Quand on n’est pas directement concerné, il peut sembler évident que l’automutilation est un comportement à éviter, qu’il faut arrêter.
Pourtant, pour la personne dont c’est devenu le quotidien c’est plus compliqué que ça. Se passer des blessures, c’est perdre son moyen de contrôle, c’est risquer de se retrouver démuni face à des situations douloureuses. Et puis, il n’est pas si simple de surmonter le besoin qui s’est mis en place. La plupart des gens qui s’automutilent le disent : ça devient une addiction, une dépendance difficilement contrôlable.
La volonté de se passer de l’automutilation est une aide majeure pour y arriver, et pour éviter de rechuter. Même si le chemin est long et difficile, et que les rechutes font généralement partie du processus de guérison, il est possible de s’en sortir durablement.
Les raisons de sortir de l’automutilation sont multiples. A chacun de trouver les siennes, et ce qui peut sembler essentiel à certains ne l’est pas pour tous.
En premier lieu, on peut dire que l’automutilation n’est pas une bonne méthode de gestion. Si la blessure a été nécessaire à un moment de la vie, trouver un meilleur moyen de faire face est possible. L’automutilation n’apporte un soulagement qu’à court terme et ne permet pas de régler durablement les problèmes.
Souvent, les conséquences sur la santé sont une grande motivation pour passer à autre chose. S’il est rare que les blessures mènent à un réel danger vital, il n’en reste pas moins des conséquences douloureuses, des obligations de soin, des risques réels plus ou moins importants selon les personnes (greffes, atteintes graves des tendons, anémie, infections…).
Les cicatrices, l’aspect le plus visible et le plus durable, sont souvent à l’origine d’une réelle volonté de s’en sortir. Non seulement vis-à-vis de soi-même et de son corps, mais aussi pour la gêne qui en découle en société.
Ces impacts sociaux sont également une bonne raison de chercher de meilleurs moyens de vivre sans se faire mal. En particulier l’impact sur les proches et les êtres chers, la peine causée à l’entourage est une motivation d’autant plus importante qu’elle est extérieure : elle se base sur des sentiments positifs vers les autres et ne dépend donc pas de l’estime de soi. Attention cependant : il est préférable aux proches d’éviter de jouer sur ces sentiments pour ne pas provoquer de culpabilité et de honte, ou les renforcer, ce qui est nuisible au processus de guérison.
Parfois il n’y a pas de réelle motivation à cesser l’automutilation. Il arrive qu’une impression qu’il est temps d’arrêter, de passer à autre chose, de gérer autrement soit présente, sans justification précise.
Plus compliqué, parfois les blessures n’aident plus. L’automutilation cesse parce qu’elle ne permet plus de tenir face aux situations pour lesquelles elle était un soutien auparavant.
Ne pas vouloir mettre fin à l’automutilation n’empêche pas d’avancer, de chercher à aller mieux, ou simplement de mieux comprendre.
Qu’on veuille arrêter de se blesser ou non, qu’il soit temps ou pas, il est essentiel de se souvenir que ces comportements sont des conséquences : il faut tenir compte des situations qui y mènent, de la souffrance sous-jacente, et traiter un éventuel trouble qui renforcerait le mal-être. Même sans être prêt à sortir de l’automutilation, il faut soigner une dépression, un trouble du comportement alimentaire ou tout autre pathologie.
Sortir de l’automutilation est souvent un chemin compliqué. Il faut accepter les échecs, les rechutes partielles ou temporaires, prendre le temps de trouver de meilleures méthodes de gestion.
Il ne s’agit pas juste d’une décision, c’est un long processus pour mettre fin à des habitudes ancrées, à une réponse devenue automatique face à des situations de vie.
Sans automutilation pour réguler, il est possible de se sentir submergé par les émotions : pleurs, angoisses, colères… Il faut savoir que c’est temporaire, une turbulence avant de trouver de nouvelles méthodes et la stabilité qui va avec.
Il est difficile de remplacer une méthode quasi instantanée, même inappropriée, par de nouvelles stratégies de gestion qui demandent plus d’anticipation, de recul, de temps.