deux ans après. *ATT AM*

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cactus
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deux ans après. *ATT AM*

Message par cactus »

Bonjour tous,

Je ne suis pas sûre de connaître encore des gens ici. Je m'étais toujours dit que quand je reposterais, ça serait des bonnes nouvelles. J'aurais voulu.
C'est difficile de (re)commencer.

Pour faire bref. La première fois que je me suis blessée, j'avais 12 ans. L'année de mon bac, j'ai arrêté. D'un coup, ou presque. Des baisses , de temps en temps. C'est tout. C'était il y a deux ans. Et il y a deux ans que je ne parle presque plus de mon malaise. Parce que j'ai changé de ville, changé d'endroit. Parce que j'ai honte d'être suivie par un psy, de prendre des médocs, et d'être mal. Parce que surtout , j'ai peur qu'on me colle à nouveau l'étiquette dépressive.
Beaucoup de choses ont changé. Mon regard peut-être déjà. J'ai eu besoin de m'éloigner des forums pour me tourner vraiment vers le monde réel.

J'ai 21 ans maintenant. Je passe en troisième année de lettres modernes et je me suis payé le luxe d'avoir mes dux premières années en mention TB et de majorer coup sur coup. Chouette.
En mai, j'ai passé le concours de l'ens en candidate libre. Pour voir. Je ne regrette pas. Seulement, je mise trop sur ces exams. Le problème ne vient pas que de là, mais j'étais épuisée, alors ça a été la goutte d'eau. Quelques semaines avant, j'ai pensé à mourir. Je savais que je ne ferais rien , biensûr. Et je n'ai rien fait.

Seulement voilà. Il y a des moment, j'ai comme des crises de douleur. Qui se transforment en rage. Dans ces moments, le simple fait d'entendre quelqu'un me parler ... je le ressens comme une agression. Et j'ai envie de balancer tout ce qui me tombe sous la main. Mais je ne peux pas casser un objet, sinon je culpabilise. Alors c'est contre moi que je me retourne, parce que moi, je m'en fous de me casser. A mes yeux, c'est moins embêtant de m'abimer moi que d'abimer les objets. Et je me dis que tout ceci n'a pas de sens.
J'ai recommencé à me couper. Je ne sais pas comment. C'est venu petit à petit. Mais je sais que je ressens à nouveau, au moment où je le fais, de voir toujours plus de sang. Toujours plus d'entailles. Et toujours plus profondes.

Personne n'est au courant, parce que pour tout le monde c'est du passé. Mon erreur a été de ne pas laisser imaginer aux gens que je pouvais flancher. Et ça les arrange bien pour beaucoup, parce que ce genre de choses effraie. Cela leur fait peur. Et ils fuient.
Moi ? J'ai honte. Je ne culpabilise pas à l'idée de me blesser. Mais parce que j'ai peur de décevoir les autres, de les gêner. Alors je ne dis rien, à personne.

Oui, je vois un psy. Je lui en parle. Mais le côté médical et psy n'est pas seulement ce dont j'ai besoin. Il me faut aussi de "l'humain". Il est là , le problème.

C'est peut-être pour ça que j'ai eu le besoin de poster. Pour arrêter de pleurer, ou pour moins sentir ce poids et cette douleur qui sont omniprésents depuis des mois.
Hélène.
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Never Alone With Myself
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Message par Never Alone With Myself »

courage hélène...

tu dois poursuivre et croire en toi, tu peux voir le ciel de tes propres yeux...

et te laisser apprivoiser, parce que chaque personne a son mot a dire dans ce monde?

je me souviens tres bien de toi.

21 ans, tes etudes avancent mieux que les miennes...

mais rien n'importe.

tu avances, tu continues...je voudrais bien que tu cesses d'avoir aussi mal.

la vie a continuer en toi...
L'esprit c'est comme un parachute ; ça fonctionne quand c'est ouvert
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Ysilne
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Message par Ysilne »

Bonjour Hélène.

Dur de retomber. Pourtant à te lire, ce n'est pas autant. Faible réconfort, mais tout de meme... Tu as tenu longtemps, et ca n'est pas effacé juste parce qu'en ce moment c'est plus dur.
Mais le côté médical et psy n'est pas seulement ce dont j'ai besoin. Il me faut aussi de "l'humain".
Pourtant, tu ne parle que du coté médical et psy... Tu n'a peut etre pas envie d'en parler, mais le coté humain, justement ? Des copains à la fac ou en dehors, où en sont les relations avec ta famille, etc ? (t'es pas obligee de repondre ;) )
Mon erreur a été de ne pas laisser imaginer aux gens que je pouvais flancher. Et ça les arrange bien pour beaucoup, parce que ce genre de choses effraie. Cela leur fait peur. Et ils fuient.
Ne le voit pas comme une erreur. Quoiqu'on fasse vis à vis des autres, ca n'ira pas. :roll:
Si tu en parles où qu'ils craignent une rechute, le moindre signe est interpreté, et tu n'as plus le droit meme de te sentir fatiguée sans voir des regards d'inquietudes (au mieux).


Je suis contente de te relire, malgré les circonstances. :)
La douleur qui se tait n'en est que plus funeste.
RAC. Androm. III, 3.
Vincent

Re: deux ans après. *ATT AM*

Message par Vincent »

Bonjour à tous, bonjour Hélène,

cactus a écrit : Il me faut aussi de "l'humain"
Qu'entends tu par là ?
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cactus
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Message par cactus »

Merci à vous tous ...

