Forum d'entraide sur l'automutilation

Bonsoir,

Voilà, j'ai seize ans, et, il y a un an, une amie proche m'a parlé d'une envie de se mutiler difficilement contrôlable. Je ne savais pas du tout de quoi il s'agissait, et, comme je m'inquiétais pour elle, j'ai voulu me renseigner sur Internet, jusqu'à connaître le sujet par cœur...

Et puis, un jour, j'étais au téléphone avec ma meilleure amie, et elle m'a dit quelque chose qui m'a stressée. Il y avait un [modéré : "objet"], je n'ai pas réfléchi une seule seconde et je me suis coupée. Je me suis promis de ne pas recommencer, mais au mois de Novembre, j'ai sombré dans une période d'automutilation régulière, et j'ai failli devenir dépendante. J'ai quand même réussi à arrêter pour l'instant, mais j'ai du mal à résister à la tentation...

Et pourtant, je ne souffre pas. En tout cas, pas assez pour en arriver à cette extrémité là. Je n'ai pratiquement pas de problèmes, mis à part un stress permanent dû à l'exigence du travail demandé au lycée et une certaine peur de l'avenir, mais ce sont des préoccupations normales pour une ado de mon âge...

Le problème, c'est que je n'arrive pas vraiment à réaliser que cet acte impliquera forcément des conséquences. Comme personne à part ma psy est au courant, je ne réalise pas que ce que je fais est mal et que ça va m'attirer des ennuis quand les gens s'en rendront compte. Si je réussis à tenir, c'est surtout par un système de superstitions : "Si je me fais du mal alors que je n'ai pas de raison valable, alors de vrais problèmes vont s'abattre sur moi, etc..." Mais cette technique est de moins en moins efficace, et pour le moment je ne réfléchis pas du tout à ce qu'il va se passer après, même si je sais que je vais le regretter plus tard.

La deuxième chose qui m'aide à ne pas le faire, c'est la culpabilité. Parce que quand je lis des témoignages sur les forums, je suis horrifiée. J'ai la chance d'avoir une vie géniale et je fais n'importe quoi. Je sais que je me plains pour rien, et qu'au fond je dois être incroyablement égoïste pour me comporter comme ça. Vous pensez que c'est possible de se mutiler sans raison ? Ou alors est-ce une méthode tordue pour m'inventer des problèmes alors que tout va bien ?

Merci d'avance et désolée pour le pavé

C'est une méthode très tordue ..

Tu dis que tout vas bien, mais en même temps tu nous dévoile que tu as un suivi psychologique.

Alors disons que tout ne va pas bien, mais au moins tu as déjà un suivi .


Nous avons tous une chose en commun, celle de s'être auto mutilé à un moment donné, ou du moins sommes nous là pour trouver des soutiens, des explications, des manières de gérer l'automutilation la notre ou celle d'un proche...

Pour autant nous avons tous une manière différente de vivre la même chose. Il y a la grande ligne qui va englober beaucoup de cas, et puis toute une cohorte de petits cas atypiques qui font de chacun une constellation d'êtres uniques.

Tu as raison, c'est pas bien l'automutilation.. c'est une réponse terriblement addictive de se soulager. Ce n'est pas bien, mais est ce vraiment pire que de sombrer dans l'ivresse ou la consommation de drogue pour soulager nos états anxieux, je n'en suis pas certaine.

Alors continue à parler à ta psy, essaie même si tu arrives a en parler à tes parents, surtout dans une période ou tu ne le fais pas et que tu en as très envie. En parler aide souvent à désamorcer une guerre intérieur.

Enfin je dis cela mais il me manque la parole ..

Surtout ne cherche pas de coupables. Et ne te dénigre pas non plus .

Apprends à lâcher prise, déstresser. Choisis toi un "doudou", ce peut être une odeur, une saveur, une balle anti stress, une course à pieds, une musique, une image que tu feras apparaitre dans ta tête quand la tension monte. Un ...



L'effet "Doudou" tu verras ça marche.

Quand tu as la tentation de te faire mal, qu'est-ce qui t'y pousse ? Il y a une émotion, un contexte, une pensée qui te ramène à l'automutilation ? Je suppose que tu ne fais pas ça "comme ça", pour passer le temps. Donc qu'il y a bien une tentative de gérer (une émotion ?) seule et rapidement.

Merci beaucoup pour vos réponses Songerie et Ysilne

Je sais qu'il faudrait que j'en parle à mes parents, mais je ne veux pas qu'ils s'en rendent compte... J'ai un peu peur de leur réaction, ils risqueraient de trop s'inquiéter, et je crois que je me sentirais encore plus coupable après...

