La phobie des grandeurs

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KaJaGooGoo
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La phobie des grandeurs

Message par KaJaGooGoo »

J'écris ici pour essayer de mettre des mots sur ce qui me travaille ces temps-ci...

Je ... hum ... J'ai peur de grandir. Ridicule, peut-être.

La dernière fois, en répondant a une recherche sur la réaction des parents, j'ai en gros résumé le jour où j'ai eu 18 ans. Ce jour où je me disais "Ca y est, tu peux mourir sous ta propre responsabilité"... Quelle idée pourrie me direz-vous, pourtant c'était la mienne ce jour-là.
Je me sens tout petit de l'intérieur. J'ai l'impression d'avoir encore 10 ans, parfois moins.
Les terreurs sont les mêmes que celles d'un enfant fragile, la façon de réagir souvent primitive. J'ai toujours de gros problèmes d'impulsivité, qui jouent bien souvent contre moi... et ma capacité à emmagasiner se perd, d'où des engueulades assez violentes avec mon entourage trop fréquentes. Et je sais que ça vient en grande partie de moi.
Le jour de mes 18 ans, j'ai jamais ressenti quelque chose d'aussi horrible, ce sentiment de trop tard, comme si la date de péremption était dépassée.
"T'as jusqu'à tes 18 ans pour devenir quelqu'un"
Le jour J... Non, pas ça. Résultat, gros pétage de plomb.
Comme je l'avais déjà dit, les choses se sont "arrangées" depuis, au moins "matériellement" (ou corporellement, ça dépend comment on le voit). Pourtant, l'angoisse monte toujours plus. J'ai cessé de me faire du mal, j'ai encore quelques déboires face à une assiette et mon oreiller :?, mais même si j'arrivais à résoudre tout ça, je ne pense pas que le problème de fond changerait.
Dans ma tête, toujours ce flot que je m'acharne à dénier, sans grand succès. Toujours ce sentiment de n'être absolument rien. Toujours l'appréhension du lendemain. Comme si je ne pouvais jamais être à la hauteur.
Quand j'ai eu mon bac, j'en étais le 1er étonné. Une franche surprise. Comme une part de regret aussi. Parce que passer dans la vie étudiante, ça implique dans ma tête de me sentir "grand"... et j'en suis bien loin.
Mon 1er job d'été, une autre grande source de stress... Ils sont indulgents, étant donné mon statut de saisonnier... Mais je n'arrive pas à m'oter de la tête qu'ils vont me virer à la moindre imperfection, que le moindre écart serait un prétexte pour me jeter dehors... Parce que j'ai l'impression que tout le monde guette, n'attend que ça. Pour me descendre un peu plus.
Un rien parano sans doute, mais je n'arrive pas à penser autrement. Je perfectionnise tout, je me tue pour des conneries. Comme si grandir, ce serait une accumulation de responsabilités trop lourde à porter pour mes épaules, bien trop... "incapables" de remplir cette fonction.

Et je vois des cicatrices sur moi. Une certaine nostalgie. J'étais encore mineur. C'est comme un pont vers la "vieillesse" qui m'effraie tant. J'ai peur qu'elles s'en aillent.
Je ne veux pas avoir à recommencer en tant qu"adulte", je sais c'est débile d'associer ma majorité à un état d'esprit, je sais bien que le jour de ses 18 ans, paf, on se conduit pas comme un adulte irréprochable et responsable, pourtant je voulais encore y croire un tout petit peu :cry:
J'ai les "bons" réflexes, quand j'ai un gros coup de blues, je sais évacuer la noirceur dans l'écriture, avec mes comptines, un autre moyen de renouer avec l'enfant qui se terre dans ma tête. Pour un enfant, il n'est pas très joyeux, loin de la joie et l'insouciance... Mais ça ne fait pas de lui un adulte. Il est resté petit dans sa tête...

Et c'est moi.
J'aimerais arriver à grandir, autrement que dans la douleur. Je n'y arrive pas. Ma majorité a été catastrophique, et ma rentrée dans la vie étudiante me tétanise... J'ai le sentiment que je vais me sentir démuni dans ce nouvel univers.
Pourtant je fais une prépa, ça implique quand même de rester dans une classe, avec des profs qui connaissent nos noms, un lieu où l'on reste quand même assez encadré, à des lieues d'un amphi où personne n'est personne... Enfin personne ne se connait (oui je m'exprime mal...)

Ca faisait longtemps que je n'avais pas tremblé. Désolé de vous faire partager ces moments d'appréhension et de doutes... Mais j'en ai besoin :oops:
Je me doute que vous allez penser que je me juge trop durement... Mais pourtant, je ne le pense pas. Vraiment, j'ai des raisons de penser ça de moi.

