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Ici vous pouvez discuter de tout ce qui concerne directement l'automutilation, mais aussi de ce qui n'a pas sa place ailleurs.
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Vincent

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Message par Vincent »

Bonjour à tous,

Il y a quelques temps déjà, je vous avez parlé du projet qu?Ysabelle et moi avions, créer une association. Bah voilà c?est fait, depuis un moment déjà. Elle s?appelle la "Souffrance exprimée". Ysabelle et moi étant très occupés, on n?a pas encore fait grand chose. Toutefois, on a pour projet d?envoyer un courrier aux directeurs d?hôpitaux afin de les sensibiliser au thème de l?automutilation. J?aimerais beaucoup avoir votre avis et vos remarques afin d?améliorer ce texte qui est perfectible. Il est inspiré du Bill of Right du forum anglo-saxon secret shame.
J?attends toutes vos remarques. Merci.


Préambule.

Un article rédigé par S. Lambert, G. Dupuis, M. Guisseau, J.-L. Venisse du service d?addictologie du CHU de Nantes définit l'automutilation de la façon suivante :

L?attaque pathologique, conséquente, délibérée, impulsive, d?une partie du soi corporel, en dehors d?une intentionnalité suicidaire et d?un risque létal notables, qui, par sa répétition, marque sa dimension contraignante, compulsive (hors du champ de la manipulation ou de la mythomanie) et exclut les ablations irréversibles d?un organe ou d?un membre, ceci chez un adolescent ou un adulte jeune ne présentant ni déficience mentale, ni état psychotique caractérisé.

Selon une étude de l'INSERM conduite auprés de 830 jeunes âgés de 13 à 17 ans, 10,1% des garçons déclarent s'être blessés (coupés ou brûlés) volontairement plusieurs fois contre 13% des filles.

Malgré ces chiffres, l?automutilation est encore un sujet tabou, un comportement stigmatisé, considéré comme fantaisiste, barbare ou pire encore.
Le caractère « atypique » de ce comportement (malgré sa fréquence) fait que lorsque nous sommes reçus par le personnel soignant, que se soit en institution de type service des urgences ou « en ville », les réactions que nous rencontrons nous sont parfois très douloureuses.
Ainsi, compte tenu de nos expériences, nous avons décidé de nous constituer en association (Association "La souffrance exprimée") afin de faire partager nos expériences et d'essayer de faire connaître ce trouble. Pour ce faire, le texte qui suit dresse la liste des comportements qui nous ont particulièrement blessés lors de notre prise en charge.
L?objectif de ce document est de communiquer sur notre ressenti et nos émotions afin d?éviter d?éventuelles indélicatesses lors de notre accueil.

Une prise en charge moins prévenante que pour les autres.

Une des attitudes les plus blessantes que nous ayons rencontré est le fait que les soins dispensés dans le cas de blessures volontaires étaient moins prévenants que dans le cas de blessures accidentelles. En effet, le personnel soignant des services d?urgence auquel nous avons été confronté a tendance à se comporter de façon plus sèche et froide que dans le cas de blessures accidentelles. Il ne s?agit pas de materner les personnes qui s?automutilent ni de créer une atmosphère confortable qui pourrait inciter les patients à revenir. En fait, nous voudrions que blessures volontaires et blessures accidentelles soient traitées de la même façon. Ainsi, si des points de suture sont nécessaires, une anesthésie locale devrait être proposée. De plus, un mauvais accueil pourrait empêcher de revenir chercher des soins, tout en augmentant le sentiment de culpabilité de personnes déjà psychologiquement fragiles.

La violation de l?intimité du corps.

Parfois, le personnel du service des urgences ne nous fait pas confiance quant à l?étendue et la fréquence des blessures. Dans ces circonstances, l?examen du corps pour justement déterminer l?étendue et la fréquence des blessures devrait être effectué seulement lorsque c?est absolument nécessaire et ceci devrait être mené de façon à préserver la dignité du patient. Beaucoup de personnes qui se blessent ont été sexuellement abusées. En conséquence, l?humiliation d?un déshabillage peut être de nature à engendrer de futures blessures. Par ailleurs, chercher de manière inquisitrice d?éventuelles blessures peut également avoir pour effet pervers de pousser les personnes qui se blessent à trouver de nouvelles zones plus facilement dissimulables.

La non prise en compte des sentiments sous-jacents à l?automutilation.

La plupart d?entre nous essaie d?exprimer des sentiments que nous ne pouvons pas extérioriser d?une autre façon. Le fait que l?on se blesse ne naît pas de rien, nous avons recours à l?automutilation en réponse à une profonde détresse. Celle-ci devrait être prise en compte. Parfois, certains d?entre nous utilisent l?automutilation comme un recours ultime pour éviter le suicide.

Nous aimerions que cette souffrance soit prise en compte en nous proposant systématiquement un entretien avec un psychologue ou un psychiatre. Cet entretien ne doit pas être forcé ni inquisiteur. Il devrait être systématiquement proposé même s?il est fréquemment refusé par les patients.


J'espère que vous ne trouverez pas ce texte trop nul.
Azza
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Enregistré le : lun. 31 mai 2004, 16h10

Message par Azza »

merci Vincent du travail fait. Je pense que ce texte est un bon point de départ...
Pour moi je crois que le mot "prévenant" ne va pas bien. Il s'agit de compassion plutôt ou de sympathie. Que dirais-tu de "Une prise en charge avec moins de compassion que pour les autres" ?
Je pense aussi qu'un mauvais accueil peut faire qu'on ne va pas revenir, alors que médicalement cela est nécessaire et qu'un bon accueil c'est peut-être une petite chose mais qui permettra peut-être un jour d'avoir la possibilité de demander de l'aide au-delà du pansement.
Je serais très contente que cette plaquette existe, ou que le texte puisse être envoyé par courriel à tous les services d'urgence.
Azza
Wou
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Enregistré le : sam. 06 nov. 2004, 21h12
Localisation : Belgique

Message par Wou »

10,1% des garçons déclarent s'être blessés (coupés ou brûlés) volontairement plusieurs fois contre 13% des filles.
Ne dit-on pas X% contre Y% (avec X>Y) ?



Bon travail :)
C'est décidément une très bonne idée. J'espère qu'elle portera ses fruits.
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