Intervenant psycho-social

Intervenant psycho-socialCette section s‘adresse aux intervenants psycho-sociaux faisant face à l’automutilation. Le guide décrit ici s’adresse donc aux assistants sociaux, aux travailleurs sociaux, aux aides psychologues en milieu scolaire, aux travailleurs de rue, et à toute profession qui aide du point de vue psychologique et social. Cette page explique comment gérer l’automutilation, à votre niveau. Dans la plupart des cas, l’aide d’un psychothérapeute restera cependant une nécessité.

 

Connaitre l’automutilation

La première chose que vous pouvez faire pour mieux gérer l’automutilation est de comprendre ce que c’est. Il est important de lire sur ce qu’est l’automutilation, les causes, les diagnostics associés. En particulier, vous devez comprendre que l’automutilation:

  • N’est pas un acte suicidaire
  • A rarement des conséquences médicales graves à court-terme
  • Est un moyen de gestion des émotions ou des situations vécues

Un trouble que vous savez déjà gérer

L’automutilation peut paraitre étrange, ou différente de tout le reste, mais la voir comme un moyen de gestion permet de l’appréhender comme d’autres troubles que vous connaissez. Que ce soit par une lame, une bouteille de rhum, ou de la marijuana, gérer ses émotions avec une ressource extérieure est quelque chose que vous connaissez. Le comportement est différent, mais la douleur est la même, avec la même honte, peur d’être jugé, sensibilité, et intimité. Il se peut que vous soyez choqué par les blessures, mais gardez à l’esprit la souffrance de la personne en face de vous. Vous avez été formé pour gérer cette souffrance, et c’est votre atout principal.

Un processus à comprendre

N-gearsQuand vous avez une personne en face de vous qui se blesse, il est important de l’aider à déceler ce qui la pousse à se blesser. Amenez-la à se questionner sur pourquoi elle fait ça, dans quelles situations, ce qu’elle ressent avant de le faire, et juste après, en un mot à quoi l’automutilation lui « sert ». Une fois que vous aurez découvert à quoi les blessures servent, il sera alors utile de trouver de nouveaux moyens de gestion, plus appropriés, pour faire face à la situation.

Traiter la cause

L’automutilation en tant que telle n’est qu’un symptôme, l’expression de quelque chose de non-géré plus profondément. En un sens, votre but premier n’est pas de faire cesser l’automutilation, mais de faire cesser le besoin d’automutilation. Si vous ne travaillez que sur les blessures physiques, il est probable que la douleur prendra d’autres biais (alcool, drogues, etc.), tout aussi dommageables. L’automutilation peut avoir plusieurs causes, que vous pouvez avoir les moyens de gérer en tant qu’intervenant : intimidation scolaire, abus sexuel, maltraitance, problèmes familiaux, stress socio-économique. Si vous intervenez sur la cause de ces problèmes, vous pourrez intervenir grandement sur la douleur et le stress vécus, et donc sur l’automutilation.

Repérer les autres troubles

Beaucoup de diagnostics ou troubles comorbides peuvent être présents avec l’automutilation. En parlant avec la personne souffrante, il est important que vous exploriez ces autres troubles, notamment les troubles alimentaires ou l’anxiété. Les pensées suicidaires sont également à étudier en détail. Même si l’automutilation en soi est un mécanisme de gestion, la douleur sous-jacente peut mener à des pensées suicidaires. Il est donc essentiel d’évaluer le risque suicidaire d’une personne qui s’automutile.

Confidentialité

Puisque l’automutilation ne présente pas de danger vital, rien ne justifie de briser la confidentialité si une personne vous avoue son automutilation. Seul un risque grave de suicide vous donne le droit de briser cette confidentialité (sauf si la personne est très jeune et/ou spécificité propre à votre pays et ordre professionnel). Il est parfois nécessaire de parler aux parents d’un adolescent pour certaines démarches; il faut alors le faire avec l’accord de l’adolescent, et avec beaucoup de doigté. La réaction de certains parents face à l’automutilation peut en effet être très négative, et empirer la situation de l’adolescent. Il peut être très bénéfique d’informer les parents sur ce qu’est l’automutilation, et d’en parler en présence de l’adolescent touché.

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