Debat: Responsabilité ou non
- Laurent MB
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Debat: Responsabilité ou non
Bonjour
Ce debat ici traite d'un sujet sensible, attention donc.
La question que je me pose traite de la reponsabilité face a l'AM, et dans un sens plus large face a la maladie mentale en general. Ce post rejoint un peu mon post precedent (http://blessuressecretes.free.fr/forum/ ... =10&t=2336).
Tres souvent, on dit a la personne qui s'AM que ce n'est pas sa faute, qu'elle n'a pas a se sentir coupable son AM. Le concept de maladie mentale implique aussi le coté actif de la maladie, et le coté passif de la personne. Ce n'est pas toi qui, donc ce n'est pas toi qui t'AM, c'est la maladie aussi? On trouve meme certaines ecoles de traitement style Alcooliques Anonymes, dont la premeire regle est d'admettre qu'on ets impuissant face a la maladie. Dans le cas des addictions, c'est d'ailleurs tres defendable, puisqu'un addict est effectivement incapable de s'arreter seul, et tant qu'un addict pense qu'il peut s'en sortir seul, il ne s'en sort que rarement. Est-ce transmissible a l'AM par contre?
Et d'un autre coté, qui peut aider a s'en sortir sinon nous-meme? Ca vient toujours de nous, meme avec de l'aide, et meme chez les Alcooliques Anonymes (NB: ou de dieu dans ce dernier cas, selon vos croyances). Nous decidons de poser la lame et de couper. Est-ce que deresponsabiliser ne fait pas plus de mal que de bien? Peut-on vraiment dire a quelqu'un que ce n'est pas de leur faute? N'est-ce pas etre trop gentil et risquer que la personne se cache derriere la maladie?
Ce debat ici traite d'un sujet sensible, attention donc.
La question que je me pose traite de la reponsabilité face a l'AM, et dans un sens plus large face a la maladie mentale en general. Ce post rejoint un peu mon post precedent (http://blessuressecretes.free.fr/forum/ ... =10&t=2336).
Tres souvent, on dit a la personne qui s'AM que ce n'est pas sa faute, qu'elle n'a pas a se sentir coupable son AM. Le concept de maladie mentale implique aussi le coté actif de la maladie, et le coté passif de la personne. Ce n'est pas toi qui, donc ce n'est pas toi qui t'AM, c'est la maladie aussi? On trouve meme certaines ecoles de traitement style Alcooliques Anonymes, dont la premeire regle est d'admettre qu'on ets impuissant face a la maladie. Dans le cas des addictions, c'est d'ailleurs tres defendable, puisqu'un addict est effectivement incapable de s'arreter seul, et tant qu'un addict pense qu'il peut s'en sortir seul, il ne s'en sort que rarement. Est-ce transmissible a l'AM par contre?
Et d'un autre coté, qui peut aider a s'en sortir sinon nous-meme? Ca vient toujours de nous, meme avec de l'aide, et meme chez les Alcooliques Anonymes (NB: ou de dieu dans ce dernier cas, selon vos croyances). Nous decidons de poser la lame et de couper. Est-ce que deresponsabiliser ne fait pas plus de mal que de bien? Peut-on vraiment dire a quelqu'un que ce n'est pas de leur faute? N'est-ce pas etre trop gentil et risquer que la personne se cache derriere la maladie?
Re: Debat: Responsabilité ou non
Sujet intéressant, qui mérite à mon avis d'être lu par tous.
Et que je rajoute à la liste des sujets auxquels je voudrais répondre, mais qui me demandent de la réflexion et du temps (et je manque des deux, donc je verrai plus tard).
Rapidement, je dirais qu'on est toujours responsable, mais pas coupable : ne pas culpabiliser mais admettre que nous sommes un des facteurs de l'AM et de la maladie mentale/trouble de l'humeur/autre. Avec des tas d'autres facteurs (abus sexuels, famille pathogène, choc traumatique, absence d'entourage aidant/aimant, etc).
De la meme manière qu'on doit être acteur de la guérison, on est acteur de notre mal-être.
Et que je rajoute à la liste des sujets auxquels je voudrais répondre, mais qui me demandent de la réflexion et du temps (et je manque des deux, donc je verrai plus tard).
