L’automutilation dans le DSM5

Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (en anglais Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, abrégé en DSM), est un ouvrage publié par la Société Américaine de Psychiatrie pour classifier les troubles mentaux.

L’automutilation y a été intégrée en mai 2013 lors de la publication du DSM5. L’automutilation, désignée comme Nonsuicidal Self-Injury, n’y est pas considérée comme un trouble à part entière mais placée dans la catégorie des sujets devant être étudiés plus précisément.

Bien que le DSM ne soit pas utilisé dans tous les pays francophones et que le DSM5 ne soit à ce jour pas traduit, on peut supposer qu’il permettra aux futures études de se baser sur une définition commune, ce qui n’existait pas encore.

Nous vous proposons ici une traduction des critères diagnostics.

Automutilation Non Suicidaire

Critères proposés

A. Pendant l’année précédente, l’individu a eu, sur 5 jours ou plus, des comportements intentionnels endommageant la surface de son corps de manière à provoquer des saignements, des hématomes, ou de la douleur (par exemple : coupures, brûlures, coups, frottements excessifs), avec l’intention de ne provoquer qu’une blessure physique mineure ou modérée (pas d’intention suicidaire).
Note : L’absence d’intention suicidaire a soit été énoncée par l’individu, soit peut être présumée par les engagements répétés de l’individu dans un comportement dont l’individu sait, ou à appris, qu’il ne devrait pas mener au décès.

B. L’individu pratique le comportement d’automutilation avec une ou plusieurs des attentes suivantes :
1. Pour obtenir du soulagement d’un sentiment négatif ou d’un état cognitif.
2. Pour résoudre une difficulté interpersonnelle.
3. Pour provoquer un état de ressenti positif.
Note : Le soulagement, ou la conséquence, attendu est ressenti pendant ou peu après la blessure, et l’individu peut montrer des signes comportementaux suggérant une dépendance au fait de recommencer régulièrement.

C. L’automutilation intentionnelle est associée avec au moins un des critères suivants :
1. Difficultés interpersonnelles, ou sentiments ou pensées négatifs, tels que dépression, anxiété, tension, colère, détresse généralisée, sentiment de culpabilité, survenant dans une période précédant immédiatement l’acte d’automutilation.
2. Avant de s’engager dans l’acte, une période de préoccupation difficile à contrôler au sujet du comportement prévu.
3. Des pensées fréquentes au sujet de l’automutilation, même sans passage à l’acte.

D. Le comportement n’est pas socialement significatif (par exemple : piercing corporel, tatouage, rituel culturel ou religieux) et n’est pas restreint à arracher une croûte ou à se ronger les ongles.

E. Le comportement ou ses conséquences provoque une détresse ou une interférence cliniquement significative dans des domaines interpersonnel, académique, ou d’autres domaines de fonctionnements importants.

F. Le comportement ne survient pas exclusivement pendant des épisodes psychotiques, délirants, une intoxication, ou un sevrage. Chez les individus présentant un désordre neurodéveloppemental, le comportement ne fait pas partie d’un ensemble de stéréotypies répétitives. Le comportement n’est pas mieux expliqué par un autre trouble mental ou condition médicale (par exemple : trouble psychotique, trouble du spectre autistique, handicap intellectuel, syndrome de Lesch-Nyhan, trouble de mouvement stéréotypé avec automutilation, trichotillomanie [s’arracher les poils et les cheveux], trouble d’excoriation [s’écorcher]).

Caractéristiques diagnostiques

La caractéristique essentielle de l’automutilation non suicidaire est que l’individu s’inflige de manière répétée des blessures de surface, superficielles bien que douloureuses. Plus communément, l’intention est de réduire des émotions négatives, telles que tension, anxiété, et sentiment de culpabilité, et/ou de résoudre une difficulté interpersonnelle. Dans certains cas, la blessure est perçue comme une punition méritée. L’individu rapporte souvent une sensation immédiate de soulagement au cours de l’acte. Quand le comportement survient fréquemment, il peut être associé à une impression d’urgence et de besoin, le schéma comportemental résultant ressemblant alors à une addiction.
(…)

Parmi les ajouts importants, on note particulièrement la notion de fréquence. En effet, les études passées sur le sujet utilisent souvent des critères très variables : parfois une seule blessure est requise pour rentrer dans les statistiques sur l’automutilation. Une blessure ponctuelle ne relève donc pas de l’automutilation non suicidaire. La durée depuis laquelle aucune blessure n’a été pratiquée permet autant de limiter le nombre de personnes considérées comme s’automutilant, que de prévoir un seuil de guérison.

Les critères de blessures en eux-mêmes excluent clairement le suicide et les tentatives de suicide, mais également les atteintes par ingestion de substances ou d’objets, et d’autres comportement à risque pour lesquels la question de l’inclusion dans l’automutilation n’était pas claire.

Enfin, l’essentiel pour définir l’acte est bien au niveau du ressenti : les sentiments qui mènent à la blessure, et le soulagement causé par celle-ci. En cela, cette définition de l’automutilation confirme que ce n’est pas l’acte qui importe mais bien le contexte et l’intention.

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