Suivi à long terme

À la fin du premier rendez-vous où l’automutilation a été abordée, il peut être opportun de proposer un autre rendez-vous, pour discuter plus en détails de l’état psychologique du patient. Dans tous les cas, vous serez probablement amené à le revoir. Il est alors important de faire du suivi par rapport à l’automutilation. Vous n’êtes pas psychologue, mais il est possible que votre patient ne voie jamais de psychologue. Votre rôle en termes de suivi, et votre écoute, peut donc être essentiel.

Suivi de l’automutilation

Sur le long terme, il est important de rester attentif aux blessures du patient. On ne parle pas ici d’inspections systématiques, mais simplement de garder l’œil ouvert pour de nouvelles blessures. Vous pouvez demander directement au patient, d’une manière neutre, s’il a de nouvelles blessures et si ces blessures nécessitent des soins. L’évolution des blessures peut donner une indication de l’évolution de l’état mental de la personne. De nouveaux endroits du corps ou de nouvelles méthodes d’automutilation peuvent indiquer une dégradation du trouble, et devraient être discutés avec le patient. Un arrêt brusque des blessures est également un fait à noter et si possible à comprendre. Cela pourrait être très positif ou être au contraire un signe qu’une autre méthode de gestion a été trouvée, possiblement encore plus dommageable, telles que des drogues ou un trouble du comportement alimentaire.

Éducation sur les blessures

blessures arbreEn tant que soignant, il est très utile d’éduquer le patient sur la manière de prendre soin de ses blessures. Il est possible que vous soyez réticent à faire cela, par peur de cautionner l’automutilation. Le but ici n’est aucunement d’encourager ni de banaliser l’automutilation, mais de limiter les risques médicaux (d’infection par exemple). Il est aussi important d’apprendre à une personne se blessant à soigner ses blessures que d’apprendre à un toxicomane à ne pas partager ses seringues. Les notions de bases de soins, notamment la désinfection des blessures, détecter les risques d’hémorragie, ou apprendre quelles blessures auraient besoin de sutures, peuvent prévenir des risques supplémentaires pour le patient. D’un point de vue thérapeutique, apprendre au patient à prendre soin de son corps peut également l’aider à se le réapproprier.

Psychothérapie

Une psychothérapie est parmi les méthodes les plus efficaces pour régler des problèmes d’automutilation. Discutez avec le patient de la possibilité et des ressources disponibles pour lui en matière de thérapie. Voir un psychologue est souvent une aide précieuse et vous devriez donc essayer de pousser votre patient à explorer cette possibilité. Soyez néanmoins conscient que même si une thérapie est le meilleur moyen de guérir, beaucoup de personnes souffrant d’automutilation ne voient jamais de thérapeutes, et réussissent néanmoins à sortir du cycle de l’automutilation. Une psychothérapie doit donc être conseillée, mais ne doit pas être vue ni présentée comme une nécessité absolue.

Traitements médicamenteux

SuiviConcernant l’aide médicamenteuse, aucun psychotrope n’a d’efficacité prouvée pour soigner l’automutilation. En tant que comportement à base purement psychologique, il est peu probable qu’un médicament puisse arrêter en soi l’automutilation. Des psychotropes peuvent cependant aider à maîtriser des causes sous-jacentes à l’automutilation, telles que la dépression ou l’anxiété. La prescription des psychotropes ne doit être faite qu’en fonction du trouble spécifique (anxiété par exemple) qu’elle tend à soigner. En effet, la présence clinique de dépression ou d’anxiété n’est pas nécessaire à l’apparition d’automutilation, et donc la prescription de psychotrope est inutile dans certains cas.

Ne pas stigmatiser

Finalement, comme pour chaque maladie, il est important de ne pas réduire le patient à l’automutilation. Pour une large portion des personnes s’automutilant, l’automutilation n’est qu’une méthode de gestion de leurs émotions, et ces personnes restent fonctionnelles dans le reste de leurs activités. Les épisodes d’automutilation peuvent se produire, à intervalles très irréguliers, et sur une très longue période. Une personne s’automutilant peut aussi, comme tout autre patient, être fatiguée, attraper la grippe, tomber enceinte, ou développer un cancer. Il est important de rester vigilant face à cela, et de ne pas interpréter toute fatigue ou douleur en fonction de l’automutilation.

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