Merci en tout cas pour la méthode du doudou, je vais l'essayer ^-^

Sinon ce que je sais, c'est qu'en général je m'AM soit en réaction à un "pic de stress" (mais je suis quelqu'un de stressé par nature, donc les circonstances où j'angoisse et où je m'empoisonne la vie pour un rien sont assez fréquentes ^^') soit dans une situation de conflit ou encore pour "combler un vide" (quand je suis seule chez moi et que je pense à mes amis que je vois de moins en moins en ce moment, par exemple)

Encore, ça, c'est à peu près normal, même si je ne considère certainement pas toutes ces raisons suffisantes pour s'AM...

Mais le plus bizarre, c'est que j'ai aussi tendance à me couper quand une situation se débloque. En fait, ce que je veux dire, c'est que quand j'ai un moment un peu difficile, je me focalise sur mon problème et je passe mes journées à trouver des solutions. Et quand c'est fait, c'est comme si la tension que j'avais accumulée retombait d'un coup. L'AM devient à ce moment-là un moyen de tout évacuer et de "marquer" mon soulagement, en quelque sorte.

C'est très bizarre, je ne sais pas si je suis très claire... ^^' Je dirais que c'est un peu comme quand on pleure de soulagement, même si pleurer est une réaction bien plus saine...

Bonjour, même si tu ne considère pas toutes ces raisons suffisantes pour s'AM, de mon côté je les trouve plutôt compréhensible.
L'AM peut très bien être un moyen de contrôle en situation de stress, l'impression de maîtriser quelque chose au milieu de tout ça. Je ne trouve donc pas ceci très étonnant.

Idem quand tu expliques qu'une situation se debloque. Tu fonctionne sous stress durant toute une période, tu as un fonctionnement hyper prenant j'imagine, et d'un coup plus rien, tu as donc tendance à compenser. L'AM libère des substances chimiques dans le cerveau via la douleur, ça pourrait compenser la place laissé vide par le stress qui est présent en permanence.

Je me trompe peut être, mais ca n'a donc rien de bizarre à mes yeux.

Dest_in a écrit :Bonjour, même si tu ne considère pas toutes ces raisons suffisantes pour s'AM, de mon côté je les trouve plutôt compréhensible.
L'AM peut très bien être un moyen de contrôle en situation de stress, l'impression de maîtriser quelque chose au milieu de tout ça. Je ne trouve donc pas ceci très étonnant.

Idem quand tu expliques qu'une situation se debloque. Tu fonctionne sous stress durant toute une période, tu as un fonctionnement hyper prenant j'imagine, et d'un coup plus rien, tu as donc tendance à compenser. L'AM libère des substances chimiques dans le cerveau via la douleur, ça pourrait compenser la place laissé vide par le stress qui est présent en permanence.

Je me trompe peut être, mais ca n'a donc rien de bizarre à mes yeux.

Tu crois ? Merci beaucoup en tout cas, ça me soulage un peu ^^' c'est vrai que je suis un peu tout le temps sous pression, je suis capable de ressasser des semaines des problèmes sans gravité, et quand ils ne sont plus là... je crois que ça laisse un vide.

C'est con, mais ça fait des années que je fonctionne comme ça... J'ai toujours besoin d'analyser les situations à l'avance, de m'imaginer des scénarios où tout se passe mal, etc...

C'est pour ça, en fait je crois que les problèmes existent uniquement dans ma tête, ou du moins je les amplifie beaucoup trop ^^' tu dois avoir raison, l'AM doit me permettre de lâcher prise, même si ce n'est pas la solution...

Une petite question, ton suivi psy c'est essentiellement pour la gestion du stress? Tu as des méthodes particulières pour faire face au quotidien? Des méthodes de relaxations? Des exutoires ?

Est ce que tu pratiques un sport? Si c'est le cas, une fois que tu arrives à identifier les trigger de l'AM, tu pourrais anticiper et faire du sport mar exemple.

en relisant mon message, on dirait que j'ecris une vérité, ce n'est qu'un scénario plausible pour moi, et je peux me tromper. Juste pour te dire, que tu n'es pas si bizzare

Salut Dest_in

En fait, mes parents n'ont jamais su pourquoi j'allais voir un psy. A la base, j'ai voulu en consulter un pour des phobies d'impulsion. Je ne sais pas si tu connais, mais en gros ce sont des pensées obsédantes et irrationnelles (par exemple, tu n'arrêtes pas de te voir avec un couteau en train de tuer des gens que tu aimes, ou des situations du même genre) : tu as beau savoir que tout ça n'existe que dans ta tête et que ce n'est pas réel, tu es terrifié à l'idée de commettre un crime horrible. Ça peut paraître vraiment très con, mais pendant les grandes vacances ça m'a bouffé toute mon énergie, j'en pouvais plus.

J'ai demandé à mes parents d'aller voir un psy, mais je ne voulais pas leur expliquer pourquoi, j'avais trop honte et peur qu'ils ne comprennent pas. Ils étaient réticents au début, mais finalement ils ont dit oui.

