Je suis en manque

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Azza
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Message par Azza »

Ce que j'ai dit n'ai peut-être pas intéressant pour toi ; je te le dis autrement, mais tu peux laisser tomber... : Quand on règle l'appareil photo sur un gros plan, le reste est flou, il n'est parfois même pas reconnaissable...Manière de dire que quand je pense à toi, j'ai l'impression que tu es en danger quand tu ne regardes plus que ta peau, tes brûlures ; je crois que j'aimerais que tu gardes aussi contact avec plein d'autres choses, ton amie, ta famille, mais aussi les choses les plus banals qui, parfois, te font plaisir.
Ton histoire de peau n'est pas banale, et les mots qui accompagnent non plus, neuve, naissance, changer de peau... C'est comme si tu voulais renaître ! Mais c'est impossible et un peu étrange pour un adulte. Est-ce que ce désir aurait pu naître à un âge de la vie où la logique n'existe pas ? Le petit enfant que tu étais a-t-il pu croire qu'il n'était pas aimable ? (et pour un bébé, lui = peau). Le problème, c'est que les bébés ne parlent pas. Mais peut-être que ce que tu vis maintenant est une sorte de souvenir du désir d'être touché, manié, regardé avec amour. Et alors, même si le besoin existe toujours, le moyen que pensait l'enfant n'est pas tout à fait adapté à obtenir plus de contact physique, plus de tendresse, plus de regards d'admiration ( sauf des médecins et de toi). Mais peut-être as-tu d'autres hypothèses sur l'origine de ce besoin ?
Vincent

Message par Vincent »

Bonjour Azza,

Je trouve ce que vous dites très intéressant. J'ai trouvé très pertinent l'idée selon laquelle mon corps n'appartient pas qu'à moi, il appartient également à mon amie parce qu'il une interface entre nous. Je trouve cette idée très forte.
Je discute avec mon amie de mes brûlures, de toute cette logique de cicatrice. Bah je crois qu'elle est très compréhensive, qu'elle ne me juge pas. Mais tout ça la dépasse un peu. La seule chose dont je suis sûr, c'est que je ne veux pas lui faire subire une prochaine brûlure, je n'ai pas envie de mettre ça entre nous. Je me retiens, j'essaie d'apprendre à vivre avec ce besoin de cicatrice sans passer à l'acte. Pour l'instant mon amie me donne la force de résister mais c'est assez difficile.
Sinon, en ce qui concerne les raisons qui me pousse à faire sont multiples. On commence a avoir quelques pistes de réflexions avec les différents médecins qui me suivent. Azza, je préfère vous en parler en MP.

Pour répondre à Oriane, je connais très bien le processus qui me pousse à me brûler, c'est toujours le même. Je commence par ressentir une sorte de manque, puis j'éprouve une certaine fascination pour les cicatrices que j'ai déjà, ensuite, je trouve qu'il n'y en a pas assez qu'il faudrait compléter le travail. Après, les choses se précisent, je commence à délimiter une zone à brûler, je fais des repérage au marqueur pour voir ce que ça donnerait.
Ensuite, je me conditionne psychologiquement pour accepter les conséquences d'une prochaine brûlure. Je m'habitue à l'idée d'être greffé, d'avoir des dizaines d' agrafes, de me faire perfusé, de prendre des douches avec des infirmières pour l'ouverture du pansement après l'opération, je m'habitue à l'idée d'être transféré en psychiatrie, d'y passer plusieurs semaines. Je cherche un service où l'on accepterait de m'opérer.
Une fois ce conditionnement psychologique effectué, je vis quasiment avec la cicatrice, elle est là, je la sens presque. Il me suffit donc de passer à l'acte, j'achète un instrument et j?attends la crise qui me fera passé à l?acte.
Bien sûr, l?ordre de ces étapes peut changer. Je peux acheté un instrument avant d?avoir délimité la zone à brûlé. Enfin, tout ça est compliqué. A l?heure actuelle, je me bat contre le conditionnement psychologique, j?ai déjà délimité une zone précise à brûler et j?ai même cherché un hôpital qui pourrait m?accueillir. Mais pour l?instant, je ne suis pas prêt à passer à l?acte, je n?en ai pas envie, je ne veux plus même si ça me travail énormément. Je ne veux plus imposer ça à mon entourage.
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Pandora
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Message par Pandora »

Voilà une bonne résolution... et j'espère que tu la tiendras au mieux.

J'essaie de comprendre le plus possible tout le cheminement. Ce qui me marque c'est à quel point c'est minutieux comme préparation puis comme travail... si on peut appeler ça un travail... :? Tu décris cela avec beaucoup de distance, comme s'il s'agissait d'un problème sur lequel tu bosses depuis des années, ce qui est un peu ça. Tu sembles tellement maîtriser la chose, tu sembles trouver cela si beau, si pur... N'as-tu jamais porté un regard effrayé sur tes cicatrices ou tes photos ? C'est tellement précis... tellement appliqué... ça éveille en moi une sorte de fascination mêlé de peur pour toi parce que ce que tu fais ets grave, tu le sais.

Je te souhaite tout, Vincent, pour que tu puisses te sortir de ça la tête haute.
Qui croyais-tu que j'étais ?
Tu n'as pas vu les plaies de mes mains, ni les horribles cicatrices sur ma peau, ni les larmes qui coulent sur mes joues chaque triste matin lorsque je découvre de nouveau les fils de soie et d'or qui tissent ma toile.
Vincent

Message par Vincent »

Bonjour à tous,

C'est vrai que j'ai beaucoup de distance par rapport à mes brûlures. Je prends ça véritablement comme un travail à faire, un travail qui s'impose à moi. La "cérémonie" de la brûlure est toujours la même, j'essaie de me faire mal psychologiquement, j'écoute des chansons (je me brûle en musique) qui sont liées à de tristes souvenirs, je bois un peu pour cultiver ce mal être et enfin, je passe au travail en lui même : désinfecter, chauffer, brûler, nettoyer, chauffer, brûler, nettoyer et cela jusqu'à ce que la surface brûlée soit jugée satisfaisante. La dernière brûlure, je craignais d'avoir mal alors j'ai utilisé des anesthésiques locaux pour le mamelon et pour le reste, j'ai pris un dérivé de morphine. Je voulais que rien ne puisse interférer entre moi et mes cicatrices, pas même la douleur. Parfois, lorsque je regarde mes photos aprés ne pas les avoir vu pendant un moment, bah je ressens de la fascination et de l'admiration, je suis fier d'avoir accomplie ce travail, je le trouve tellement puissant, tellement pur. Je n'ai jamais été effrayé par mes photos ni par la vue de mes cicatrices, je les aime profondément.
Je ne sais pas si je me rebrûlerais un jour pour l'instant, je gére le besoin de cicatrice. En ce moment, je cherche des substituts. Même si c'est contraire à tous mes principes, je pense au tatouage. Des amis m'ont conseillé un tatoueur qui a déjà travaillé avec des cicatrices, j'aimerais bien faire quelque chose de plus artistique, une sorte de tatouage qui mélange cicatrice et couleur. Dans l'idée, il faudrait un travail qui donne du prix à ma peau, de la valeur. Je ne sais pas encore, il faut que je réfléchisse bien avant de commencer tout tatouage.
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