La solitude et l'AM

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Pandora
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La solitude et l'AM

Message par Pandora »

J'ai pu remarquer une chose, beaucoup d'entre nous sont relativement seuls dans leur vie. Parfois un/une petit(e) ami(e), mais les amis se font rares.

Avez-vous des amis ? De vrais amis ? De ceux qui nous connaissent bien, de ceux qui acceptent ce que l'on dit, la façon dont on résonne ?

J'ai deux amis, Jl et Tophe, mes deux amis de Paris, qui demeurent mes seuls amis. Parce qu'ils sont restés malgré les appels au Samu, malgré les HP, malgré les sevrages alcooliques, malgré mon départ de Paris. Ils restent là. Ils sont mes seuls amis à me connaître aussi bie, à m'avoir connue de façon aussi tragique en fait. Aujourd'hui, cela va faire deux ans que je suis rentrée dans ma région natale. J'ai des copains, copines, qui à l'origine sont ceux de Romain. Et l'autre jour, je me disais finalement que sont ils pour moi... Ils ne connaissanet pas grd chose de moi en dehors de mes cicatrices, de mon look qui ne court pas les champs en Province, du fait que je tienne fort bien l'alcool. Voilà ça se résume à ça. Là j'ai tout le passé de ma famille qui me saute au nez, toute l'histoire familiale alors je préfère rester seule. A qui pourrais-je me confier ? Je parle avec mes amis de Paris par MSN et avec celle qui se révèle année après année être toujours présente pour moi comme je suis présente pour elle : mon Amélie-Mélo.

Alors je me pose des questions. Est-ce que l'on fait fuir ? Est-ce que l'on fait peur ? Et malheureusement la réponse reste oui... Certains poussent les barrières pour découvrir enfin ce qu'il y a en nous, mais combien sont-ils ?? Je les compte sur les doigts d'une main et encore il n'y a que deux doigts finalement. Je me dis voilà 2 ans que je fréquente les amis de Romain, les filles discutent entre elles, je discute aussi, mais qui a pris la peine de faire ma connaissance véritablement ? Une seule. Qui se révèle avoir des copines et moi je ne fais qu'une chose, je fuis en courant. Qu'est-ce que j'ai à leur dire ? Elles sont jeunes. Hier cette amie ne travaillait pas, elle sait que je suis en vacances, elle n'a pas pensé à me contacter pour que l'on se voit, difficile car ses copines lui mènent la vie dure.

Alors je reste seule, encore et toujours.... Et je me demande. Est-ce que j'en attends trop ? C fort possible...

Et vous, quel est votre rapport à l'amitié parmi l'AM et les troubles psychologiques ? Finalement, il y a-t-il une place pour l'amitié...
Qui croyais-tu que j'étais ?
Tu n'as pas vu les plaies de mes mains, ni les horribles cicatrices sur ma peau, ni les larmes qui coulent sur mes joues chaque triste matin lorsque je découvre de nouveau les fils de soie et d'or qui tissent ma toile.
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KaJaGooGoo
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Message par KaJaGooGoo »

