Rendez-vous chez Lui prévus à 11h.
Je me réveille à 7h par cet habituel mal de ventre. Mon réveil ne m'aura, encore une fois, servit à rien.
J'arrive devant Le bâtiment un peu en retard... De toute façon, a quoi bon être à l'heure puisque Mr me prend toujours avec minimum 30 minutes de retard.. Je pousse la porte et regarde mes pieds : aucune envie de dire bonjour à tous ces gens. Au bout du couloir, l'escalier, et accrochée a coté de celui-ci , une petite pancarte "antenne adolescent 1er étage". Je monte et entre dans la salle d'attente. Je dis bonjour à une jeune fille assise dans un coin et m'assois. Elle me sourit, son psy[..] l'appel elle se lève en dévoilant son ventre habité, et quitte la pièce.
Ma psy entre dans la salle. "Lara! comment vas-tu?" je réponds que ça va, mais ça ne sert à rien elle répond toute seule a sa question " ta mère m'a appelé il y a quelques semaines elle m'a dit que ça n'allait pas du tout". Bien! Maman s'en mêle. Tant pis je vais devoir assumer : "non, ça ne va pas." On parle, de tout et surtout de rien. De moi. C'est à dire de rien. Je ne me rappelle même pas de ce qu'elle m'a dit.. Des phrases qui s'enchaînent et mon habituel hochement de la tête. Elle part, puis se ravise. "Et ton traitement Lara?" "pas commencé...". Elle part. Une porte s'ouvre et Il vient me chercher. J'entre dans son bureau , et m'assois. Il me fixe. Je fixe mes pieds. 1 minute de silence. Et dans un bureau face a Lui, une minute c'est long, très long. Il me dit quelque chose comme " alors ces vacances?" , j'aurais pu m'y attendre, on ne sait que parler de mes vacances. J'enchaîne des phrases sans sens. Il est sourd et n'entend probablement pas, de toute façon. Merde, il faut tout re-répéter, ça aussi j'ai l'habitude... ça donne des dialogues un peu cons :"et sinon , tu manges bien?" "non, pas beaucoup...""commennnnt? J'entends pas !" "oui , très bien!" "ha ! c'est bien

Il me fixe ,à nouveau : le silence. Et puis cette phrase lâchée dans le vide " ça sert a quoi de vouloir un traitement si c'est pour tout prendre d'un coup le 1er soir?" . Je ne sais pas. Et c'est ce que je lui réponds. Il est agacé, je ne sais dire que des "je ne sais pas" et des "peut-être" . Rien d'autre ne veut sortir. Le silence. Il faut que je lui demande. Il faut que j'ose lui poser cette question que je me pose depuis longtemps, très longtemps. "j'ai quoi?" "pardon" me répond-il. "j'ai quoi , c'est quoi mon problème, c'est quoi ma maladie, j'ai quoi?". Je l'ai fait, mais je ne suis pas pour autant soulagé, il me manque : sa réponse. IL me regarde, le sourire au lèvre : " et donc tu par chez ton copain demain?" . Il ne répond pas, il ne veut pas, ou il ne sais pas . j'ai osé lui demander, et lui il ignore cette question très importante à mes yeux. "oui , je pars chez Matthieu demain." "ses parents sont d'accord?" "oui , mais il ne seront pas là." A nouveau son sourire. Il attend de moi une réaction, je ne comprends pas, je regarde a nouveau mes pieds. Puis les sien. Puis les miens. Puis Lui.
"Quoi?" " vous allez avoir des rapports sexuels alors !" . Merde, merde merde merde merde. Il repart dans son trip. Putain, il peut pas me lâcher avec ça? "non, et je vois pas pourquoi il y en aurait." IL me traite comme une povr' fille égoïste qui ne pense qu'a son "bonheur" et ne veut pas s'offrir, ne veut rien partager. Ca ne m'attire pas, il ne peut pas comprendre? Non, il ne peut pas. J'en ai mare, je veux sortir.
"Tu veux faire quoi?" . Je ne comprends pas sa question. Il commence à me parler de psychanalyse. Je ne comprends pas où il veut en venir. "tu sais ce que c'est la psychanalyse?" Je réponds que non, je ne sais pas. Il est un peu étonné, et ça a l'air de l'ennuyer que je dise que je ne sais pas " mais si voyons ! tu sais ! on en parle de partout" .OUi je sais. Mais je ne sais pas ce qu'on y fait. Bref il s'en fou et enchaîne les questions " tu as quel age. Merde ! IL veut se débarrasser de moi ! " 17 à la fin de l'année".. Il me dit que c'est peut être trop jeune, mais qu'il va se renseigner. J'ai envie de pleurer, ils me laissent tomber! Il me parle, il ne s'arrête plus, ça ne lui ressemble pas. Il me dit qu'j'ai chuté. Après l'émission. Je m'énerve, et je rétorque que l'émission n'a rien a voir. "je n'ai jamais dit le contraire". Je sais que je vais mal, je sais qu'avant ca allait mieux. IL me dit que je stagne, que rien ne s'arrange. Ma mère l'a appelé elle était en colère elle a dit que ça ne servait a rien que je n'allais pas mieux. Je lui donne 2 mois pour baisser a son tour les bras. Dans 2 mois, je serais absolument seule.
Quelqu'un entre " téléphone pour vous!". Alors qu'il est occupé, j'en profite pour laisser couler mes larmes discrètement avant de vite les effacer de mon visage. Il raccroche. Le silence. Je me force à sourire, pour cacher mes yeux brillants.
Je me répète que je ne viendrais plus ici bientôt. Je me dit qu'il va tout falloir recommencer. Tout ce que j'ai dit, je vais devoir le re-dire. A quelqu'un d'autre..
" Et bien nous nous voyons en septembre pour voir ce que l'on fait !au revoir Lara."
Je quitte Le bâtiment. Une fois la porte refermée, je me laisse pleurer. Impossible de m'arrêter . Je remonte la longue rue de Turenne en lâchant tout ce que j'ai en moi. Ils m'ont abandonné. Je suis seule, seule. Les gens m'observent, ont pitié de cette gosse qui ne se contrôle plus.
Je suis seule.