Diagnostics associés

Ce sont souvent les personnes elles-mêmes concernées qui se demandent ce qui leur arrive et si elles ne sont pas « folles ». Quels sont les diagnostics liés à l’automutilation ?

La place de l’automutilation est encore floue en psychologie, et si de nombreux spécialistes demandent à ce qu’elle soit classifiée comme un trouble à part entière, elle reste assez récente et peu étudiée pour ne pas être encore classifiée.
La dernière version du DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), le DSM5, propose l’automutilation non suicidaire dans la catégorie des sujets encore en recherche sans l’intégrer comme trouble spécifique.
A côté de cela, on remarque tout de même de nombreuses pathologies pouvant être liées, plusieurs pouvant parfois coexister.

Winter LeafMajoritairement pourtant, l’automutilation n’est pas liée à une pathologie mentale. Environ la moitié des cas relèverait plutôt de difficultés, passagères ou non : adolescence, difficultés de vie, absence de bons moyens de gestion… Les raisons peuvent être multiples, sans qu’il s’agisse d’une pathologie.

Principalement, et le plus inquiétant, on trouve un très fort lien entre l’automutilation et le suicide. Attention : le fait de se blesser n’est pas un acte suicidaire, et les intentions sont très différentes entre les deux, parfois même totalement opposées. Il arrive souvent qu’une personne dise se faire mal pour éviter de se tuer. On note toutefois un plus grand risque de passage à l’acte, une grande partie des personnes se blessant souffrant également de pensées suicidaires. Si l’automutilation peut permettre de gérer un trop-plein d’émotion temporairement, ce n’est pas une solution à long terme, au contraire.

Au niveau des pathologies mentales, la plus souvent reliée à l’automutilation ces dernières années était le trouble de la personnalité limite (parfois appelé trouble borderline). La principale raison en est surtout que dans la version 4 du DSM, l’automutilation n’apparaissait que comme critère de ce trouble. Toutefois, des études ont montré que la moitié des personnes diagnostiquées avec un trouble de la personnalité limite et s’automutilant n’obtiendrait plus ce diagnostic si l’automutilation n’était pas prise en compte comme critère. On considère donc que ce trouble est fréquemment donné à tort. L’évolution des connaissances tend à diminuer le lien entre les deux.

Depression-loss_of_loved_oneComme les blessures sont fortement utilisées comme moyen de gestion des ressentis émotionnels, on retrouve logiquement souvent des troubles de l’humeur et des troubles anxieux.
Qu’il s’agisse de dépression, de trouble bipolaire, de dysthymie, il y a en commun ces affects forts de tristesse, de culpabilité ou autres. Et ceux-ci sont d’autant plus difficiles à gérer dans un état d’inhibition.
Il arrive que l’automutilation reste parfois même après la guérison, d’une dépression par exemple. Le comportement est devenu habituel et remplace les comportements appropriés.
Le trouble de stress post traumatique, apparenté aux troubles anxieux, peut générer des moments de dissociation (dépersonnalisation et/ou déréalisation) que l’AMNS (AutoMutilation Non Suicidaire) soulage.

Les troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie, hyperphagie..), bien que très liés à l’AMNS sont un cas un peu à part : il ne sont ni vraiment cause, ni conséquence. On remarque plutôt deux formes différentes d’expression de difficultés communes. En effet, les rapports difficiles au corps, le besoin de contrôle et d’appropriation peuvent se retrouver dans les deux. Ainsi, limiter ou empêcher de se blesser sans aide appropriée pourra renforcer les troubles du comportement alimentaire, et réciproquement.
L’automutilation peut également être provoquée par la honte, la culpabilité ou tout autre sentiment lié aux troubles du comportement alimentaire. Parfois la blessure est une punition pour un écart de conduite vis à vis des restrictions auto-imposées.

On trouve avec une prévalence plus ou moins forte de nombreux troubles de la personnalité, l’automutilation apparaissant comme une conséquence d’un mal-être, un symptôme provoqué ou favorisé par des pathologies très variées. Il peut s’agir de schizophrénie, d’autres psychoses, mais aussi de trouble obsessionnel compulsif (TOC) ou autres. Certains de ces troubles peuvent provoquer des blessures volontaires ne rentrant pas dans le cadre de l’automutilation non suicidaire.

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