Comment aider

L’automutilation, et la souffrance mentale, sont des problèmes extrêmement complexes. S’il y avait une solution simple, unique, quelque chose que vous pourriez faire et qui magiquement résoudrait tout, alors ce serait un plaisir de l’écrire ici. Il n’y a pas de solution miracle. La meilleure approche est une combinaison de solutions, une combinaison d’essais, d’aide, de support. La personne que vous souhaitez aider est une personne unique, sa douleur est une douleur unique, la relation que vous avez avec cette personne est unique, et vos propres capacités sont uniques. Ce qui suit est une liste de conseils, d’outils, ce qu’il faut faire ou ne pas faire, pour soutenir votre proche dans son combat contre l’automutilation. Quoi qu’il en soit, ce sera à lui de faire ce combat, vous ne pouvez pas le faire à sa place. L’appui que vous lui donnerez, la façon dont vous le soutiendrez, sera cependant un atout majeur dans sa lutte pour arrêter de se blesser.

Comprendre l’automutilation

aiderLa première étape pour aider un ami, parent, enfant ou conjoint qui s’automutile est de comprendre l’automutilation. Prenez le temps de lire sur ce que c’est, ce qui la cause. Mieux connaître l’automutilation vous permettra d’aller au-delà des idées reçues, des jugements. Plus vous comprendrez l’automutilation, et plus vous comprendrez ce qui amène votre proche à faire ce geste, plus vous pourrez discuter avec lui de ce qui le pousse à faire ça. Partager votre compréhension de l’automutilation pourrait même l’aider à mieux se comprendre lui-même, et à aller lui-même au-delà des simplifications. Essayez de comprendre ce qui pourrait le motiver à arrêter de se blesser. Comprenez ce contre quoi votre proche se bat, pour pouvoir l’épauler au mieux.

Connaître et proposer des outils

Une aide utile à votre portée est de proposer des outils pour aller mieux. Votre rôle ici est vraiment d’avoir les outils en main, et de les mettre à disposition, sans les imposer. Soyez une ressource, facilitez la voie que votre proche choisira, quelle que soit cette voie. Lisez la section Faire Face, lisez sur comment s’en sortir, les différents professionnels qui pourraient aider, la médication, les questions à se poser pour se comprendre, les astuces pour ne pas se blesser, et les numéros que votre proche pourrait appeler. Parlez lui de tout ça, suggérez lui de lire, d’essayer. Vous ne pouvez pas le forcer à utiliser ces outils, ce serait dans la majorité des cas inutile voire contre-productif. Vous pouvez cependant proposer, discuter, et soutenir.
Par exemple, il ne faut pas le forcer à voir un psy. Voir un psy contre son gré ne mène souvent à rien si le patient n’est pas prêt à ça. Vous pouvez en revanche lire sur les thérapies disponibles, en discuter, proposer de payer, d’aider à la recherche, ou de l’accompagner aux séances. Si l’état de votre proche vous inquiète vraiment, vous pouvez essayer de négocier qu’il aille à une séance de psy, et lui laisser ensuite décider s’il désire continuer ou non. S’il refuse cependant, ça reste son choix. Le même principe s’applique aux anti-dépresseurs, à des cours d’art, de sport, de méditation. Soyez une ressource qui amène des aides, et soutenez-le s’il décide d’utiliser ces aides.

Se concentrer sur la souffrance, pas les blessures

aider automutilation Rappelez-vous que l’ennemi n’est pas l’automutilation; l’automutilation est un symptôme, l’ennemi c’est la souffrance. C’est la souffrance qu’il faut gérer, la souffrance qu’il faut surveiller, la souffrance avec qui il faut dialoguer. Certains parents, amis, ou conjoints, pensent bien faire en surveillant les blessures, les plaies; certains même vont jusqu’à imposer des inspections systématiques du corps de la personne souffrante ou cacher tous les couteaux de la maison. C’est passer à côté du problème. C’est tenter de combattre l’automutilation en négligeant la souffrance. Oui, les blessures sont un moyen malsain de gérer sa douleur, et mauvais médicalement parlant. Mais surveiller ainsi les blessures met trop d’emphase sur le physique, et néglige le mental. Et même si vous ne trouviez plus de blessures sur votre proche, ça ne signifierait pas nécessairement que la personne va mieux. Dans la plupart des cas, ça signifie juste de l’énergie usée à trouver de nouvelles méthodes plus discrètes pour se faire mal. Le chantage affectif, faire promettre à l’autre de ne plus se blesser, ou le menacer de punitions s’il le faut, est inefficace pour les mêmes raisons.
Ce qu’il faut, c’est l’aider à apprendre à gérer autrement, et essayer de faire en sorte qu’il ait moins à gérer.

Communiquer

Un grand nombre de personnes qui s’automutilent ont de la difficulté à communiquer, en particulier leurs émotions. Quelque chose qui vous pouvez essayer est donc de rétablir ou d’améliorer les voies de communication. Parlez à votre proche, demandez lui comment il se sent, comment se passe sa vie, et soyez attentif à ses réponses. Il est possible qu’il soit réticent à parler, prenez-le à son rythme, essayez d’instaurer un climat de confiance, peu à peu. Une communication saine se fait dans les deux directions, donc n’hésitez pas à vous-même parler, dire ce que vous ressentez, ce qui compte ou a compté pour vous. Partagez vos émotions plutôt que de les cacher. La façon dont vous gérez vos propres émotions sera une sorte de modèle pour votre proche sur comment gérer les siennes.
En termes de communication, un outil possible que vous pouvez utiliser est l’écoute active. L’écoute active se base sur une écoute attentive de l’autre, sans le juger, sans le conseiller, sans donner son avis, juste l’écouter pour comprendre ce qu’il vit et ressent. Cette méthode a ses limites et ne doit pas être utilisée en permanence, puisque la communication ne s’y fait que dans un sens. Néanmoins, si vous décidez de consacrer un temps à écouter l’autre, si l’autre a besoin de simplement parler, c’est un outil très utile pour le faire.