Rapidement, je dirais qu'on est toujours responsable, mais pas coupable : ne pas culpabiliser mais admettre que nous sommes un des facteurs de l'AM et de la maladie mentale/trouble de l'humeur/autre. Avec des tas d'autres facteurs (abus sexuels, famille pathogène, choc traumatique, absence d'entourage aidant/aimant, etc).
De la meme manière qu'on doit être acteur de la guérison, on est acteur de notre mal-être.
La douleur qui se tait n'en est que plus funeste.
RAC. Androm. III, 3.
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Re: Debat: Responsabilité ou non
Je crois que si on parle de l'AM de manière très générale, on n'en est pas responsable, puisqu'il y a un tas de facteurs que l'on ne peut pas forcément gérer et qui peuvent conduire à ressentir ce besoin d'autodestruction.
Par contre, si on parle de l'acte de l'AM en lui-même, là on est à mon avis toujours responsable, dans le sens où on est seul à prendre la décision d'utiliser cette lame contre soi.
Pour s'en sortir ne faut-il pas faire un travail sur soi? Et pour ça il faut bien admettre qu'au moins une part du problème vient de soi, et donc se sentir responsable. Etre totalement déresponsabilisé n'engendre-t-il pas un certain sentiment d'impuissance? Et ce sentiment d'impuissance ne risque-t-il pas d'altérer la volonté de s'en sortir? Car si je ne suis pas responsable, ce n'est pas sur moi-même que je dois agir, mais alors j'agis sur qui? sur quoi? et comment? On peut se dire que si on n'est pas responsable, on ne peut alors rien faire pour contrer ce qui nous rend si mal, et donc abandonner toute lutte et rester dans ce brouillard.
Enfin, ce sont des questions que je me pose là comme ça, mais peut-être bien que cette phrase d'Ysilne y répond un peu:
Par contre, si on parle de l'acte de l'AM en lui-même, là on est à mon avis toujours responsable, dans le sens où on est seul à prendre la décision d'utiliser cette lame contre soi.
Je ne pense pas avoir la réponse à ces questions, mais pour ma part, me dire que ce n'est pas ma faute ne m'aide pas. J'aurais tendance à m'en servir pour légitimer chaque AM et me déculpabiliser. Il devient très facile de se dire "ce n'est pas ma faute, ce n'est pas moi, je n'y peux rien, c'est plus fort que moi". Et il y a un risque de s'enfoncer davantage. Mais ça dépend peut-être des personnes.bout de ferraille a écrit :Est-ce que deresponsabiliser ne fait pas plus de mal que de bien? Peut-on vraiment dire a quelqu'un que ce n'est pas de leur faute? N'est-ce pas etre trop gentil et risquer que la personne se cache derriere la maladie?
Pour s'en sortir ne faut-il pas faire un travail sur soi? Et pour ça il faut bien admettre qu'au moins une part du problème vient de soi, et donc se sentir responsable. Etre totalement déresponsabilisé n'engendre-t-il pas un certain sentiment d'impuissance? Et ce sentiment d'impuissance ne risque-t-il pas d'altérer la volonté de s'en sortir? Car si je ne suis pas responsable, ce n'est pas sur moi-même que je dois agir, mais alors j'agis sur qui? sur quoi? et comment? On peut se dire que si on n'est pas responsable, on ne peut alors rien faire pour contrer ce qui nous rend si mal, et donc abandonner toute lutte et rester dans ce brouillard.
Enfin, ce sont des questions que je me pose là comme ça, mais peut-être bien que cette phrase d'Ysilne y répond un peu:
Ysilne a écrit :De la meme manière qu'on doit être acteur de la guérison, on est acteur de notre mal-être.
Je n'arrive pas bien à comprendre la distinction que tu fais entre "responsable" et "coupable". Et après un petit tour rapide sur google pour comparer les définitions, je m'aperçois que "responsable" est parfois associé à "être coupable de". Alors n'est-ce pas un peu la même chose?Ysilne a écrit :je dirais qu'on est toujours responsable, mais pas coupable
Re: Debat: Responsabilité ou non
Je nuancerai la notion de culpabilité et de responsabilité dans le temps.
Je pense qu'il est important de dire à une personne qui commence l'am que ce n'est pas sa faute. Lui expliquer d'où cela peut venir... Puis selon l'évolution, si l'origine, le mal sous-jacent est connu, il faut passer par un "maintenant c'est quand même ta main qui tient de quoi ...".
