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Peur de recommencer

Posté : dim. 02 déc. 2007, 22h56
par kahlann
Je pratique l'automutilation depuis l'âge de 15 ans. J'ai commencé en me frottant bêtement une règle cassée sur le bras, et j'étais fascinée par les traces que ça faisait, alors j'ai continué. Quelques fois par an au début, puis quand j'ai fait des études stressantes je suis passée au couteau [modér]...

Je faisais des études d'infirmière, donc un mois de cours puis un mois de stage. Je n'avais qu'une hâte, que le stage finisse pour que je puisse quitter l'uniforme à manches courtes et me blesser, et utiliser le mois de cours pour cicatriser ni vu ni connu...

Quand j'ai commencé à travailler, à 19 ans, en tant qu'aide soignante, j'ai arrêté tout ça, puisque je travaillais à temps plein et que je devais porter des manches courtes. Au bout d'un moment j'ai pété un plomb, et j'ai trouvé la solution idéale: puisque mes manches m'arrivaient presque au coude, je me blesserai plus haut, entre le coude et l'épaule.

Le Laguiole ne suffisant plus, j'ai "emprunté" [quelque chose] à mon père, et là, quel soulagement! Et oh! merveille! Le sang perlait, sans effort.

De plus en plus fréquemment, de plus en plus profond, jusqu'au jour où ça n'a plus suffit et je me suis ouvert les veines, après avoir ingéré [des médicaments] et ouvert le gaz à fond.

Manque de chance, concours de circonstance malheureux, mon père est rentré à l'improviste, a appelé l'ambulance, etc. Résultat: mon secret était dévoilé, mes cicatrices mises à nu. J'ai atterri en clinique je ne sais plus trop comment, j'y suis restée de janvier à juin.

J'en suis sortie plus forte, avec de nouvelles envies, celle de reprendre des études par exemple. Je me suis inscrite à la fac, j'ai démissionné de mon boulot, et j'ai loué un appartement dans une grande ville à 300 km de chez moi.

Fin septembre, on m'a gentiment envoyé un courrier me signalant qu'il n'y avait pas suffisamment de place pour qu'on m'accepte en fac de langues. Je me retrouve donc seule dans une nouvelle ville immense, sans travail ni études, et c'est l'hiver. C'est l'hiver et je suis forcée de porter des manches, alors pourquoi ne pas en profiter pour y cacher quelque chose?

J'en arrive à ne plus savoir pourquoi je résiste. Aidez-moi.

Posté : dim. 02 déc. 2007, 23h16
par Vincent
Bonsoir Kahlann,

Pourquoi résister ? C'est une bonne question, je me la suis souvent posée. Je crois qu'il y a plusieurs réponses.
Tout d'abord, on pourrait croire qu'il n'y a pas vraiment de mal à se couper juste un peu, une fois de temps en temps. Au début, on croit que l'on maîtrise le truc. Mais ce n'est qu'une illusion, une première fois appelle une seconde, puis une troisième et à la fin, ça se transforme en véritable addiction car l'am crée une réelle dépendance.
Une autre raison pour ne pas recommencer, c'est que l'am ne soulage qu'un temps, ça laisse ensuite la place à la culpabilité et à la peine que l'on fait à notre entourage.
Et puis, l'am c'est une fausse réponse à un vrai probléme. On essaie de résoudre quelque chose, mais force est de constater que ça ne marche pas. La preuve, on recommence plusieurs fois.

Donc, pour toutes ces raisons, je te déconseille de recommencer.
Courage.

Posté : dim. 02 déc. 2007, 23h23
par kahlann
Merci Vincent.

Le truc c'est que j'ai remarqué que l'AM soulage un peu mes envies suicidaires, et qu'en ce moment j'en ai beaucoup... Devoir résister et à l'AM et au suicide semble vraiment insurmontable parfois.


J'aimerais avoir foi en la vie, arriver à croire que si je tiens juste un peu plus longtemps, les choses vont s'améliorer et tout ce qui me stresse ne sera qu'un mauvais souvenir...

Posté : dim. 02 déc. 2007, 23h26
par Vincent
Re,

Tu as un suivi psychologique ? Je ne suis pas pro-médocs mais parfois prendre des trucs permet d'apaiser un peu les tensions. Et puis c'est toujours mieux de voir un professionnel plutôt que de rester seul avec sa souffrance et ses interrogations.

Posté : dim. 02 déc. 2007, 23h37
par kahlann
Non, pas de suivi psychologique, ni de médocs. J'ai tout arrêté du jour au lendemain en sortant de la clinique. Ma mère me reprochait d'avoir changé à cause des anxiolytiques, d'être devenue "trop gentille", de n'être "plus moi".

Ce qu'elle ne savait évidemment pas c'est que la colère était mon moyen d'exprimer ma souffrance, et que l'absence de colère était une bonne chose dans mon cas!! lol


Et j'ai toujours été à fond contre les médocs. J'ai pleuré la première fois que j'ai pris du Tercian. :oops:

Posté : lun. 03 déc. 2007, 21h47
par Pandora
Et pourtant ils sont utiles... Tu es dans une situation dangereuse, tu le sais, tu es seule, loin de ta famille, sans boulot ou cours, tu as des idées suicidaires et des envies d'AM. Je pense que ce serait une bonne chose si tu allais voir un psychologue ou autre.

Te sens-tu capable de lutter contre ta souffrance, seule ?

