je repensais à la période où j'avais le plus besoin d'aide (13-14 ans) et je me suis souvenue combien les réactions, en milieu scolaire, ont été inappropriées à la situation. De toute évidence le personnel encadrant n'est pas du tout formé à faire face à l'AM et j'aimerais savoir si d'autres que moi ont constaté cette carence.
Premier exemple : j'avais treize ans, en cinquième ou quatrième. Je me suis foulé le pouce à l'occasion d'un match de volley, au collège. J'ai été voir l'infirmière scolaire. En examinant ma main, elle a surpris par hasard les coupures sur mon poignet. Sa réaction a été tellement violente que j'ai limite paniqué, ne comprenant rien à ce qui m'arrivait. Elle m'a chopé le bras et elle a remonté ma manche de force, avant même de dire quoi que ce soit, à moitié hystérique : "c'est quoi ça ? qu'est-ce que tu as fait ? Tu te rends compte que c'est ton corps, tu es folle !"
Inutile de préciser que je me suis littéralement barrée en courant. J'ai dû lui arracher mon bras de force pour partir... ça ressemble à un sketch tellement c'est ridicule, mais c'est ce qui s'est passé. Quant à mon pouce, il a dû se débrouiller tout seul comme un grand

Plus étonnant encore avec le recul, cette histoire n'a pas eu de suites. Je veux dire par là qu'elle n'a jamais essayé de me convoquer chez elle ou chez l'assistante familiale, elle n'en a pas parlé à mon prof principal ou à mes parents, que dalle. Bon, d'un côté tant mieux parce qu'à l'époque je refusais obstinément la moindre aide extérieure et j'aurais détesté que quelqu'un d'autre soit mis au courant (quoique ma mère le savait déjà), mais objectivement, ce n'est pas vraiment la réaction qu'on attend de la part d'un adulte...
Deuxième exemple : j'avais quinze ans, en classe de seconde. Je ne m'étais pas mutilée depuis quelque temps mais je me suis fait une seule et unique coupure, dans un moment d'assez grande colère. Le résultat était tellement moche à voir (le lendemain après-midi ça ne s'était pas arrêté de saigner) que je suis allée à l'infirmerie, sur les conseils d'une amie. C'était pas le même établissement, donc une autre infirmière. Quand elle a vu l'état du truc, elle a levé les yeux au ciel. "C'est vraiment n'importe quoi ce que vous faites... vraiment. Vous abîmez votre corps, vous trouvez ça logique ?" Aucune proposition de suivi psychologique, aucune question sur le pourquoi du comment (alors qu'à l'époque j'étais plus ouverte à la discussion). Elle m'a juste engueulée de ne pas être allée à l'hôpital et elle m'a posé des seri-strips. Une fois encore, aucune suite chez l'assistante sociale ou avec les parents, mais ça m'arrangeait.
Avez-vous vécu des situations similaires, où un adulte qui est censé plus ou moins soutenir les jeunes qu'il fréquente dans un cadre scolaire (infirmière, assistante sociale, mais aussi prof), se contente de les enfoncer et ne fait absolument rien pour les aider ?
Peut-être que je souligne une évidence, mais je persiste à croire que l'AM est encore beaucoup trop tabou, trop peu comprise et étudiée, contrairement à d'autres conduites autodestructives telles que l'anorexie, la boulimie, la toxicomanie. Les gens qui bossent dans des structures scolaires devraient bénéficier d'un minimum de formation pour y faire face. Au moins ceux qui sont précisément là pour soigner le corps ou la tête. Parce qu'au final, la plupart du temps, on se retrouve quand même assez seuls face à tout ça...
Ressentez-vous, avez-vous ressenti la même chose ?