Avez-vous des amis ? De vrais amis ? De ceux qui nous connaissent bien, de ceux qui acceptent ce que l'on dit, la façon dont on résonne ?
[…]
Et vous, quel est votre rapport à l'amitié parmi l'AM et les troubles psychologiques ? Finalement, il y a-t-il une place pour l'amitié...
Ce serait mentir de dire que je n’ai pas d’amis. C’est un peu couillon de les classer, mais disons que d’un coté, j’ai une bande potes depuis le collège, avec qui on a toujours gardé contact, on a partagé les soirées, toutes les conneries possibles et imaginables, des gros délires… Mais les discussions ne sont pas toujours légères, je pense que j’ai appris sur moi-même avec eux, ils arrivent assez facilement à me capter. Après j’ai d’autres amis que j’ai connu plus tardivement, un petit groupe de 3 personnes avec lesquelles on partage beaucoup d’idées en mêlant nos idéaux, croisant nos utopies (on a tenu une association dans le domaine culturel ensemble, c’était de loin ma meilleure expérience cette année). Et puis j’ai un ami, un peu à part, qui ne connaît pas les autres, avec qui on parle franchement de tout, sans tabou, qui je pense en sais plus que les autres sur ce que j’appelle « mes mauvaises années ».
Au final, je suis assez entouré, je vois régulièrement ceux que j’ai envie de voir, mais la solitude est toujours restée un sentiment assez pesant chez moi. Solitude amoureuse, la sensation qu’au fond je suis trop … pour prendre le risque de miser sur l’affection/l’amour des autres.
Je crois que j’ai une idée un peu trop extrême de la liberté, de l’indépendance. Je n’aime dépendre de rien ni personne. Je cherche à gagner un semblant d’autonomie financière pour me détacher de mes parents. Pour être libre de vivre selon mes convictions, mes états d’âme, je ne dois pas trop les partager. Ca inclut la liberté de tout fiche en l’air, de se ravager. J’ai besoin de me dire que je peux plonger. Sans l’avoir fait depuis un certain temps, je continue à cultiver un fond d’échec. Ca me rassure quelque part, de savoir que je peux venir, partir, ne pas laisser de traces, ne pas être regretté. Enfin au fond, je ne veux pas qu’on apprécie mon mode de pensée –pour ce qu’il a d’appréciable- alors je me le garde bien souvent. Même si j’ai discuté ouvertement avec R., le « pote à part », je pense avoir gardé un gros morceau, le plus dégueulasse, bien au chaud dans ma gorge. J'en ai donné un aperçu à mon psy qui m’a mis en face de mes contradictions internes. Mais bon ça tournait au café philo -en pire- alors j’ai coupé court avec lui.
Je ne pense pas faire fuir ou faire peur, je pense qu’au contraire c’est moi qui suis fuyant, qui a peur. Des déceptions amicales et amoureuses qui m’ont trop cassé, ruiné, ravagé. J’évite les prises de risque. Je ne cherche pas à provoquer les contacts. J’essaie de rester ouvert à la discussion (parce que dans l’asso sans le coté relationnel c’est la galère ^^) mais je n’ai pas l’habitude de me mettre en avant, de faire des grands gestes avec mes mains en parlant (moi c’est plutôt les bras croisés et les mains qui se tortillent).
Comme toi, Oriane, je pense en attendre trop, enfin tellement que je n’attends rien de plus des autres parce que j’ai un minimum les pieds sur terre.
J’ai l’impression que dès lors que tu côtoies des gens, tu t’enfermes dans une sphère de relations qui t’amènent, outre l’amitié, leur lot de contraintes, d’obligations vis à vis des gens. Quand ces sphères se croisent, les cercles muent en rosace, et toi enfermé comme un con, tu es accro aux gens. Si la liberté absolue c’est la solitude, alors il faudrait songer à faire quelques concessions…
Pourtant, je reste assez solitaire. Je pense que l’AM et l’amitié ont des liens certains. Etre bien avec soi même est une condition nécessaire pour être bien avec les autres (ou alors c’est pure hypocrisie). Les autres te renvoient une image de toi que tu as déjà du mal à supporter dans le rapport de toi à toi. Alors forcément ça peut clasher, comme ça peut être épanouissant de se dire « tiens il/elle voit en moi quelqu’un de bien »… ça peut aider à mettre son ressenti sur la touche (pas inutile quand on a tendance à détruire sa propre image).
Voilà, c’est un peu long, mais je trouve le sujet intéressant.
Leçon quotidienne de retenue : songer, ne fût-ce que la durée d'un éclair, qu'un jour on parlera de nos restes. [Emile Cioran]

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Vincent

Message par Vincent »

Bonsoir à tous,

Alors est-ce que je suis entouré ?
Bah oui, j'ai une petite amie dont je suis trés amoureux et c'est réciproque. Elle m'aide beaucoup, c'est certainement grace à elle que je ne me suis pas brulé depuis si longtemps.
En ce qui concerne les amis proches. Bah je suis également trés entouré. J'ai de nombreux amis qui me sont trés chers avec qui je passe beaucoup de temps. Ils ne me connaissent pas forcement trés bien mais ça c'est de ma faute car je ne tiens pas trop à me livrer.
Toutes ces personnes qui m'entourent m'ont beaucoup soutenu lorsque j'étais malade. Ils venaient me voir régulièrement à l'hôpital, me téléphonaient tous les jours. Bref j'ai de rééls amis autour de moi et j'ai conscience de la chance que j'ai.
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Ysilne
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Message par Ysilne »

Avez-vous des amis ? De vrais amis ? De ceux qui nous connaissent bien, de ceux qui acceptent ce que l'on dit, la façon dont on résonne ?
Comment quelqu'un pourrait-il accepter ma maniere de penser quand moi-meme je ne l'accepte pas et la cache ?
C'est probablement ca qui m'a le plus empeché d'avoir des amis. N'avoir ni confiance en moi, ni en eux par consequence. Et donc ne pas les laisser me connaitre.