Posté : mar. 04 déc. 2007, 01h43
par kahlann
Pas vraiment non. Le truc c'est que je sais que j'allais mieux quand je me coupais, mais maintenant je suis en coloc alors c'est plus difficile, et en plus j'espère bientôt avoir un travail et de nouvelles cicatrices seraient mal venues...

Je pense que je vais craquer pour de bon. Mais peut-être que non, on verra.

Posté : mar. 04 déc. 2007, 06h48
par olp
bonjour Kahlann

bienvenue ici, d'abord.

je trouve que tu fais une bonne démarche, en cherchant de l'aide, pour ne pas craquer...mais qu'ici, loin de toi, virtuellement, on n'est pas suffisamment...me joins donc aux deux autres poour te conseiller de chercher de l'aide dans ta ville, psy, par exemple...

seule, sans occupation, avec des pulsions destructrices, c'ets dangereux et tu le sais...

courage...

Posté : mar. 04 déc. 2007, 12h34
par titezip
supprimé...

Posté : mar. 04 déc. 2007, 19h03
par kahlann
Merci.

Le truc c'est que j'ai déjà essayé de me faire soigner et ça n'a pas marché... Maintenant toute ma famille et mes amis sont convaincus que je m'en suis sortie, et si je commençais d'un coup à voir un psy ou à prendre des médocs ça les inquiéterait beaucoup...

Je ne suis pas vraiment seule ici, je vois ma meilleure amie une fois par semaine, mais bien évidemment je ne peux rien lui dire pour ne pas l'inquiéter. Mais même sans en parler, la voir me fait du bien.

Je ne sais pas ce qui va m'arriver. Je ne sais pas si je vais craquer, si je ne trouve pas du travail bientôt c'est probable, mais il est aussi possible que tout s'arrange non ? Parfois j'ai l'impression que ma vie est fichue avant d'avoir commencé, et d'autres fois (plus rares mais existantes) je me dis que tout peut encore s'arranger.

Posté : mar. 04 déc. 2007, 19h27
par trinytis
Je pense que tu es jeune alors même si tu ne sais plus où tu en es dans tes études ou ton parcours professionel tu as encore le temps de chercher, de trouver autre chose et de mieux te connaitre pour savoir ce qui te correspond le mieux!
Essaye de voir les bons côtés de ta vie comme tes amis et essaye de te fixer sur eux et de sortir.

Je te conseillerai de ne pas te mutiler, de resister et là tu pourras vraiment être tres tres fière de toi et même si tu craques ce n'est pas grave n'ai pas honte on craque tous , moi j'ai craqué hier alors que ça faisait deux ans que je ne l'avais pas fait et pour être honnête je me sens trop mal de l'avoir fait , résultats je vais devoir le cacher et ça va pas être facile.
Je te souhaite de tenir le coup et d'être forte!

Posté : mar. 04 déc. 2007, 19h32
par kahlann
Merci trinytis

En ce moment mon moral joue au yoyo, il y a 10 mn j'avais une envie folle d'aller m'acheter des lames, je n'ai résisté qu'à la pensée que les magasins sont fermés ou presque à cette heure-ci, et aussi parce que ma coloc est là et que ce ne serait pas simple de m'enfermer dans la salle de bains suffisamment longtemps pour me couper religieusement et attendre que le sang cesse de couler.

J'espère qu'une telle crise ne me reprendra pas demain dans la journée, je ne suis pas sure de pouvoir y résister.

Pour ce soir, j'ai gagné la partie. Mais pas la guerre...

Posté : mar. 04 déc. 2007, 20h01
par trinytis
Une bataille de gagné c'est déjà énorme! Il y a un truc qui marche pour moi alors peut-être que je peux te le conseiller pour éviter de craquer, essaye de te défouler (cours, fait des pompes, des abdos) moi perso mon défouloir c'est la boxe! Je te souhaite de gagner encore une nouvelle fois la bataille ainsi tu t'approches un peu plus de la victoire de cette guerre qu'on croit sans fin!

J'ai réussi à arrêter pendant longtemps, bon j'ai craqué mais c'était une faiblesse passagère alors je pense qu'un jour ou l'autre chacun de nous peu arrêter, et peu importe le temps qu'il faudra mais toi aussi tu pourras y arriver.

Essaye de trouver quelqu'un que tu peux appeler quand ça ne va pas, quand tu sens que la crise monte. ça pourrait t'aider à ne pas craquer. Parfois les amis c'est aussi fait pour les mauvais moments!

Posté : mar. 04 déc. 2007, 20h20
par kahlann
Il faut que je me mette au footing, ça fait un moment que je me le dis mais à chaque fois j'ai trop la flemme (ou trop peur d'avoir l'air ridicule, ce qui est ridicule en soi vu que y'a plein de gens qui courent).

En plus j'ai des kilos en trop donc ça ne pourrait que me faire du bien :oops:

Merci pour la suggestion. J'espère que pour toi ça ira. Ce n'est pas parce que tu as cédé une fois que tu es retombé dedans.

Posté : mar. 04 déc. 2007, 20h32
par kahlann
Et quelqu'un à qui en parler... j'ai des amis, pas beaucoup mais des bons, des précieux, mais aucun qui ne pourrait comprendre. Ils sont pleins de vie, plein d'avenir, et plein d'incompréhension dès qu'on aborde le sujet. Ils sont volontaires pour aider, mais ils ne peuvent pas grand chose, donc c'est pas la peine de les inquiéter.