Le suicide est une question philosophique, autant que de santé mentale, je crois. Personne n'a le droit de te forcer à vivre. Mais légalement, ne pas envoyer quelqu'un en HP alors qu'il représnete un danger immédiat pour lui-même et qu'on a les moyens de le savoir, c'ets passible d'emprisonnement.
Et moralement, tu pourrais ne pas attraper quelqu'un par le col de sa chemise, si tu le voyais sur le point de sauter?
Il y a une distinction importante aussi entre une maladie mentale et une décision philosophique. Je crois qu'on n'a pas le droit de te refuser cette ultime liberté si tu choisis de la prendre dans ton état normal. De toutes façons, on serait bien en peine de le faire, en pratique, parce qu'un suicidaire déterminé, qui n'agit pas impulsivement et qui construit son acte, il échappera toujours bien à la surveillance (il peut se rater, bien sur). [même légalement, dans un certain nombre de pays, on reconnait implicitement le droit au suicide, via la dépénalisation de l'euthanasie]
Par contre, récupérer quelqu'un qui agit sur le coup d'une nouvelle horrible, d'une maladie mentale aigue, de l'alcool, de certains médicaments (dont c'ets parfois un effet sceondaire possible...), je ne vois pas en quoi c'est lui refuser le droit de faire un choix, ou le forcer à vivre: c'est juste le forcer à prendre le temps pour une décision irréversible.
En dehors du suicide, maintenant, pour ce qui est de ta qualité de vie, pourquoi penses-tu devoir rendre des comptes devant les hommes concernant ton bonheur? Serait-ce devant Dieu, ou n'importe quelle entité supérieure, pourquoi pas... Mais en quoi les autres sont-ils plus aptes que toi à juger moralement ce que tu es?
Et qui, à part toi (et encore) peut comprendre les forces multiples qui agissent sur toi et qui font que certains maux sont peut-être des moindres maux? L'am m'a sauvée du suicide plusieurs fois. Et je suis sure qu'être malheureuse m'a sauvée de devenir ce qui me dégoutait à certaines époques, et avec le recul, et ma morale actuelle je préfère mon parcours à ce qu'il aurait été sans mes 14ans.
Est ce que par ex, parce que mes parents m'ont donnés la vie, éduqués et fais grandir pendant 18 ans, je leur dois de sourire, de remplir leurs attentes, de vivre?
Je ne crois pas que tu leur doives d'être un prolongement d'eux-mêmes. Je crois que les parents remplissent leur role consciemment et librement et que tu ne leur dois pas "la vie", dans le sens ou ils n'ont pas le droit de choisir ta vie. Peut-être que tu leur dois la pareille? Prendre soin d'eux quand ils en auront besoin. Mais certainement pas leur appartenir.
Ils ne t'ont pas créé comme j'ai créé le cadre posé sur ma table de nuit, et tu n'es pas non plus un animal domestique.
Mon père, après ma TS, m'avait dit "On a galéré 5ans avec ta mère, pour t'avoir. Fausse couche sur fausse couche. On en a bavé, on ne t'attendait plus, on t'a accueillie comme un cadeau, élevée et nourrie. Tu n'as pas le droit de nous retirer ta présence. Tu es notre enfant, tu n'as pas le droit de nous priver de toi."
J'ai ces paroles toujours en travers de la gorge. Je ne suis pas un objet qu'on a acheté à la sueur de son front.
EDIT d'après ton dernier message: il existe un principe légal selon lequel on ne peut pas te punir pour quelque chose qui ne porte atteinte, strictement qu'à toi-même.
Et l'HDT n'est pas une punition, mais un acte de protection. On attache les gens qui sont agités après une anesthésie. On met de moufles aux petits enfants qui ont la varicelle pour ne pas qu'ils se grattent à en garder des cicatrices. On n'accepte pas de demande d'euthanasie active (en belgique: en france je crois que c'ets toujours impossible...?) de quelqu'un qui n'est pas considéré comme ayant toute sa conscience, ni de mineurs (et ca va changer, pour les "grands mineurs").