En parler à des proches

ProcheAvoir un entourage proche, prêt à soutenir est une aide majeure pour lutter contre l’automutilation.
Les avantages sont multiples. En premier lieu, il est important de ne pas rester seul, de ne pas ajouter l’isolement à tout ce qui est déjà difficile au quotidien. L’automutilation isole, elle limite les capacités de communication tout en créant un sentiment de culpabilité. Se réinsérer dans la parole et dans un groupe est essentiel. C’est ne plus s’enfermer. Ne plus garder ses blessures secrètes permet de les alléger.
Il est difficile de savoir comment des proches peuvent réagir à une telle annonce. Mais quel que soit le résultat, avoir le courage de s’ouvrir sur un sujet aussi difficile, faire le choix d’être honnête, et accepter de se livrer, c’est vraiment un grand pas.

Faire confiance à un tiers pendant le processus de guérison, c’est pouvoir demander de l’aide pendant les moments les plus difficiles. Il est important de savoir qu’on n’est pas seul, qu’on est soutenu et écouté, qu’on peut chercher une main tendue en cas de besoin.

Si l’automutilation est déjà du passé, en parler c’est aussi cristalliser ce fait. Montrer que ce n’est plus un sujet si sensible, et accepter de livrer son passé, aussi douloureux soit-il. Affirmer qu’on s’en est sorti, c’est renforcer la stabilité de la guérison, et partager sa réussite.

A qui

Il n’est pas toujours évident de savoir à qui s’adresser. De nombreuses peurs peuvent entrer en jeu : peur d’être jugé, peur de ne pas être compris ou pris pour un « fou », peur de faire mal à la personne, de la décevoir…
Parfois c’est quelqu’un de très proche qui sera choisi pour cette révélation, un parent ou un conjoint. Souvent au contraire, il est plus facile d’en parler à quelqu’un de plus neutre, comme un professeur.
Il y a de nombreux facteurs qui entrent en jeu, et le choix en revient à chacun : les situations personnelles et familiales sont toutes différentes.
En parler aux personnes avec qui on vit peut se justifier par un besoin d’instaurer ou de rétablir une situation de confiance, mais aussi par un besoin d’être rassuré ou aidé par des personnes proches.
Les amis peuvent être un bon choix s’ils savent rester moins impliqués tout en restant de bons soutiens et à l’écoute.
Un professeur permet une relation plus neutre, et s’il a moins d’impact sur la vie quotidienne, c’est justement un premier pas pour parler sans craindre de retombées ou de réactions trop émotionnelles.
Dans tous les cas, il est préférable d’être attentif à choisir une personne de confiance qui saura vous écouter, et ne cherchera pas à vous nuire en utilisant votre confidence.

Comment

ParlerLe choix est fait, vous avez décidé de partager le secret, vous savez à qui vous voulez accorder votre confiance. Et pourtant… quand en parler, où, comment, que dire ?
C’est souvent une épreuve difficile, stressante, que d’aborder un tel sujet. Tout d’abord, en parler peut vous sembler au dessus de vos forces. Préparer une lettre est alors une bonne initiative. Écrire permet d’organiser ses idées, de décider de ce qu’on est prêt à dire ou non. Une telle lettre peut être gardée pour soi, et ne servir qu’à se préparer à une discussion en face à face. Elle peut servir de support pendant la discussion. Elle peut également être remise à la personne à qui elle était destinée. Dans ce cas, il est préférable de rester disponible pour en discuter peu de temps après : apprendre qu’un proche se blesse volontairement soulève beaucoup de question, et il est nécessaire de pouvoir en parler pour lever les inquiétudes principales.
Être accompagné peut se révéler une bonne idée si ça peut vous donner du courage ou permettre de mieux faire face à une situation difficile à gérer et à prévoir. Par exemple, demander à un ami proche et déjà au courant d’être présent, ou profiter d’un rendez-vous chez le généraliste ou un psychologue pour aborder le sujet avec un parent.

Autant que possible, restez discrets sur vos blessures, surtout pour une première discussion. L’essentiel n’est pas le type ou la gravité de vos actes, mais bien le partage de ce que vous vivez, et ce que vous attendez de l’autre.

EchangerN’oubliez pas qu’en partageant votre vécu sur l’automutilation, vous touchez votre interlocuteur. Sachez lui laisser du temps. Il lui faut absorber l’information et la faire sienne. Dans un premier temps, il se peut qu’il gère ses propres ressentis. Plusieurs réactions, parfois vives, sont possibles. Que ce soit de la tristesse, des pleurs, de la culpabilité ou un rejet, prenez le temps d’en discuter et de le rassurer, ou d’y revenir plus tard si ça semble plus adapté.
Il n’est pas facile d’adopter le bon comportement face à quelqu’un qui s’automutile. Vos proches peuvent être démunis, ou penser bien faire. C’est à vous d’instaurer le dialogue qui permettra de trouver ou restaurer un bon équilibre dans vos relations après ce partage. C’est pour cela qu’il faut savoir revenir sur le sujet, mais aussi préparer la première discussion en anticipant vos attentes. Pourquoi en parlez-vous ? Qu’attendez-vous de la discussion ? Souhaitez-vous une aide précise ? Quelles questions sont susceptibles de vous être posées, et comment y répondre ?
Vous avez le droit d’éviter un sujet, ou de le remettre à plus tard. Tout ne peut pas toujours être abordé la première fois. Certaines questions peuvent être trop intimes ou trop douloureuses. Définissez vos limites, et si besoin énoncez-les clairement.
N’oubliez pas de préciser où vous en êtes vis-à-vis de l’automutilation : ce n’est pas du tout la même chose de dire qu’on s’en sort, qu’on est guéri ou qu’on lutte encore quotidiennement.
Sachez rassurer : les conséquences physiques de l’automutilation ne sont généralement pas graves. Précisez si possible que votre vie n’est pas en danger du fait de vos blessures. L’automutilation n’est pas un acte suicidaire : si votre interlocuteur l’ignore, informez-le (sans mentir si vous êtes suicidaires). Proposez-lui une source d’information pour aller plus loin et mieux comprendre s’il le souhaite : un livre ou ce site, par exemple.

Si le dialogue est trop difficile pour l’un ou l’autre d’entre-vous, n’hésitez pas à remettre la fin de la discussion à plus tard.
Quelque soit l’issue, soyez fiers de vous. Vous avez fait au mieux avec vos capacités du moment. Et vous avez eu le courage d’essayer.

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