Je vais essayer de répondre. Ce que j'appelle de l'humain, Vincent, c'est la possibilité de pouvoir parler de mon malaise avec les gens qui m'entourent. La possibilité de pouvoir en parler ailleurs que dans un bureau , à une date et heure précise. La posibilité surtout d'être écoutée par les gens qui m'entourent, de pouvoir me sentir en confiance ... de ne pas me sentir jugée, etc. Malheureusement, même si je sais que beaucoup fuient face à cela, je suis aussi parfaitement consciente que moi, je ne sais plus parler non plus. Que j'ai du mal à me livrer. Le cercle vicieux. A force d'avoir peur de décevoir , et finalement à force surtout de me décevoir moi-même, je n'ose plus parler. Et moins je parle, plus je vais mal. Je suis un peu paumée.

J'ai compris que je ne supportais toujours pas mon corps. Et je dirais même de moins en moins. Alors le détruire, c'est plus facile que de détruire les objets qui m'entourent. Le détruire, c'est ... ce n'est pas grave, je crois, pour moi. Comme si ce corps qui finalement n'a jamais été respeté par d'autres ne pouvait pas l'êrte par moi. Parce que je ne l'assume pas, je ne supporte pas de le montrer, je ne supporte pas qu'on le regarde. Et je l'abime. Ce n'est pas grave, dans ma tête. Même si je suis finalement consciente que ce raisonnement est absurde. Et c'est bien le problème, c'est que je suis consciente.

Je parle beaucoup de psy dans mon dernier message Ysilne, parce que généralement la première question qu'on me pose, c'est si j'en vois (toujours) un , alors comme ça je n'ai pas à y répondre ;) .
Mais plus sérieusement, mes relations humaines sont ... peu fameuses. Mes amis sont à Paris, on se voit peu. Je suis à Dijon, et j'ai quelques connaissances, des bonnes relations. Mais là encore, j'écoute plus que je ne parle. Et je ne suis pas douée pour amener le sujet. Alors .. j'attends, je lance des appels au secours en espérant que quelqu'un l'aborde. Comme je peux. En allant acheter du steri strip et des compresses à la pharmacie, je n'espère pas seulement avoir de quoi de me soigner. J'espère aussi une oreille. Qui n'est pas là...

Oui, je vais mal. Et je voudrais le gueuler. Le plus dur, ça a été quand j'ai été racheter des instruments neufs pour me couper. J'ai ressenti des sensations que j'espérais ne plus jamais ressentir. Un mélange de honte et d'espoir vain que le caissier refuse de me les vendre... Et de peur, aussi, des remarques.

D'ici une semaine, je vais voir quelqu'un qui me connaît très bien. Qui ne sait pas que j'ai replongé. Qui le saura en me voyant. Et je ne sais pas comment l'annoncer avant. Je tourne des phrases dans ma tête. Je ne sais pas comment le dire. Surtout au téléphone. "Oui je suis rentre d'Athènes, j'ai parlé grec pendant un mois et j'ai du mal à parler français... en fait j'ai recommencé". Impossible. J'ai la trouille. De décevoir, de faire peur. Je ne sais pas. De faire fuir. De faire mal.

J'suis paumée... Et à chaque crise, toujours le besoin d'aller plus loin. Et les regrets. Des entailles extêmement profondes. Mon refus de voir un médecin... Alors je me soigne moi-même.
La dernière fois que jétais allée à l'hosto il y a deux ans, trois jours après, le médecin m'avait dit "t'as appris à te soigner toute seule maintenant". C'est tout à fait ça.
Mais où je vais ...?... :triste: :'(
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olp
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Message par olp »

bonjour :-)

mmh, jsais pas si tu me connais, mais peu importe...

L'humain...c'est le moment de l'attrapper, avec cete personne que tu vois dans une semaine. elle te connait, et elle garde contact avec toi, en connaissance de cause, donc. ca existe, les gens qui ne fuient pas devant le malheur...
si c'ets un ami, ou une amie, il/elle ne demande probablement pas mieux que tendre une oreille et une main pour t'aider, si il peut. enfin, tout ca est probablement un peu simpliste, la situation plus compliquée ou...
quant au comment...pourquoi tu ne pourrais pas attendre que vous vous voyiez? les mots peuvent sembler vides, ou mal exprimés ou vains au téléphone mais en se voyant tout se dit plus facilement, entre les mots. ou tu as peur de lui faire du mal, de lui causer un choc si tu ne le/la préviens pas avant?

A part le psy, personne n'est au courant? ca doit etre vraiment dur,d'etre seul face à ca. de pas pouvoir parler à quelqu'un de sa peur de déraper...tes amis de Paris, tu e pourrais pas leur en parler? ou les connaissances dont tu parles, aucune n'est assez proche?
beaucoup de gens ne savent pas décrypter les appels cachés, peut-etre qu'ils ne le veulent pas...et si tu essaies detre explicite?

je ne sais quoi te souhaiter...d'oser demander...

courage...
"O douleur! ô douleur! le Temps mange la vie
Et l'obscur ennemi, qui nous ronge le coeur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie"
Ch. BAUDELAIRE--Les fleurs du mal--l'Ennemi
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