Je pense qu'il est important de dire à une personne qui commence l'am que ce n'est pas sa faute. Lui expliquer d'où cela peut venir... Puis selon l'évolution, si l'origine, le mal sous-jacent est connu, il faut passer par un "maintenant c'est quand même ta main qui tient de quoi ...".
Re: Debat: Responsabilité ou non
Je trouve que ce n'est pas vraiment une décision, justement. Un choix entre aller très mal sans voir d'issue, et se faire mal pour que ca cesse temporairement ?Shades a écrit :Par contre, si on parle de l'acte de l'AM en lui-même, là on est à mon avis toujours responsable, dans le sens où on est seul à prendre la décision d'utiliser cette lame contre soi.
Et puis, je sais que nous sommes tous différents, mais pour moi l'AM n'a jamais été vraiment préméditée et planifiée comme pour d'autres : il ne s'agit pas de se dire "je le ferai dans 3 jours", mais plutôt "il le faut, là, maintenant".
Si j'avais vraiment eu le choix, une décision à prendre en pleine conscience, je ne me serais jamais blessée devant des amis, je ne leur aurai pas permis d'entendre, je ne me serais pas fait de cicatrices aussi gênantes au quotidien, etc.
C'est comme dire à un dépressif sur un pont "vas-y, saute !" et s'il le fait, c'est lui seul le responsable ? Non, pas completement. Il le fait lui, mais il n'est pas en pleine capacité de ses moyens, et l'extérieur compte.
Dans le cas de l'AM, dans mon cas en fait, il en fallait bien moins pour que j'en arrive à me blesser. Une remarque désagréable, une mauvaise note, un regard, presque n'importe quoi en fait. Mais il y avait toujours une part d'extérieur qui déclenchait l'acte.
Outre le référence à une réplique que je croyais très connue, mais euh, finalement je deviens vieille et c'est pas grave... (deux références en fait, la premiere venant d'une personnalité politique dans les années 80, et la deuxième des humoristes qui s'en sont inspirés dans "le jeu de la vérité vraie")Je n'arrive pas bien à comprendre la distinction que tu fais entre "responsable" et "coupable". Et après un petit tour rapide sur google pour comparer les définitions, je m'aperçois que "responsable" est parfois associé à "être coupable de". Alors n'est-ce pas un peu la même chose?Ysilne a écrit :je dirais qu'on est toujours responsable, mais pas coupable
Tu peux le voir comme un jugement : tu es reconnu responsable, mais sans peine. Responsable de non-intervention, responsable d'avoir fermé les yeux, responsable parce que tu es en cause mais sans intention de blesser, etc.
Pour les problemes psy en général, c'est plutot l'inverse d'ailleurs : les jugements annonce que le prévenu est coupable, mais pas responsable de ses actes.
Pour l'AM, je dirai qu'on est responsable de nos actes, mais qu'il n'y a pas de jugement ou de sanction à donner. Il n'y a pas de culpabilité à avoir.
La douleur qui se tait n'en est que plus funeste.
RAC. Androm. III, 3.
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Re: Debat: Responsabilité ou non
Oui, je comprends que pour toi le terme de "décision" ne s'applique pas. Comme tu le dis, nous sommes tous différents et cela doit dépendre de chacun et de son rapport à l'AM. Pour moi, dans la plupart des cas, je considère que l'AM est une décision (dans la mesure où je suis entièrement consciente de ce que je fais), et ce n'est pourtant que rarement prémédité. Quand ça ne va pas, je décide de m'AM plutôt que de chercher une solution plus saine et peut-être plus durable, car l'AM me convient mieux. Même si c'est un élément extérieur qui déclenche l'acte, je me sens entièrement responsable et je considère avoir pris la décision de me faire mal pour surmonter ça. Après, c'est vrai qu'il y a des moments où il est si difficile de gérer un mal-être qu'on ne voit pas d'autre choix possible et que l'AM s'impose d'elle même, car l'AM c'est quelque chose de très fort, et qu'on n'a justement pas/plus la force de lutter contre ça. Alors là effectivement non, on ne peut pas parler de décision.
