Pour répondre à ta question, Laurent, je pense qu'il y a bien un temps pour ça.
Dans un premier temps, j'ai été
contraint de voir un psy. Je ne voulais pas de ça, alors je parlais peu, ou pas, répondait ce qu'il avait envie d'entendre. J'ai tout fait pour obtenir des médicaments et couper court au plus vite, étant dans une sale période ou j'envisageais d'exécuter les contre-indications figurant sur la notice (non je n'étais pas enceinte

) Il faut ajouter à ça que j'étais mal tombé, le psy étant une sorte de mix entre un prophète raté et un myope accompli. Il appliquait sur moi un schéma tout prêt auquel je ne collais absolument pas, et j'ai eu beaucoup de mal à garder mon calme vis à vis de ça (quelques échanges un peu musclés

).
Il résulta de cette première expérience un dégout prononcé pour ces gens auxquels j'ai collé l'étiquette de charlatans.
Mais je ne suis pas resté borné éternellement (heureusement).
Quelques mois plus tard, j'ai fait la démarche d'aller moi-même dans un CMP, commençant à prendre conscience moi-même que je touchais le fond. J'y allais pour l'anonymat, pour ne pas que mon araignée au plafond soit officialisée... mais peine perdue, parce qu'il fallait de la paperasse, que j'étais mineur et incapable de ne pas faire intervenir l'autorité parentale. Ou alors je venais d'être majeur, mais le problème était qu'il me fallait des justificatifs vis à vis de ma mutuelle que je devais demander à papa-maman.
J'ai eu un bien meilleur contact :
1. Le psy était mieux
2. J'avais envie de parler, cette fois-ci.
Donc je crois que j'étais prêt. Mais malheureusement, comme il n'y a pas de CMP à moins de 40 bornes de Poitiers, c'est dans un CMPP que je m'étais rendu (pédiatro-psycho). De ce fait, je ne pouvais pas m'y rendre régulièrement parce que j'étais juste majeur.
J'étais donc prêt, mais un peu frustré de ne pas pouvoir continuer à voir LA personne.
J'ai donc coupé court, mais je crois que l'envie de parler était encore là. En cas de crise d'AM ou de fortes crises d'angoisse ou insomnies trop prolongées, j'allais à l'occassion voir mon généraliste qui me connaissait au moins 12 fois mieux que mon premier psy (et qui s'y prenait 12 fois mieux que ledit psy pour ce qui est de m'aider).
J'ai mis mes problèmes en veilleuse presque un an, mais une très mauvaise période (aux niveaux événements dans l'entourage) m'a fait replonger dans un état assez extrême en un rien de temps. J'avais reperdu pied. J'ai réussi à me reprendre en main (pendant qu'il n'en était pas encore temps) et j'ai fait la démarche
1. de discuter avec ma mère pour lui dire que j'allais mal, que j'avais des difficultés à lui parler ainsi qu'à mon père, que je voulais voir qqun d'extérieur
2. de faire un casting de psys : j'ai fait le tour de ceux de Poitiers (moins le premier que j'avais vu qui est bidon) et je m'incrustais entre deux rdv pour leur poser une question bateau sur la différence de démarche entre la psychiatrie, la psychanalyse et la psychothérapie. J'observais ceux qui acceptaient de me recevoir... (les autres, qu'ils aillent se faire f***** ^^) pour choisir lequel serait mon psy.
J'ai finalement trouvé un psychiatre qui me convenait. Je l'ai vu 5 mois, je crois. Je m'étais préparé à parler, je réfléchissais avant les séances aux thèmes que j'allais aborder, et sa manière de rebondir sur ce que je disais, de souligner mes contradictions et de me mettre mes conneries sous le nez m'a beaucoup aidé, enfin je crois. J'ai eu l'impression de progresser. Puis quand j'ai fait le tour de ce que j'estimais être mes principaux problèmes, j'ai eu l'impression de tourner en rond. A la fin, c'est tout juste si je ne parlais pas seulement idéaux/valeurs/politique. Ceux-ci ont en effet influencé mon comportement "Cf. le non-appétit", mais bon le débat sortait du cadre psy... j'aurais aussi bien pu discuter de ça au café avec un pote.
Sur ce, j'ai donc décidé d'aller plus souvent au café discuter avec un pote, et j'ai arrêté de voir mon psy, parce que les visites sont pas gratuites... (sinon j'aurais sans doute continué ^^)
J'ai donc l'impression qu'il y a un temps pour en voir un, mais qu'il ne faut pas hésiter, ni trop remettre au lendemain. Un problème latent, qu'on met en veilleuse, prend de l'ampleur, et quand il revient au grand jour, c'est 10 fois pire (c'est du moins mon impression).
Quand j'ai été dans la merde, j'ai d'abord refusé la communication (et la qualité de l'interlocuteur n'aidait en rien), puis j'ai fait la démarche inverse, parce que j'en avais besoin, tout simplement.
Je pense qu'il faut vraiment se sentir prêt, sans quoi l'échange se passe mal et ce n'est agréable pour personne... mais il faut faire la démarche active de se préparer à communiquer, l'envie n'arrive pas toute seule, ou alors, à 40 ans comme tu dis, quand qqch se débloque. Et on réalise alors qu'on a toute sa vie trainé des traumas et des bloquages, que tout aurait pu être plus facile si...
Ca doit être blasant, non ?