Une prise en charge respectueuse

prise en chargeL’automutilation, même si c’est un trouble relativement fréquent, est généralement peu enseignée dans le milieu médical. Heureusement, ce trouble ne diffère pas fondamentalement d’autres situations pour lesquelles vous avez été formé. Toutes vos habiletés existantes vous permettent déjà de pouvoir gérer ce problème, du moment que vous comprenez ce qu’est l’automutilation. N’oubliez pas que l’automutilation est un sujet sensible, et que chacun a droit au respect et à des soins de qualités. La dimension psychologique de l’automutilation devrait même mener à encore plus de précaution pour ne pas heurter.

Intimité

Ce genre de comportement est personnel, intime, risque d’être jugé, et le patient en a souvent honte. Un adolescent ayant ce genre de problème n’en parlera pas devant ses parents, et rechignera à vous en parler s’il pense que vous le leur répéterez. Même une fois dans la confidentialité de votre bureau, il sera difficile pour le patient de parler ou de montrer les parties du corps touchées. Il est donc sage d’éviter de mentionner ces difficultés dans une salle d’attente ou devant les parents d’un adolescent qui en souffre.

Rejet/dégoût

L’automutilation peut vous dégoûter personnellement, pour diverses raisons y compris morales. Il est possible que vous trouviez stupide d’agir ainsi. Quelque soit votre avis personnel cependant, vous devez garder votre jugement personnel pour vous et traiter le patient au mieux. La blessure est volontaire, mais pas ses conséquences : en cela le droit aux soins, au respect et à la prise en charge de la douleur est le même que pour une blessure accidentelle.

Conseil et confidentialité

écouteEn tant que soignant, vous devez inciter le patient à en discuter, avec plus ou moins d’insistance suivant la gravité des actes et du vécu, à ses proches. Vous ne pouvez pas par contre, sauf cas extrêmes et spécifiques, l’obliger à en parler. Vous ne pouvez pas non plus refuser de le traiter s’il refuse de parler.

Stigmatisation

L’automutilation peut marquer l’esprit, et il est normal que vous ayez cela à l’esprit quand vous rencontrerez à nouveau le patient. Pour autant, n’inspectez pas les blessures d’un patient à chaque séance et ne lui posez pas constamment des questions sur ce sujet. C’est quelque chose à garder au dossier, et à surveiller, surtout si cela arrive souvent, mais ne réduisez pas le patient à cela.

Tabou et éducation

Les sujets tabous sont d’autant plus difficiles à traiter que la personne ne sait parfois pas elle-même ce qu’elle a, ou se juge en fonction de préjugés. Votre travail en tant que soignant est alors un travail d’éducation, d’expliquer à la personne ce qu’elle a, et lui apprendre comment prendre soin d’elle dans le futur. Il est aussi important que vous lui expliquiez que cela peut arriver à tout le monde, qu’elle n’est pas folle, qu’elle n’a pas à avoir honte, dans le but que cette personne n’ait pas de gène à revenir se faire soigner si le même genre de problème se reproduit.

Nécessité de soigner

Finalement, quel que soit l’inconfort du patient ou du docteur à discuter de l’automutilation, les symptômes physiques doivent être soignés. Il faut convaincre le patient, avec douceur, de laisser examiner les parties touchées, et traiter au mieux en respectant sa gène. En cas de récurrence, il est également nécessaire de discuter avec le patient de ses blessures, de lui indiquer les risques sur le long terme, et de lui donner des ressources par rapport à ça.

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