Re: Debat: Responsabilité ou non
Bonsoir,
Je pense que l'on n'est pas responsable de la maladie. On ne se dit pas "chouette et si je devenais dépressif/bipolaire/psychotique/cequevousvoulez !!!". On ne maitrîse pas les causes qui nous ont conduis à tomber malade. On tombe malade malgrè nous. En revanche, nous sommes responsables de l'attitude que nous adoptons face à la maladie. On peut décider de la combattre ou de se laisser submerger. Je ne parle pas de volonté avec la notion d'action qui en découle. Je parle juste de faire un choix, de basculer dans sa tête et de se dire "ok, j'en ai marre, je vais demander de l'aide". On n'est pas responsable de la maladie mais de notre combat contre elle. De toute façon, c'est à nous de le mener ce combat parce que c'est clair si l'on ne décide pas de faire le nécessaire pour s'en sortir, personne ne pourra nous aider contre notre volonté. La solution ne peut venir que de nous et nous sommes responsables de la recherche de cette solution.
En ce qui concerne plus précisément la notion de responsabilité par rapport à l'acte, je rejoindrais un peu Ysabelle en disant que ça dépend du type d'AM. Dans le cas d'une AM impulsive, le processus qui conduit à la blessure prend quelques secondes du coup, la responsabilité de réagir face au processus n'est pas évidente. Quoique en période hors crise, on a la responsabilité d'éloigner les instruments mais dans certains cas, on ne peut pas complétement éliminer ces instruments. On peut éloigner des lames, un chalumeau mais un mur, c'est plus compliqué...Dans le cas d'une AM compulsive où le processus prend de quelques heures à plusieurs semaines voir plusieurs mois, je pense que durant ce lapse de temps, on peut faire quelque chose. Là, tout connement, je pense à mon cas, l'instrument, on ne me l'a pas mis dans la main, ou quand je me balade dans les rayons de magasin de bricolage, là, non plus, j'ai pas un flingue sur la tempe qui m'oblige à le faire. Quand on a des lames à proximité et que pendant plusieurs jours on sent la crise monter, là, selon moi, on est clairement responsable de les avoir conservées à proximité. J'ai conservé mon matériel pendant 2 ans sans m'en servir. Je n'y pensais même plus, de temps en temps, quand je faisais le ménage, je retombais dessus. Et puis, un jour, j'en ai eu besoin, j'ai pas mis 3 heures à le retrouver. Là, j'étais clairement responsable de ne pas l'avoir jeté hors période de crise.
Pour conclure, je pense que l'on est responsable de notre combat face à la maladie, quant au geste d'AM, je crois que cela dépend des cas mais par principe, je postule la responsabilité, la mienne en tout cas.
Je pense que l'on n'est pas responsable de la maladie. On ne se dit pas "chouette et si je devenais dépressif/bipolaire/psychotique/cequevousvoulez !!!". On ne maitrîse pas les causes qui nous ont conduis à tomber malade. On tombe malade malgrè nous. En revanche, nous sommes responsables de l'attitude que nous adoptons face à la maladie. On peut décider de la combattre ou de se laisser submerger. Je ne parle pas de volonté avec la notion d'action qui en découle. Je parle juste de faire un choix, de basculer dans sa tête et de se dire "ok, j'en ai marre, je vais demander de l'aide". On n'est pas responsable de la maladie mais de notre combat contre elle. De toute façon, c'est à nous de le mener ce combat parce que c'est clair si l'on ne décide pas de faire le nécessaire pour s'en sortir, personne ne pourra nous aider contre notre volonté. La solution ne peut venir que de nous et nous sommes responsables de la recherche de cette solution.