Et puis, le risque était trop grand aussi : ne supportant pas d'etre rejetée ou jugée, comment tenter d'approcher les autres ? Comment parler à coeur ouvert, etre proche de quelqu'un, en sachant qu'un mot de travers peut declencher l'AM ou des envies suicidaires ? Et plus proche j'etais d'une personne plus ses reflexions pouvaient etre destructrices.
D'ailleurs mes quelques tentatives pour sociabiliser ont été des plus douloureuses.

Je n'en suis plus là, heureusement. Mais tout de meme, je n'envisage pas de vraie amitié, non superficielle, sans aborder les "annees sombres" de ma vie, ou au moins ne pas faire un effort permanent pour cacher ces cicatrices de l'âme et du corps. Par contre, je pense que beaucoup ici l'auront remarqué, tout le monde n'accepte pas facilement ca. Alors, plutot que d'aller de deception en deception, je me resouds à ne pas avoir de vrais amis parmis les gens que je rencontre "en vrai". L'avantage du web, c'est que je peux m'assurer dès les premieres discussions qu'une personne ne va pas avoir des prejuges ou des reactions trop negatives face à tout ca, et rompre tout contact dans le cas inverse sans consequences directe sur mon environnement.

En résumé, j'ai progressé, j'ai meme des amis, je crois (j'hesite sur le pluriel, je suis trop exigeante et trop peu confiante). Le sujet reste douloureux parce que j'ai souffert (le mot est faible) de solitude pendant des années.
Et parce que j'ai connu une amitié (fusion ?) comme il ne me sera jamais donné d'en retrouver une, et que tant que j'en aurais un souvenir net, je ne pourrais que me sentir seule.

Mais là, c'est un autre probleme, le sujet initial melange les themes de solitude et d'amitiés alors que les deux sont si differents, bien que liés.
La douleur qui se tait n'en est que plus funeste.
RAC. Androm. III, 3.
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Pandora
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Message par Pandora »

Comment quelqu'un pourrait-il accepter ma maniere de penser quand moi-meme je ne l'accepte pas et la cache ?
Quand j'ai lu cette question que tu te poses Isa, j'ai eu froid au coeur. Finalement, c vrai ce que tu dis... Comment pourraient-ils comprendre ça quand nous-mêmes le refusons...
Comment parler à coeur ouvert, etre proche de quelqu'un, en sachant qu'un mot de travers peut declencher l'AM ou des envies suicidaires ?
J'ai toujours eu une rancune tenace envers tous ceux qui m'ont côtoyée et ceux qui me côtoient pour ne jamais avoir eu la démarche de lire des trucs sur l'AM, d'autant plus que j'ai un dossier conséquent sur le sujet. N'est-ce pas mieux finalement ? Que personne ne l'ait jamais fait... A y penser, une voix au fond de moi hurle de rage, de désespoir, puis il y a une voix plus sage qui me dit que s'ils avaient lu, auraient-ils pour autant compris. J'en suis incertaine... très incertaine... Je crois que c'est cette émotivité débordante qui nous a tant blessé, qi nous blesse encore trop souvent, qui nous enferme dans la solitude.

Parce que tu le dis bien, Isabelle, un mot de travers et l'Enfer s'installe.
Qui croyais-tu que j'étais ?
Tu n'as pas vu les plaies de mes mains, ni les horribles cicatrices sur ma peau, ni les larmes qui coulent sur mes joues chaque triste matin lorsque je découvre de nouveau les fils de soie et d'or qui tissent ma toile.
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Ysilne
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Message par Ysilne »

Pandora a écrit :J'ai toujours eu une rancune tenace envers tous ceux qui m'ont côtoyée et ceux qui me côtoient pour ne jamais avoir eu la démarche de lire des trucs sur l'AM, d'autant plus que j'ai un dossier conséquent sur le sujet.
Pareil pour moi. J'attendais qu'ils me questionnent sur ce qui s'etait passé et pourquoi je me faisais ca ou qu'ils se renseignent sur le sujet. Et puis, il a fallut une discussion tres penible et non souhaitée pour que je comprenne qu'eux attendaient que je leur en parle et ne voulaient pas choisir à ma place de se renseigner ou de m'en parler.
J'imagine quand-meme que ce n'est pas vrai pour tout le monde, j'ai vu des proches quitter la piece parce que je parlais d'AM. :?
La douleur qui se tait n'en est que plus funeste.
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miaouille
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Message par miaouille »