Se remettre en question

parents aider L’environnement dans lequel évolue une personne a un grand impact sur comment cette personne se sent. En ce sens, les proches et en particulier la famille de quelqu’un qui s’automutile ont un grand impact sur comment il se sent et comment il gère ses émotions. Si vous venez lire ceci, vous vous souciez probablement beaucoup de cette personne, mais même quelqu’un de bien intentionné peut faire des erreurs et faire souffrir. Posez-vous les questions suivantes : Est-ce que je lui laisse la place d’être lui-même ? Sans l’écraser, sans le contrôler, sans le sur-materner, sans le surprotéger ? Est-ce que je minimise sa douleur quand il m’en parle ? Est-ce que je fais l’effort de parler avec lui ? Est-ce que je soutiens ses choix, ou est-ce que je les juge ? Est-ce que je fais l’effort de lui parler et de l’écouter ? Est-ce que l’environnement que je crée est un environnement sain, ou un environnement rempli de stress, de cris, de violence, de douleur ? Est-ce que je lui mets de la pression (études, sexualité, maternité, performance) ? A-t’il le temps de vivre sans devoir constamment s’occuper de moi ou des corvées ménagères ? A-t’il accès à des moments de vraie intimité ? Du temps où il peut se ressourcer ?
Il est possible que vous fassiez effectivement déjà ce qu’il faut. Le but ici n’est en aucun de vous accuser mais simplement d’essayer de vous faire voir des choses que peut-être vous ne voyez pas vous-même, que ce soit par votre éducation, votre tempérament ou votre rythme de vie. Réalisez aussi que ce qui peut vous paraître normal et supportable est peut-être très difficile à vivre pour votre proche. Finalement, la façon dont vous interagissez avec votre lui peut être très bonne en temps normal, mais simplement ne pas être adapté en temps de crise. Adaptez votre approche à la situation.

Soutenir, être là, aimer

1422276_45008904 Ce conseil peut paraître extrêmement niais, ou simpliste, mais soutenir et aimer une personne qui se blesse est quelque chose de précieux et de fondamental. Même si vous ratiez tout le reste, lui faire sentir et faire comprendre que vous l’aimez est un atout considérable. Les causes de l’automutilation sont variées mais incluent souvent de la peur, de la colère, ou une faible estime de soi. Pour tout ça, le soutien d’un proche peut aider. Avoir un endroit où on se sent à l’abri, avoir une personne à qui on peut parler sans qu’elle nous juge, savoir qu’on sera accepté malgré nos erreurs, tout ça est fondamental.
Faites sentir à votre proche que vous l’acceptez, et dites-lui qu’il a le droit. Le droit d’être triste, le droit de pleurer, le droit d’avoir peur, le droit d’être en colère, le droit de ne pas savoir ce qu’il ressent; le droit de parler, le droit de ne pas parler. Vous n’avez pas à tout accepter de lui (vous ne devez pas accepter la violence notamment), mais faites lui sentir que vous l’aimez même si vous désapprouvez certaines choses qu’il fait, que vous êtes là et serez là quoiqu’il se passe. Là pour écouter, là pour réconforter, là pour pardonner s’il présente des excuses. Montrez-lui que vous acceptez que son humeur soit chaotique, que vous pouvez essayer de le rendre joyeux parfois, mais que vous acceptez qu’il soit triste. De même, acceptez les moments où lui sera joyeux, sans lui faire sentir qu’il devrait être triste et en train de régler ses problèmes.
Essayez également  d’être disponible pour votre proche, et dites-le lui quand vous l’êtes. Dites-lui que s’il va mal il peut vous en parler, dites-lui que s’il a besoin vous pouvez vous rencontrer, qu’il peut rester avec vous ou que vous pouvez rester avec lui. Proposez-lui également de l’accompagner dans certaines situations difficiles, par exemple l’accompagner chez un médecin ou un psychologue. Il est fort possible qu’il ait des problèmes d’estime de soi, donc n’hésitez pas à lui rappeler que vous êtes là, que c’est de votre plein gré, et qu’il n’a pas à se sentir coupable de ça. En contrepartie, il est important que vous soyez vous-mêmes honnête concernant vos limites.

Prendre soin de vous

Finalement, afin d’aider au mieux, vous devez d’abord prendre soin de vous-même. Plus vous prendrez soin de vous, plus vous aurez de force et serez apte à aider. À l’inverse, vous négliger revient à priver votre proche d’un partenaire précieux pour lutter contre son automutilation. Prenez donc le temps de lire sur comment vous pouvez prendre soin de vous en tant que proche en général, et ensuite plus spécifiquement comment prendre soin de vous en tant que parent, comment prendre soin de vous en tant qu’ami, ou comment prendre soin de vous en tant que partenaire amoureux.

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