En ce qui concerne plus précisément la notion de responsabilité par rapport à l'acte, je rejoindrais un peu Ysabelle en disant que ça dépend du type d'AM. Dans le cas d'une AM impulsive, le processus qui conduit à la blessure prend quelques secondes du coup, la responsabilité de réagir face au processus n'est pas évidente. Quoique en période hors crise, on a la responsabilité d'éloigner les instruments mais dans certains cas, on ne peut pas complétement éliminer ces instruments. On peut éloigner des lames, un chalumeau mais un mur, c'est plus compliqué...Dans le cas d'une AM compulsive où le processus prend de quelques heures à plusieurs semaines voir plusieurs mois, je pense que durant ce lapse de temps, on peut faire quelque chose. Là, tout connement, je pense à mon cas, l'instrument, on ne me l'a pas mis dans la main, ou quand je me balade dans les rayons de magasin de bricolage, là, non plus, j'ai pas un flingue sur la tempe qui m'oblige à le faire. Quand on a des lames à proximité et que pendant plusieurs jours on sent la crise monter, là, selon moi, on est clairement responsable de les avoir conservées à proximité. J'ai conservé mon matériel pendant 2 ans sans m'en servir. Je n'y pensais même plus, de temps en temps, quand je faisais le ménage, je retombais dessus. Et puis, un jour, j'en ai eu besoin, j'ai pas mis 3 heures à le retrouver. Là, j'étais clairement responsable de ne pas l'avoir jeté hors période de crise.
Pour conclure, je pense que l'on est responsable de notre combat face à la maladie, quant au geste d'AM, je crois que cela dépend des cas mais par principe, je postule la responsabilité, la mienne en tout cas.
Re: Debat: Responsabilité ou non
A la reflexion, je suis d'accord avec toi sauf sur un point : parfois l'AM est un moindre mal.
Je m'explique : l'AM a un but. C'est utile, meme si c'est destructeur. Moi, ca me calme. Une crise d'angoisse, par exemple, c'est destructeur aussi. Insupportable, douloureux, et totalement inacceptable en société. J'ai parfois du faire le choix, chez des amis, de partir m'enfermer au plus vite dans la salle de bain chez des amis. Ils savaient forcément ce qui se passait, au moins en partie. Mais au moins, en quelques minutes, c'etait réglé, et ils n'assistaient pas à ça. Perdre ses moyens pendant des heures, c'etait inenvisageable : c'etait les perdre, c'etait risquer de se retrouver aux urgences, c'etait une telle honte que mon AM des jours suivant aurait empiré, etc.
Chez moi, seule, au calme, il aurait peut etre mieux valu que j'essaie de gerer seule mes sentiments et que j'évite de me blesser.
Une des fois où je me suis blessée devant quelqu'un (coups), c'etait parce que j'etais prostrée au sol, incapable de bouger, depuis plusieurs minutes déjà, et que des tas de gens que je ne connaissais pas allaient arriver dans les minutes qui suivaient. J'ai peut-etre choqué le témoin de mon AM, surtout s'il a pris conscience de ce que je me suis réellement fait ce jour là, mais personne d'autre n'a vu. Ca aurait pu durer des heures, sinon, et je ne pouvait ni parler ni me lever.
Ca rejoint ce que je disais sur le choix : j'ai choisi ce jour là de me blesser. C'etait impulsif et décidé.
J'etais responsable de mon AM, c'est sûr. Mais je n'ai pas à m'en sentir coupable.
Je m'explique : l'AM a un but. C'est utile, meme si c'est destructeur. Moi, ca me calme. Une crise d'angoisse, par exemple, c'est destructeur aussi. Insupportable, douloureux, et totalement inacceptable en société. J'ai parfois du faire le choix, chez des amis, de partir m'enfermer au plus vite dans la salle de bain chez des amis. Ils savaient forcément ce qui se passait, au moins en partie. Mais au moins, en quelques minutes, c'etait réglé, et ils n'assistaient pas à ça. Perdre ses moyens pendant des heures, c'etait inenvisageable : c'etait les perdre, c'etait risquer de se retrouver aux urgences, c'etait une telle honte que mon AM des jours suivant aurait empiré, etc.
Chez moi, seule, au calme, il aurait peut etre mieux valu que j'essaie de gerer seule mes sentiments et que j'évite de me blesser.
Une des fois où je me suis blessée devant quelqu'un (coups), c'etait parce que j'etais prostrée au sol, incapable de bouger, depuis plusieurs minutes déjà, et que des tas de gens que je ne connaissais pas allaient arriver dans les minutes qui suivaient. J'ai peut-etre choqué le témoin de mon AM, surtout s'il a pris conscience de ce que je me suis réellement fait ce jour là, mais personne d'autre n'a vu. Ca aurait pu durer des heures, sinon, et je ne pouvait ni parler ni me lever.
Ca rejoint ce que je disais sur le choix : j'ai choisi ce jour là de me blesser. C'etait impulsif et décidé.