Je n'ai pas eu de vrais amis. Pas avant longtemps.
J'ai toujours été seule jusqu'à ce que je la rencontre en dernière année de primaire. Puis on s'est séparé en gardant contact mais je me suis de nouveau retrouvée seule dans le quotidien. Trahison et tout ça.
Enfin le plus dur c'est quand on est a l'hopital et qu'on voit que personne ne prend de vos nouvelles. Dans ces moments là on voit qui sont ses vrais amis.
Donc oui j'ai eu une vraie amie. La seule qui s'est intéressée a mon problème d'am et qui, lorsque je lui ai dit que j'avais un classeur rempli d'articles, l'a pris pour le lire sans mots. Comme ça direct.
La seule qui savait quels mots dire. Enfin l'Ami quoi. Avec un grand A.
C'est rare des gens comme ça vraiment rare. Au final...Je m'en veux un peu de me détruire si je l'ai elle.
Mais notre situation est un peu compliquée et je suis de nouveau seule.
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Pandora
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Message par Pandora »

J'imagine quand-meme que ce n'est pas vrai pour tout le monde, j'ai vu des proches quitter la piece parce que je parlais d'AM.
J'ai eu ce genre de discussion avec mes quelques amis. Ma famille ? Rien. Ils ne m'ont jamais demandé pourquoi, ils ne m'ont jamais parlé de l'AM directement et encore moins des TS ou des désintox à l'alcool. Cela n'a guère voire aucune de valeur à leur yeux car cela n'est pas justifié pour eux.
Une fois, l'année dernière, j'en ai parlé avec l'un de mes frères, celui dont je suis le plus proche, je pense. Il est entré dans ma chambre, un soir où tout le matériel était prêt à l'emploi. Et on a discuté. Il m'a dit qu'il avait essayé lui aussi pour mieux comprendre. Il s'était fait une petite entaille. Ca m'a fait mal mais là je me suis sentie comprise. Parce que oui, il l'a dit lui-même quand on a mal à l'âme, la souffrance physique soulage.
Je suis de nature violente et à force de hurler dans le vide, un jour, j'ai dit à un de mes meilleurs amis de Paris "tu veux savoir ce que je vis tous les jours?" et sans lui laisser le temps de répondre, j'ai attrapé son bras et j'ai coupé une petite entaille. Parce que personne ne faisait de pas vers moi. Avec le recul, je suis frappée par le désespoir qui a motivé ce geste... Qu'est-ce que cela a changé ? Rien. Personne, autre que moi, n'a jamais ouvert le dossier que j'ai. Personne.
C'est dur à accepter. Mais finalement, n'est-ce pas demander beaucoup aux autres ? On brise un tabou, on s'en prend à nous-mêmes, c incompréhensible pour beaucoup, ça effraie les autres. Il reste les psy. Là, on peut parler et on est entendu. Ils nous aident à prendre de la distance face à tout ça, à accepter cette solitude dans laquelle nos divers troubles psy nous enferment. Finalement, nous accepter et nous assumer. Et je répète pour la énième fois ( ;) ), que les autres sont le miroir de nous -mêmes. Ils fuient parce que nous nous fuyons. Notre meilleur ami reste nous-même. Faut-il encore être ami avec soi et ça c'est une autre longue histoire...
Enfin le plus dur c'est quand on est a l'hopital et qu'on voit que personne ne prend de vos nouvelles. Dans ces moments là on voit qui sont ses vrais amis
Oui, je le crois aussi. Ils sont peu à franchir les portes d'un HP. Pour ma part, ils ont été deux. Toujours les mêmes, mes deux amis de Paris. Pour mles deux séjours, ils ont toujours été là. Pour le 3ème, j'étais de retour dans ma région, ils n'étaient plus là et de tte façon j'étais en HDT et en isolement donc...

Cela me laisse songeuse.... le rapport aux autres.... et si tout commençait par notre rapport à nous-mêmes ?
Qui croyais-tu que j'étais ?
Tu n'as pas vu les plaies de mes mains, ni les horribles cicatrices sur ma peau, ni les larmes qui coulent sur mes joues chaque triste matin lorsque je découvre de nouveau les fils de soie et d'or qui tissent ma toile.
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