprendra à chuter pour protéger instinctivement les fonctions les plus importantes de son corps... Parler c'est la même chose, ça reste quelque chose qui n'est pas toujours simple mais pour laquelle on a appris à se protéger.

[Laurent MB]

Je pense que cela dépend de l'envie derrière l'AM. Si l'AM est motivée par le fait vouloir crier/pleurer/rager alors en parler peut vraiment désamorcer l'AM. Si l'AM a un autre but, parler n'aidera pas forcément.

Qu'en penses-tu toi? Est-ce que parler t'aide?

[Lious]

supercalifragilistic, je trouve ton message très intéressant
Pourrais tu expliquer plus précisément ton analogie avec les chutes à vélo, stp ? Si ca ne te pose pas de problèmes bien sûr

Pour répondre à la question, j'ai plusieurs questions :
- De quoi parles-tu ? De l'am ? De ce qui la cause ? De ses conséquences ?
Ca dépend peut-être 1) de ce qui te pèse en rapport à l'am 2) de ce que tu dis quand tu parles et 3) de si tes réponses au 1 et au 2 sont les mêmes

- Avec qui en parles-tu ? Quelqu'un qui peut te juger ? Qui a du pouvoir sur toi ? Qui peut aller contre ce que tu veux ? Te sens-tu en sécurité avec ? (Je dis bien "te sens-tu", PAS "es-tu")

[supercalifragilistic]

Pourrais tu expliquer plus précisément ton analogie avec les chutes à vélo, stp ? Si ca ne te pose pas de problèmes bien sûr

Houla, comment expliquer ça clairement?

Un enfant apprenant à faire du vélo qui chute se fera mal. Avec le temps, il apprendra à chuter pour protéger instinctivement les fonctions les plus importantes de son corps...

Ce que je veux dire c'est que parler c'est comme tout le reste, il faut apprendre à le faire de façon à ne pas dépasser ses limites, à ne pas aller plus loin que ce que l'on est capable de supporter au moment où l'on parle.
Je suppose que pour la plupart d'entre nous, lorsque l'on nous a retiré les petites roues du vélo, on est tombé. Comme disait mon père "C'est le métier qui rentre!..." ^^ On recommence, on rechute mais cette fois on sait qu'il faut utiliser ses mains pour par exemple épargner son visage. Et puis avec le temps on sait faire du vélo sans les petites roues sans tomber à condition de rester assis sur son vélo et de garder les deux mains sur le guidon. Et puis plus tard, on prend confiance et on peut prendre quelques libertés.
Parler pour moi c'est la même chose. C'est vrai que j'ai une histoire un peu particulière, pas forcément facile à partager. Au début, on se met des barrières qui nous empêche de parler mais qui donnent l'impression de nous protéger comme les petites roues du vélo qui nous permettent de garder notre équilibre. Et puis vient le moment où pour pouvoir continuer, pour rester debout, ces barrières il faut les faire tomber. Mais trouver quelqu'un qui est capable d'écouter réellement ce n'est pas évident. Alors, on essaie de se confier, de partager. Mais beaucoup de personnes ne veulent pas entendre et pense le malheur contagieux. C'est difficile la/les premières fois et puis comme on a déjà affronter d'une certaine façon des refus de la part des autres on attend moins de l'autre, on partage différemment mais on continue tout de même de le faire, on continue d'essayer. Et puis un jour, on rencontre une personne qui est capable d'entendre, qui est présente, qui nous permet de prendre des décisions qui font parfois peurs. On a peur de se livrer parce que parler quand on n'accepte pas ce qui nous est arrivé, où la situation dans laquelle on est ca peut au début avoir des côtés négatifs parce que c'est une prise de conscience un peu brutal. Le saut dans le vide sans parachute... Et puis, on se rend compte que parler aide, on est encore fragile donc on hésite à parler avec d'autres. on est pas encore prêt à faire du vélo sans les mains... Et puis petit à petit on prend confiance, on n'a de moins en moins cette rechute après avoir parlé, on rencontre d'autres personnes capables d'écouter, de comprendre et parler devient plus facile. Avec le temps on a appris à reconnaitre ceux qui nous ressemblent en fonction de certaines de leurs réactions et partager avec eux est moins difficile. En leur présence, on peut avancer en dehors des limites que l'on s'était imposé, un peu comme faire du vélo sans s'asseoir...

Ce forum, c'est un petit peu ça. On sait que les autres peuvent comprendre parce qu'ils le vivent ou l'ont vécu, donc ça fait moins peur de parler, de se livrer. On a moins peur du jugement. on peut aller un peu plus loin que ce que l'on est capable de faire avec d'autres.

Je ne sais pas si c'est très très clair...

[Lious]

Oui, c'est clair, merci pour ça !