J'etais responsable de mon AM, c'est sûr. Mais je n'ai pas à m'en sentir coupable.
La douleur qui se tait n'en est que plus funeste.
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- olp
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Re: Debat: Responsabilité ou non
Je réponds directement au sujet, en ayant lu les réponses en diagonales. Plus précis après.
Je ne pense pas qu'on soit responsable d'être dépressif. Ou bipolaire, ou que sais-je, ou simplement "très mal dans sa peau et utilisateur de l'am".
En aucun cas, pour moi, en tout cas en aucun cas que je peux imaginer ce soir.
Peut-être est-on partiellement responsable, par contre (qui répond de, pas "coupable"), de l'utilisation de l'am comme moyen de gérer. Pas seulement nous, y'a aussi le circonstances (par ex. beaucoup de jeunes ados de mnt se blessent alors qu'ils ont déjà vu/entendu de telles choses; peut-être que dans un moment très délicat ca va les influencer vers l'am plutot qu'autre chose). Forcément, meme si à moitié consciemment seulement, j'ai un jour choisi de m'égratigner parce que la souffrance était trop forte pour être contenue. Je suis responsable de cette direction prise, sans m'en sentir coupable par contre, je n'avais pas le choix de tomber ou non, simplement de comment tomber.
Mais je ne pense pas qu'on soit responsable des circonstances qui poussent à avoir besoin de cet échappatoire.
Ca c'ets pour l'am comme mode d'expression. Après, l'am au cas par cas, chaque coup de lame, chaque coup d'autre chose aussi...
Comme Ysilne, parfois j'ai du choisir entre une solution rapide et qui ne laisse pas de trace sociale, et une solution dont on m'aurait reparlé pendant des mois. Il s'agit d'un choix, fait en toute conscience. Que je refais de temps en temps. Dont j'ai meme déjà parlé, une fois où je n'rarivais pas à récupérer ma respiration.
Parfois aussi, je n'ai vraiment pas choisi. Pure impulsion, submergement total, addiction surement, mais également trop-plein de souffrance, tout comme la première fois, et une voiture sans chauffeur et sans frein glisse naturellement vers le ravin.
Et puis, parfois, je m'estime responsable et coupable de mon am. Une décision prise consciemment, sans obligation sociale, par volonté de ressentir quelque chose, par volonté de me punir, de me retrouver, par fatigue de vivre angoissée en permanence, par faiblesse, lacheté, auto-appitoiement ou complaisance
Quant à l'attitude à long terme face à la maladie/à l'am. Je suis d'accord avec le fait que
"Quand on ne veut pas, on peut pas"
Pas dans le sens d'une volonté inébranlable et certaine, mais plutot simplement d'un désir, d'une étincelle de changement, sans laquelle médocs, famille, psy, hospi...sont impuissants.
Bon ya deux-trois mystères: comment on peut avoir envie d'aller mieux quand on se déteste?, par exemple.
Mais la notion de responsabilité dans l'attitude face à la maladie mentale est paradoxale, je trouve. Parler de responsabilité du point de vue des choix faits au sein de cette maladie, oui, en respectant le contexte. Mais par rapport au fait d'être malade? y'a une mise en abime qui me donne le vertige.
Je ne pense pas qu'on soit responsable d'être dépressif. Ou bipolaire, ou que sais-je, ou simplement "très mal dans sa peau et utilisateur de l'am".
En aucun cas, pour moi, en tout cas en aucun cas que je peux imaginer ce soir.
Peut-être est-on partiellement responsable, par contre (qui répond de, pas "coupable"), de l'utilisation de l'am comme moyen de gérer. Pas seulement nous, y'a aussi le circonstances (par ex. beaucoup de jeunes ados de mnt se blessent alors qu'ils ont déjà vu/entendu de telles choses; peut-être que dans un moment très délicat ca va les influencer vers l'am plutot qu'autre chose). Forcément, meme si à moitié consciemment seulement, j'ai un jour choisi de m'égratigner parce que la souffrance était trop forte pour être contenue. Je suis responsable de cette direction prise, sans m'en sentir coupable par contre, je n'avais pas le choix de tomber ou non, simplement de comment tomber.
Mais je ne pense pas qu'on soit responsable des circonstances qui poussent à avoir besoin de cet échappatoire.
