Le comprendre

À la question de comprendre pourquoi votre proche s’automutile, il peut y avoir plusieurs raisons différentes. L’automutilation est un symptôme, un signe d’un mal plus profond, un indice d’émotions mal gérées, une réponse mal adaptée, et peut aussi être due à un trouble mental plus large comme un trouble de la personnalité, ou un mélange de toutes ces causes inter-reliées. La raison particulière pour votre proche est impossible à déterminer a priori, et il est possible que lui-­même ne la connaisse pas.

Le fait de se blesser est généralement le résultat d’émotions trop intenses pour qu’une personne réussisse à les gérer. Dans les rares cas de dépersonnalisation, l’automutilation peut aussi être faite pour reprendre contact avec la réalité. Les émotions qui mènent à l’automutilation sont nombreuses: tristesse, colère, douleur, culpabilité, honte, angoisse, etc. Les situations qui font que ces émotions sont si intenses sont également nombreuses : rejet, abus physique, abus sexuel, harcèlement psychologique, etc. C’est l’interaction entre la force des émotions ressenties et les outils disponibles pour gérer ces émotions qui peut mener à se blesser.

comprendreL’important en tant que proche, dans tous les cas, est de se concentrer sur la souffrance qui mène à l’automutilation. Ce n’est pas le harcèlement au travail qui conduit à se blesser, c’est l’incapacité de gérer autrement le stress que ce harcèlement engendre. Ce n’est pas l’intimidation qui conduit seul à se blesser, c’est la perte complète d’estime de soi qui vient avec. Il peut y avoir une source concrète à la douleur, mais le plus important reste le ressenti face à la situation. Ce ne sont pas les insultes qui coupent la peau, pas plus que ce n’est la lame : ce qui tient le couteau, c’est la souffrance. Et si vous voulez communiquer avec votre proche, c’est à la souffrance que vous devez parler.

Bien sûr en tant que proche, et surtout en tant que parent, on peut se sentir extrêmement impuissant devant une souffrance dont on ne connaît pas la cause. On peut avoir peur pour de l’intimidation à l’école, vouloir justice pour des abus physiques, faire arrêter du harcèlement, beaucoup de choses qui paraissent très urgentes. Rien n’est plus urgent que la souffrance de la personne devant vous. Et si cette personne veut parler des causes, elle en parlera un jour, à son rythme, pour peu que vous lui laissiez la place. La forcer à parler ou l’espionner ne servirait à rien et ne ferait que renforcer son isolement.

La cause est peut-être ce qui est le plus important pour vous, mais ce n’est pas de vous dont il s’agit ici, c’est de la personne souffrante. Si malgré tout vous avez des raisons de suspecter une cause spécifique et voulez protéger la personne, vous pouvez, amener le sujet de discussion, ou laisser à la personne des informations (livres, sites internet) et des ressources (numéro de téléphone, personnel adapté) sur ce sujet. Votre proche aura alors les ressources en main et saura que vous le soutenez quand il se sentira prêt à affronter la cause de ses maux. Gardez néanmoins à l’esprit que, si la cause que vous soupçonnez met directement la personne en danger (violence domestique, harcèlement scolaire,etc) il est possible que celle-ci soit dans l’incapacité d’agir elle-même, et il devient important d’agir pour contrer l’environnement ou la situation nocive.

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