Droits et responsabilités

DroitsCette section discute les obligations et des droits du personnel médical face à l’automutilation. Les points suivants sont un guide général, à nuancer en fonction des lois en vigueur dans votre pays d’exercice, de l’âge du patient, et de la gravité des blessures. Le cas d’un patient adolescent est particulièrement difficile juridiquement : selon son âge et son pays, un adolescent peut être traité comme un adulte, indépendamment de l’avis de ses parents, ou pas. Veuillez consulter des ressources spécifiques à l’exercice de votre métier dans votre pays pour obtenir des informations complémentaires (ordres professionnels, textes de loi, service légal de votre institution, etc.). Les points suivants sont cependant toujours applicables.

Il n’est pas éthique de refuser de soigner un patient en raison de son automutilation. Refuser de soigner un patient, menacer de refuser de le soigner, ou faire du chantage pour les soins, sont des actes illégaux. Dans un contexte médical, les blessures doivent être jugées en fonction de leur gravité, et non de leur cause. On ne peut donc refuser de soigner une blessure sous prétexte qu’elle est auto-infligée, ni mettre de conditions préalables aux soins (ex : suivre un traitement psy). De la même manière, retarder le traitement, par exemple en faisant passer au triage des blessures « non-volontaires » avant des blessures « volontaires », est contre l’esprit du serment d’Hippocrate et pourrait vous être légalement reproché.

Il est illégal, sauf circonstances exceptionnelles, de briser le secret professionnel. Le secret professionnel est une base essentielle dans le monde médical, et doit également être respecté dans le contexte de l’automutilation. Les cas où l’on peut briser la confidentialité ou refuser le consentement du patient existent : si l’on pense que la vie du patient est en danger immédiat, ou que le patient a une perte temporaire ou permanente de capacité de juger, par exemple. Des blessures superficielles d’automutilation ne qualifient pas comme des blessures létales, ne sont généralement pas liées à une intention suicidaires et ne justifient donc pas de briser le secret médical. Le secret professionnel est également applicable pour les mineurs, avec certaines restrictions suivant son âge. 

Il est illégal de volontairement soigner de manière inadéquate ou faire souffrir un patient. De nombreuses personnes souffrant d’automutilation rapportent des cas où leurs plaies ont été suturées sans anesthésie, avec le médecin arguant que le patient « voulait souffrir de toute façon ». D’autres cas rapportent des sutures faites de manière grossière, qui laisseront des marques, sous prétexte que le patient a déjà beaucoup de cicatrices de toute façon. Ce type d’action est non seulement immoral mais également illégal. Rien ne peut justifier de faire souffrir volontairement un patient, ou de bâcler les soins, et ce quel que soit le patient en face de vous.

Vous avez le droit de demander aux parents d’un adolescent de quitter la pièce pour pouvoir être seul avec votre patient. Suivant l’âge du patient et la loi en vigueur dans votre pays, vous pouvez même l’exiger. De même, vous avez également le droit (et suivant les cas, le devoir) de refuser de répondre aux questions des parents sur ce qui s’est dit en privé pendant la consultation. Un environnement intime et confidentiel est le meilleur environnement possible pour que votre patient vous parle sincèrement de ses problèmes. Soyez néanmoins conscient que si votre patient est sur l’assurance médicale de ses parents, certaines informations de traitement ou de consultations pourraient y apparaître.

Finalement, vous avez le droit d’admettre vos limites de compétences et de connaissances. Vous n’êtes ni psychologue ni psychiatre, vous avez votre propre sensibilité, et vous n’avez donc pas à tout connaître ou à vous sentir à l’aise face à l’automutilation. Vous êtes obligés légalement de soigner les blessures physiques et d’agir pour le mieux de votre patient, mais cela n’implique pas que vous deviez tout faire par vous-mêmes. Si vous vous sentez surchargé par un cas, n’hésitez pas à communiquer de manière non-nominale avec vos supérieurs et ou avec des spécialistes afin de trouver la meilleure solution possible.

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