Ca c'ets pour l'am comme mode d'expression. Après, l'am au cas par cas, chaque coup de lame, chaque coup d'autre chose aussi...
Comme Ysilne, parfois j'ai du choisir entre une solution rapide et qui ne laisse pas de trace sociale, et une solution dont on m'aurait reparlé pendant des mois. Il s'agit d'un choix, fait en toute conscience. Que je refais de temps en temps. Dont j'ai meme déjà parlé, une fois où je n'rarivais pas à récupérer ma respiration.
Parfois aussi, je n'ai vraiment pas choisi. Pure impulsion, submergement total, addiction surement, mais également trop-plein de souffrance, tout comme la première fois, et une voiture sans chauffeur et sans frein glisse naturellement vers le ravin.
Et puis, parfois, je m'estime responsable et coupable de mon am. Une décision prise consciemment, sans obligation sociale, par volonté de ressentir quelque chose, par volonté de me punir, de me retrouver, par fatigue de vivre angoissée en permanence, par faiblesse, lacheté, auto-appitoiement ou complaisance
Quant à l'attitude à long terme face à la maladie/à l'am. Je suis d'accord avec le fait que
"Quand on ne veut pas, on peut pas"
Pas dans le sens d'une volonté inébranlable et certaine, mais plutot simplement d'un désir, d'une étincelle de changement, sans laquelle médocs, famille, psy, hospi...sont impuissants.
Bon ya deux-trois mystères: comment on peut avoir envie d'aller mieux quand on se déteste?, par exemple.
Mais la notion de responsabilité dans l'attitude face à la maladie mentale est paradoxale, je trouve. Parler de responsabilité du point de vue des choix faits au sein de cette maladie, oui, en respectant le contexte. Mais par rapport au fait d'être malade? y'a une mise en abime qui me donne le vertige.
"O douleur! ô douleur! le Temps mange la vie
Et l'obscur ennemi, qui nous ronge le coeur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie"
Ch. BAUDELAIRE--Les fleurs du mal--l'Ennemi
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- Laurent MB
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Re: Debat: Responsabilité ou non
(Merci de vos arguments)
- babsye
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Re: Debat: Responsabilité ou non
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"Je voudrais tout quitter, je suis la cause de tout et je ne sais faire que de la peine aux autres; c'est moi-même et moi seul qui ai attiré cette misère sur moi et sur les autres."
[...] mais que veux-tu?
[...] mais que veux-tu?
Re: Debat: Responsabilité ou non
Je n'ai pas tout lu seulement une partie.... Très sincèrement je pense que cela depend des gens parce que personnellementsi on me dit tu n'y es pour rien je serais plus à me cacher derrière ça, d'un autre côté la culpabilité me ronge pas mal.... En fait j'ai besoin de me sentir responsable parce que j'ai l'impression de contrôler alors que ce n'est pas vrai et que c'est souvent pas vraiment réfléchi quand je m'am. Mais je ne sais pas me dire tu n'es pas coupable de rien.... Nan je me connais ce serait me donner l'idée qu'après tout je n'ai pas à résister ou à lutter puisque je ne suis pas responsable de ça.... Donc tout dépend des gens.
(je dis peut-être de grosses bêtises et je m'ene xcuse si c'ets le cas... et si je heurte quelqu'un dans mes propos je m'en excuse aussi ce n'est pas mon but...)
(je dis peut-être de grosses bêtises et je m'ene xcuse si c'ets le cas... et si je heurte quelqu'un dans mes propos je m'en excuse aussi ce n'est pas mon but...)
Les étoiles meurent dés que l'aurore pointe c'est le soleil qui me l'a dit.
- olp
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Re: Debat: Responsabilité ou non
Ne t'excuse pas pour ton opinion, tu l'exprimes de façon parfaitement respectueuse, et en précisant bien de toute façon qu'il s'agit de ton cas.
Je comprends ce que tu dis. Si tu es partiellement responsable de ton am, il y a quelque chose que tu peux faire pour que ca aille mieux.
Sinon, tu te laisses juste glisser.
Quelqu'un qui souffre ou qui est malade n'est pas dispensé, comme tout le monde, d'etre lache à certains moments, courageux à d'autres, d'avoir tendance à l'auto-appitoiement parfois, etc...
