Prendre soin de soi

Être près d’une personne pratiquant l’automutilation, que l’on soit ami, parent, ou conjoint, est une expérience difficile à vivre. En tant que proche d’une personne qui s’automutile, vous êtes vous-même touché par ce mal. Pour gérer au mieux la situation, il est important de respecter et d’être honnête avec l’autre, mais il est aussi essentiel de vous respecter et d’être honnête avec vous-même.

Accordez de la place à vos émotions

soinFace à l’automutilation, vous pouvez ressentir une multitude de sentiments: incompréhension, tristesse, culpabilité, dégoût, peur, colère, impuissance. Toutes ces émotions sont très courantes, et également très naturelles. Accordez vous le droit de ressentir ce que vous ressentez, tout ce que vous ressentez. Certaines de ces émotions vous paraîtront peut-être égoïstes, ou illogiques, mais vous êtes un être humain, pas une machine logique parfaite. Certaines personnes sont dégoûtées par la vue du sang ou des blessures et n’y peuvent rien. On peut se sentir rejeté par quelqu’un qui s’automutile, même si objectivement on sait que ses difficultés à s’exprimer font parfois partie du problème. C’est son droit de ne pas parler, et ça peut n’être que passager, mais ça ne rend pas les choses plus faciles à vivre.
Ne négligez pas ces émotions que vous ressentez, accordez-y de l’importance. Même les émotions négatives (culpabilité, colère) méritent d’être prise en compte, pour justement éviter qu’elles ne prennent trop de place. Si vous sentez que les émotions prennent le dessus et que vous n’êtes plus capable d’aider, alors prenez une pause, le temps de vous ressourcer. Ressentir des émotions est normal, les exprimer est normal aussi. N’oubliez pas que votre façon de gérer vos émotions influencera la façon dont votre proche gérera les siennes.

Cherchez du soutien

Un bon moyen de gérer ses émotions est de chercher vous-même du soutien par rapport à celle-ci. Ce que vous traversez est difficile, et vous avez droit vous aussi à du soutien par rapport à ça. N’hésitez pas à parler à quelqu’un de ce que vous traversez, à prendre du temps pour vous. Cela peut être un ami, un parent, si possible quelqu’un qui n’est pas lui-même affecté par la situation. Assurez-vous par contre que cette personne de confiance saura garder le secret sur l’état de votre proche, si celui-ci le souhaite. Si vous ne savez pas à qui vous adresser ou que vous voulez une aide plus spécifique, le forum est là pour vous, pour que vous puissiez partager avec des personnes qui comprennent ce que vous traversez. Certaines associations sont également disponibles, suivant où vous vivez. Un psychologue peut également être une bonne ressource si vous en ressentez le besoin. Ici encore, le fait que vous alliez chercher de l’aide non seulement vous aidera, mais montrera à votre proche que c’est correct de le faire, que ce n’est pas une faiblesse.

Gardez des limites

Pour pouvoir donner de l’énergie et de l’attention à autrui, vous avez besoin d’énergie et d’attention envers vous-­même. Il est essentiel que vous gardiez un équilibre dans votre vie, que les problèmes des autres ne prennent pas toute la place. Si vous vous épuisez, vous ne serez plus en mesure d’aider. Gardez donc du temps pour vous, pour vous reposer, reprendre des forces. Il est également important que vous mettiez des limites à ce que vous pouvez supporter, selon vos propres standards. Les personnes qui s’automutilent ont parfois des histoires personnelles très dures, qui peuvent être difficiles à entendre. Vous n’êtes pas psychologue, ou vous n’avez pas à devoir tout entendre. Si la personne révèle des choses intime sur elle-même, ces secrets peuvent également devenir très lourds à porter. Si vous vous sentez inconfortable dans une situation, parlez-en à la personne concernée ou à un soutien extérieur.
automutilationIl est important aussi de garder des limites du point de vue du comportement de l’autre. Il se peut que votre proche vous rejette ou vive beaucoup de colère. Accepter l’autre tel qu’il est, même dans ses émotions intenses, peut l’aider à mieux s’accepter lui-même. Néanmoins, cela ne veut pas dire vous deviez tout supporter. Accepter que l’autre soit en colère ne signifie pas que vous devez accepter de vous faire insulter, négliger, ou violenter. Si ce genre de situation devait arriver, dites clairement à cette personne qu’elle a le droit de ressentir ce qu’elle ressent, mais qu’elle n’a pas le droit de déverser ça sur vous. De la même manière, certaines personnes en souffrance en sont réduites à faire du chantage affectif pour avoir de l’attention (même si l’automutilation n’est pas en général du chantage affectif). Ce type de comportement n’est pas acceptable non plus, car il est très culpabilisant, stressant, et serait rapidement épuisant pour vous.
Finalement, une des limites que vous devez absolument poser est que vous n’êtes pas responsable de la vie de la personne qui se blesse.Vous êtes un soutien, mais vous ne pouvez pas faire tous les efforts par vous-même. Et si la personne présente un risque suicidaire, ne restez pas seul avec ça : appelez une ligne anti-suicide, ou faites en appeler une par la personne concernée.

Continuez à vivre

Les conseils précédents se concentrent sur comment prendre soin de vous face à l’automutilation de votre proche, mais prenez aussi soin de vous en général. Continuez les activités qui vous faisaient du bien avant, continuez à voir des amis, continuez ce que vous aimez faire et qui vous fait du bien. La dépression a parfois un effet contagieux, voir des gens tristes peut rendre triste, donc ayez aussi une vie en dehors de la souffrance de l’autre. Gardez vos activités et vos forces, et ne négligez pas non plus votre travail ou votre famille. Gardez également votre relation avec votre proche, ce qui faisait que vous étiez ensemble avant l’automutilation.

Gardez espoir

soin automutilationUn dernier conseil, pour vous aider à traverser cette crise est de garder espoir et de se concentrer sur le but. Rappelez-vous aussi que même si vos efforts peuvent parfois paraître vains, chaque geste compte, et vous avez probablement plus d’impact que vous ne le pensez. Il est possible, pour nombre de raisons, que votre proche ne vous remercie pas pour ce que vous faites. Dans certains cas, notamment si vous deviez agir contre son gré pour le protéger, il est même possible que votre proche vous en veuille. Ne vous laissez pas abattre par cette réaction ponctuelle. Dans la majorité des cas, votre proche vous remerciera et vous sera profondément reconnaissant quand il ira mieux. Et au-delà, même en négligeant la réponse de votre proche, votre effort de venir ici pour en apprendre plus sur ses troubles et vouloir l’aider est admirable. En tant que soignants, qu’anciens souffrants, et simplement en tant qu’êtres humains, nous vous en remercions.

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