Merci à tous ceux qui m'auront lu...
Vincent
Leçon quotidienne de retenue : songer, ne fût-ce que la durée d'un éclair, qu'un jour on parlera de nos restes. [Emile Cioran]

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Pandora
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Message par Pandora »

Je crois que c'est légitime de redouter l'avenir dans les conditions fragiles dans lesquelles nous évoluons, mais aussi et surtout la société d'aujourd'hui n'est guère plaisante. Il ets évident que tu manques de confiance en toi et tous ces doutes sont bien normaux et je comprends bien à quel point ils doivent te pourrir la vie. Dur, dur de faire un pas en avant lorsqu'on a envie de rentrer dans un trou de souris. Malheureusement tu n'as pas le choix, il faut avancer, encore et toujours. La vie est ainsi. Mais tu sais, je crois que le trésor le plus précieux que puisse avoir un être humain c'est son enfance (lorsqu'elle n'a pas été bafouée), ce sont ces petits moments où l'on se sent insouciant, aussi brefs soient-ils, ces plaisirs disparates mais présents. C'est avec cela que l'on se protège du monde de requins dans lequel nous vivons. D'autres choses sont à vivre à l'âge adulte, souvent ombragées par les responsabilités, mais on apprend à vivre avec et même parfois à en tirer une certaine fierté.
Qui croyais-tu que j'étais ?
Tu n'as pas vu les plaies de mes mains, ni les horribles cicatrices sur ma peau, ni les larmes qui coulent sur mes joues chaque triste matin lorsque je découvre de nouveau les fils de soie et d'or qui tissent ma toile.
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Ysilne
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Re: La phobie des grandeurs

Message par Ysilne »

Peur de grandir... Je dirais plutot peur de ne pas tout controler...
Tes 18 ans... Je comprends, vraiment. La date etait arbitraire. Moi, c'etait mes 17 ans, je m'etais persuadee depuis l'enfance que ce jour là... cet age là... :? Bref, ca passe.
Comme l'assiette ou l'oreiller... Le probleme est plus complexe, moins superficiel. Le connais tu vraiment ? Sais tu ce qui pourrait t'aider a le combattre ?

la prepa ou la fac, je ne vois pas ca comme toi... Ca te depaysera moins certes, mais la fac c'est aussi plus de libertés, moins de stress. Et on se connait peut etre meme mieux, puisqu'on a le temps pour ca. La prépa... Quand j'y pense, heureusement que je n'y suis pas allée finalement.
Mais chacun ses preferences. :)
La douleur qui se tait n'en est que plus funeste.
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RoseNoire
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Message par RoseNoire »

Si ça peut te rassurer, tu n'es pas le seul à avoir peur de grandir :roll: .
Savoir prendre des décisions rapidement, s'y tenir, assumer ... :pa:
Mais, quand on regarde autour de nous, beaucoup "d'adultes" ne le sont pas vraiment , dailleurs, j'ai du mal à cerner ce mot.
Tu es humain Vincent ( dans tous les sens du terme daileurs ;-) ), donc tu as le droit à l'erreur, je sais bien que c'est facile à dire, mais c'est normal de se tromper des fois.
KaJaGooGoo a écrit :j'ai encore quelques déboires face à une assiette et mon oreiller , mais même si j'arrivais à résoudre tout ça, je ne pense pas que le problème de fond changerait.
Non ... C'est vrai que ça serait plus simple sans, il ne resterait que les "vrais" problèmes. Mais même si tu ne peux pas t'en débarasser complètement, tu les gères, c'est déja pas mal.
KaJaGooGoo a écrit :Pour un enfant, il n'est pas très joyeux, loin de la joie et l'insouciance... Mais ça ne fait pas de lui un adulte. Il est resté petit dans sa tête...
Finalement, les adultes sont de grands enfants, ils gardent quand même une partie "enfant", plus ou moins importante selon la personne. On ne peut pas être adulte à 100 %.
Et je pense qu'on évolue constamment, progressivement, mais constamment. Faut juste se laisser le temps ;-)
Enfin, je dis ça, mais j'suis un peu dans le même cas :roll: , donc je ne vais pas plus m'éteindre ...

Audrey.
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RoseNoire
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Message par RoseNoire »

RoseNoire a écrit :Enfin, je dis ça, mais j'suis un peu dans le même cas :roll: , donc je ne vais pas plus m'éteindre ...
:shock: On va dire que c'est ... la fatigue :roll: , m'étendre, c'est mieux :mrgreen:
"Sois sage, ô ma douleur et tiens-toi plus tranquille !"
(Baudelaire)
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Anonyme86
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Message par Anonyme86 »

j'ai eu 18 ans il n'y a pas longtemp et l'année prochaine je rentre la fac, rien que de l'écrire me fait bizzare. avant mes 18 ans je me disais il faut que j'ai une copine des truc dans ce genre la résultat rien de tout ça n'est arriver. je comprend que tu ne te sente pas adulte. je ne me sens ni enfant par certain coté, mais ni adulte de l'autre notament pour tous ce qui est des responsabilité. c'est normale que tu soit effrayé par ce qui va t'arriver, mais ca arrivera comme même. regarde avant que tu rentre au lycée tu as surement eu peur et finalement c'était pas pire que le collège.
allez courage
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