Et puis est arrivée la rentrée, et ces pensées ont finalement été remplacées par d'autres préoccupations. J'allais mieux et je n'avais pas envie de reparler de ça avec quelqu'un, du coup je parlais de tout et de rien avec ma première psy, sauf que je me suis vite rendu compte qu'elle ne me convenait pas.

J'ai arrêté de la voir, ma mère s'est lancée dans la recherche d'une nouvelle psy. Au départ, je me suis dit que ça n'était sans doute pas nécessaire, mais simultanément j'ai commencé l'AM, et quand mes parents m'ont trouvé une autre psy, je lui ai directement parlé de ça.

En gros c'est pour mon problème d'AM que j'ai été voir ma psy actuelle, mais on ne travaille pas vraiment sur mon stress. Je n'ai pas vraiment de méthode particulière pour me détendre...

Je ne pratique pas vraiment de sport non plus, mais cette année j'avais une lubie : me muscler (je ne sais même pas d'où me vient cette idée ). Du coup, je me suis acheté des haltères de 2kg et je m'entraîne avec pratiquement tous les jours ^^'

Et hier j'ai rechuté... Ça faisait pratiquement trois mois que j'avais pas touché à une lame, je suis dégoûtée... Pire, j'ai envie de recommencer Mais je vais faire de mon mieux pour tenir

Désolée pour le roman, je raconte trop ma vie là ^^' en tout cas merci beaucoup de me lire et de ne pas me considérer comme bizarre, ça me fait vraiment du bien

On marche, on trébuche, on se relève, un pas après l'autre. Parfois sans avoir la conscience du chemin .. On marche, on trébuche, on se relève les genoux écorchés... Et puis un jour on se retourne, et l'on réalise qu'on a avancé ...

C'est beau ce que tu dis merci

Bonsoir tout le monde je suis vraiment désolée mais est-ce que je peux vous embêter encore un peu ?

Bien sur .. le forum est la pour cela..

Après tu ne peux pas embêter ceux qui ne te lisent pas. Et il est fort peu probable que tu dérangent les autres !

Faut juste pas forcement attendre une réponse immédiate.

Merci beaucoup Songerie

En fait je suis un peu perdue...

J'ai rechuté il y a pas longtemps et comme une conne, je croyais qu'après l'avoir fait une """dernière""" fois je n'allais pas être tentée de recommencer. Mais bien évidemment, ça ne marche pas comme ça ^^'

Mais je ne comprends plus rien...

C'est sûr que la tentation est plus forte quand je vais mal, ou que je suis trop stressée, mais j'en ai envie pratiquement tout le temps... Même quand je vais plutôt bien, je n'arrête pas d'y penser. J'ai l'impression que ça devient presque obsessionnel, en fait. D'ailleurs, quand je ne me concentre pas là-dessus, je ressens comme un grand vide, je ne sais pas trop comment expliquer ça...

Et j'ai vraiment honte d'écrire ça, quand je lis les autres posts. Par exemple, quand j'ai lu ton post, Songerie, je n'ai pu être qu'impressionnée et admirative devant tout le courage dont tu as fait preuve. Moi, je fais n'importe quoi sans raison, je n'ai aucune volonté... Et après, je viens me plaindre à des gens super qui ont déjà des tonnes de problèmes sur les bras

En plus, une amie très proche vient de remarquer mes cicatrices. Résultat, elle est persuadée que je vais très mal alors que je n'ai même pas l'impression que ça soit le cas.

J'ai essayé de lui expliquer qu'il ne m'arrivait rien de grave, mais elle ne me croit pas. Elle m'a même dit que ça faisait longtemps qu'elle et mes autres amis me trouvaient déprimée et mal dans ma peau, pourtant je ne me sens pas au bord de la dépression non plus

Enfin bref, je ne sais pas si j'aurais dû poster ce message, je me plains vraiment pour rien, je suis désolée ^^'

Ne sois pas désolée.
Si j'avais réussi à me plaindre avant que la goutte d'eau ne fasse déborder le vase, peut être qu'il n'aurait pas déborder justement.

C'est bien que ton amie ai réussi à te parler.


Quand j'ai commencé à être très mal, ce sont mes amis qui l'on remarqué pas moi .

En regardant un peu par dessus mon épaule je me rends compte que c'était à minima déjà ma troisième grosse dépression, et que les précédentes n'avaient pas été diagnostiquées, donc pas soignées.

Alors plutôt que de te dire que tu ne devrais pas te plaindre, essaies plutôt de te persuader que c'est Songerie qui aurait du apprendre à plus s'écouter, qu'elle n'aurait pas du laisser s’accumuler autant de mal être.

Tu as la chance de te rendre compte que quelques chose ne va pas , tu as osé venir parler ici, c'est un pas que je n'aurais jamais pu faire et pas seulement parce qu'internet n’existait pas. Maintenant il te faut rebondir sur cette chance pour aller plus loin dans la démarche, pour saisir toutes les mains qui se tendent.

Des mains virtuelles, si cela te rassure.. pour aller plus loin..