La maladie peut fausser ces choses, mais chacun a un caractère en dehors d'elle, et peut donc réagir différemment et de façon plus ou moins repsonsable face à ses conséquences, non?
Je comprends ce que tu dis. Si tu es partiellement responsable de ton am, il y a quelque chose que tu peux faire pour que ca aille mieux.
Sinon, tu te laisses juste glisser.
Quelqu'un qui souffre ou qui est malade n'est pas dispensé, comme tout le monde, d'etre lache à certains moments, courageux à d'autres, d'avoir tendance à l'auto-appitoiement parfois, etc...
La maladie peut fausser ces choses, mais chacun a un caractère en dehors d'elle, et peut donc réagir différemment et de façon plus ou moins repsonsable face à ses conséquences, non?
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Du sang que nous perdons croît et se fortifie"
Ch. BAUDELAIRE--Les fleurs du mal--l'Ennemi
Et l'obscur ennemi, qui nous ronge le coeur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie"
Ch. BAUDELAIRE--Les fleurs du mal--l'Ennemi
Re: Debat: Responsabilité ou non
Oui... Pour faire dans l'analogie c'est pas parce qu'un grec aime la feta que tous les grecs aiment la feta.^^. Je pense qu'avant tout il faudrait réussir à trouver son propre équilibre celui qui aide à s'en sortir. Sur cette question là mais sur d'autres.... Le seul problème c'est que tout seul sans aiguillage on a tendance à un peu se perdre: du moins dans mon cas.La maladie peut fausser ces choses, mais chacun a un caractère en dehors d'elle, et peut donc réagir différemment et de façon plus ou moins repsonsable face à ses conséquences, non?
Les étoiles meurent dés que l'aurore pointe c'est le soleil qui me l'a dit.
Re: Debat: Responsabilité ou non
J'ai un avis dessus, mais j'ai du mal à trouver les mots.
Déjà, l'impression qu'on n'est en rien responsable de sa maladie.
On peut être responsable de la réaction face à la maladie.
Et je nuancerais ça en disant... Le rapport à la lucidité. La capacité à prendre du recul.
J'ai l'impression qu'une des rares (mais grandes) responsabilités qu'on peut avoir face à son am, ou sa maladie mentale, c'est d'en parler aux bonnes personnes. Chercher un vrai soutien, solide. Lancer un appel à l'aide, de manière à ce qu'il soit compris...
Décharger sur l'autre, celui qui est capable, la pression qu'on ne parvient pas à gérer seul.
Je ne sais pas si ça traduit mon point de vue. C'est mon point de vue de malade de 5h du mat' seule qui réfléchit sur elle-même.
Peut-être que quand je serai face à quelqu'un qui sera capable de m'aider, je changerai subitement de point de vue pour dire que tout va bien et que je n'ai pas besoin d'en parler - mais sincèrement, je crois que ce serait un nouveau moment de déni, où je n'aurais pas ma lucidité.
Avis mitigé, donc.
Déjà, l'impression qu'on n'est en rien responsable de sa maladie.
On peut être responsable de la réaction face à la maladie.
Et je nuancerais ça en disant... Le rapport à la lucidité. La capacité à prendre du recul.
J'ai l'impression qu'une des rares (mais grandes) responsabilités qu'on peut avoir face à son am, ou sa maladie mentale, c'est d'en parler aux bonnes personnes. Chercher un vrai soutien, solide. Lancer un appel à l'aide, de manière à ce qu'il soit compris...
Décharger sur l'autre, celui qui est capable, la pression qu'on ne parvient pas à gérer seul.
Je ne sais pas si ça traduit mon point de vue. C'est mon point de vue de malade de 5h du mat' seule qui réfléchit sur elle-même.
Peut-être que quand je serai face à quelqu'un qui sera capable de m'aider, je changerai subitement de point de vue pour dire que tout va bien et que je n'ai pas besoin d'en parler - mais sincèrement, je crois que ce serait un nouveau moment de déni, où je n'aurais pas ma lucidité.
Avis mitigé, donc.
"Il n'y a pas de circonstances fâcheuses. Il n'y a que des fâcheux. Et tu dois leur passer dessus. Tu as bossé aux urgences, mec. Tu sais que dans la vie, il n'y a que les paranoïaques qui survivent..." - Z.